En plein débat sur les conséquences possibles de la production à grande échelle de biocarburants, des experts internationaux se réunissent depuis hier au siège de la FAO pour examiner l'état actuel des connaissances et proposer une feuille de route pour l'avenir. Les experts représentant différents pays, ainsi que des spécialistes de l'énergie, du climat et de l'environnement de la FAO et d'autres organismes, évaluent le potentiel global des bioénergies et les effets possibles de ce secteur à forte croissance sur la sécurité alimentaire. "La bioénergie détient un potentiel formidable pour les agriculteurs, en particulier ceux du monde en développement", indique dans un communiqué Gustavo Best, Coordonnateur principal pour l'énergie à la FAO. "La bioénergie n'est pas sans danger, et nous devons en faire état clairement", a-t-il dit. On craint pour la biodiversité car les biocarburants, actuellement fabriqués à partir de matières premières comme la canne à sucre, l'huile de palme et le maïs, sont appelés à remplacer les énergies fossiles, promettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en créant de nouveaux emplois et infrastructures dans les zones rurales. Mais selon leurs détracteurs, ils pourraient causer des dégâts à l'environnement et des pertes de biodiversité, avec le défrichage de vastes superficies pour les monocultures. Les opposants mettent en cause également l'opportunité de convertir des cultures vivrières destinées à la consommation humaine ou animale pour la production de carburants pour les véhicules. Les experts réunis à la FAO doivent évaluer le potentiel des biocarburants et identifier les moyens de les produire de manière durable et respectueuse de l'environnement et de la sécurité alimentaire. On s'attend à ce qu'ils émettent une série de recommandations à la clôture aujourd'hui de leur réunion. Il faut dire par ailleurs qu'aujourd'hui l'agriculture est en passe de relever de grands défis. Elle doit évoluer pour répondre aux enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux de demain. A souligner, à ce propos, qu'à l'occasion de sa 20e session qui se tiendra du 25 au 28 du mois courant, le comité de l'agriculture de la FAO rappelle le rôle essentiel que jouera l'agriculture dans la résolution des grands défis climatiques, énergétiques et environnementaux. Consulté périodiquement à travers la réalisation d'études et d'évaluations des problèmes agricoles et nutritionnels, le comité de l'agriculture de la FAO se réunit globalement tous les deux ans. Cette année, le comité souhaite rappeler le rôle essentiel que jouera l'agriculture dans la résolution des grands défis climatiques, énergétiques et environnementaux de demain. Dans un rapport préparatoire à la réunion, le Comité analyse la protection de l'environnement mondial selon une perspective agricole. Il décrit plus spécifiquement les trois facteurs importants pour la sécurité alimentaire que sont la diversité biologique, les changements climatiques et les bioénergies et leur relation étroite avec les économies agricoles. En effet, le comité rappelle que l'agriculture est le premier bénéficiaire de la biodiversité : la diversité biologique agricole, forestière et halieutique sous-tend la production de denrées alimentaires, de combustibles et de fibres ainsi que toute une gamme de services écologiques. Mais il reconnaît que les stratégies imprévoyantes d'intensification et d'expansion agricole ont mis les ressources naturelles en péril. Des choix malavisés ont conduit à la destruction de la diversité biologique et des habitats, favorisé la pollution par les pesticides, accéléré la disparition de services environnementaux productifs et d'espèces sauvages et réduit les ressources génétiques agricoles pour l'avenir. L'augmentation escomptée de 50% de la population mondiale au cours des 50 prochaines années signifie que les productions agricoles devront augmenter. C'est pourquoi selon le comité, il est à la fois nécessaire et salutaire de gérer la diversité biologique dans le sens d'une adaptation afin de promouvoir une intensification durable de la productivité agricole, tout en conservant un volume adéquat de biodiversité naturelle et cultivée.