Par Mohamed KHIATI, Agronome (*) Le 1er octobre 2010, le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, célèbre la 17ème édition de la Journée Nationale de la Vulgarisation Agricole sous le thème : " Le Renouveau Agricole et Rural : le construire aujourd'hui pour le vivre demain ". Cette manifestation à caractère national, que le secteur agricole organise annuellement, se tiendra quelques jours avant la célébration par l'Algérie, le 16 octobre 2010, de la Journée Mondiale de l'Alimentation, sous le thème retenu par la FAO : " Unis Contre la Faim". La Journée de la vulgarisation qui ,constitue un espace de communication et d'échange d'expériences en matière de développement agricole et d'activités rurales, coïncide, cette année avec une phase où l'agriculture algérienne enregistre un tournant décisif pour sa modernisation, dans la mesure où l'occasion verra également le démarrage d'un autre vaste chantier-programme d'investissement en l'homme, principal artisan du développement, dénommé pour les peu initiés : " Le Programme de Renforcement des Capacités Humaines et d'Assistance Technique, le PRCHAT " Pour l'histoire, la Journée Nationale de la vulgarisation Agricole, institutionnalisée depuis 1994, est devenue une tradition, célébrée le 1er octobre de chaque année et ce n'est pas fortuit de choisir cette date car elle coïncide avec le lancement de la campagne annuelle agricole. Cela étant, disons dans le sillage de cet évènement consacré à la vulgarisation, pour aborder la réflexion en la matière, en vue de décrire les tendances de son évolution dans le contexte actuel, que les sociétés rurales doivent aujourd'hui s'adapter à un monde en évolution rapide et s'insérer dans des circuits économiques complexes tant en poursuivant leurs efforts pour assurer leur sécurité alimentaire, gérer et protéger les ressources et leurs territoires qu'améliorer leurs conditions de vie, de santé, d'éducation et valoriser et conserver leurs patrimoines culturels : matériels et immatériels. Pour relever ce défi, la communication pour le développement en zones rurales constitue un facteur stratégique. Les communautés rurales doivent disposer d'instruments appropriés qui leur permettent d'accéder aux informations et aux savoirs utiles, d'entretenir un débat entre eux et avec leurs partenaires, d'échanger leurs expériences, leurs savoirs, leurs techniques et leurs pratiques. Le Programme PRCHAT, initié par le ministère de l'Agriculture et du Développement s'inscrit, entre autre, en droite ligne dans cette optique de généralisation du savoir , du savoir faire et de la connaissance. La vulgarisation en tant que processus de communication qui du reste, constitue un système mouvant dans les zones rurales, doit s'inscrire dans de nouvelles perspectives en raison d'une part, du mouvement mondial des réformes de la vulgarisation en ce sens que le concept d'hier, attribué à la vulgarisation n'est plus le même aujourd'hui et qui de surcroît, prend une perception de développement et de facilitation que des formes techniciste et d'injection de nouvelles technologies et d'autre part, de la tendance de la conception actuelle de l'appui conseil et ses multiples facettes d'application.. Ce mouvement de réformes a d'ailleurs commencé à la fin du siècle dernier. D'une part, de nouveaux besoins de formation des communautés rurales sont apparus au fur et à mesure que le monde entrait dans une ère de mondialisation, de démocratisation du développement et de libéralisation des initiatives. D'autre part, l'importance accordée au concept de développement intégré, multidisciplinaire, global et durable, constitue un fait majeur d'orientation de la fonction communication et vulgarisation. Ces évolutions déterminent de nouveaux besoins en matière d'apprentissage, de maîtrise des processus managériaux à travers de nouvelles approches, de méthodes et d'outils d'aide à la décision pour lesquels, la vulgarisation l'assistance technique et l'appui conseil deviennent une nécessité de première importance, dans la mesure où il est établi universellement que la réussite de toute politique agricole et rurale est liée à : (1) un dispositif réglementaire, juridique financier et de soutien économique efficient et (2) à un système de communication et de vulgarisation destiné aux populations rurales puissant. Aussi, la problématique qui se pose aujourd'hui est telle que les nouvelles mutations qu'a connues le monde agricole et rural, induisent une nouvelle perception de la vulgarisation et une orientation du mode d'intervention dans l'approche de vulgarisation, d'assistance technique et de l'appui conseil. Ces nouvelles donnes constituent des éléments de réflexion sur l'orientation à donner à la vulgarisation en tant que processus de communication. Il s'agit de savoir quels sont les principes, les approches, les méthodes et les outils pour une formulation efficiente d'une politique de vulgarisation adaptée et adaptable, tout en se fiant à cette idée que toute politique est élastique et que la vulgarisation doit suivre l'élasticité de la politique agricole dans le temps et dans l'espace. La vulgarisation agricole : l'ère de changement Ici, arrêtons nous un laps de temps pour dire qu'à l'échelle mondiale la dernière étude effectuée par la FAO sous la Direction du professeur B.E Swanson, sur les systèmes de vulgarisation remonte à plus de décennies. Depuis, beaucoup de changements sont apparus dans les systèmes de vulgarisation partout dans le monde, se traduisant par une tendance progressive vers la privatisation, la décentralisation et la commercialisation des services, par un recentrage dans le contenu et la méthodologie d'intervention des systèmes de vulgarisation, et une meilleure participation des organisations des producteurs. En dépit de l'importance et de l'ampleur des changements, il n'existe pas, à l'heure actuelle, une documentation globale complète sur l'état actuel des systèmes de vulgarisation dans le monde. Aussi, l'actualisation des données, à ce propos, aidera à comprendre les besoins pour l'assistance technique et pour les investissements dans des systèmes de vulgarisation afin de les transformer et les renforcer davantage pour atteindre les objectifs escomptés. Il existe actuellement un besoin énorme de mobiliser les services de vulgarisation agricole en faveur de la sécurité alimentaire et atteindre une grande variété d'objectifs de développement agricole et rural. Des efforts sont aujourd'hui indispensables pour améliorer l'accès aux nouvelles technologies et les connaissances sur ces dernières, d'assurer que les agriculteurs, les exploitants agricoles en général, et d'autres activités des filières seront en mesure de travailler dans un environnement où les marchés évoluent, afin de permettre aux exploitants de comprendre les nouveaux défis, de soutenir les communautés rurales pour une gestion plus efficace de leur ressources naturelles et les d'aider à exploiter de façon optimale les ressources disponibles en vue de satisfaire les exigences alimentaires de leurs familles à l'échelle et qui se répercute sur la sécurité alimentaire globale, c'est-à-dire de la nation toute entière . La tendance actuelle est qu'on devient, à l'échelle planétaire, de plus en plus conscient, qu'un nombre important de réformes requises dans les domaines du développement agricole et rural et de la sécurité alimentaire ne seront efficaces que si des institutions de vulgarisation, de conseil, d'appui et d'assistance solides et efficients soient en mesure de fournir la base de soutien nécessaire pour que les populations rurales aient accès aux marchés, aux savoirs, aux informations et aux technologies et influencent les politiques qui affectent positivement leur vie. Aujourd'hui, la vulgarisation à travers le monde, et en Algérie également, commence à faire partie de l'agenda des nouveaux cadresinstitutionnels. Cependant, pour la définition de son rôle dans les structures, il faut se fier à cette idée que, seule, la vulgarisation n'est pas une solution, mais une mesure pour trouver les solutions. En raison de la nature complexe des fonctions, des tâches et des rôles de la vulgarisation dans le cadre des systèmes agroalimentaires et de gestion des ressources naturelles, une perspective plus intégrée et requise pour assurer à la vulgarisation son rôle de facilitation et sur comment la vulgarisation s'associe avec les nouveaux investissements dans le domaine de la recherche et dans d'autres services ruraux, avec les nouveaux types de programmation participative dans laquelle, les exploitants agricoles sont les plus concernés . Il faut par ailleurs, souligner que, la réforme de la vulgarisation a été longtemps entravée par des idées désuètes qui considéraient la vulgarisation comme une voie passive du transfert des technologies allant de la recherche aux agriculteurs. La faiblesse des liens avec la recherche a fait en sorte que, même s'il était souhaitable, ce rôle de transfert de technologies à sens unique n'est pas viable. Une nouvelle relation avec la recherche agricole commence à se dessiner, même si les contours de ce nouveau système ne sont pas bien définis. L'exemple de ce lien semble s'instaurer graduellement, à travers Le Comité de Coordination de la Recherche Agronomique et Forestière et d'Assistance Technique, dénommé CCRAFAT, que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a institué dans une optique de coordination du système de connaissance agronomique dont la vulgarisation, la recherche, la formation et les utilisateurs en constituent des sous systèmes. Dans le cadre de ces nouveaux système, quel que soit le travail de vulgarisation et de communication en milieu rural, il fait partie d'un processus de développement et ne peut être, de ce fait, considéré comme une activité isolée mais insérée dans le cadre d'une stratégie de promotion des zones rurales. La vulgarisation agricole est de nos jours une activité courante dans la plupart des pays et elle constitue une pièce maîtresse des programmes et des projets ayant pour but la modernisation des campagnes. Elle a été utilisée assez fréquemment par les institutions de tout genre : institutions politiques, organismes nationaux et internationaux concernés par la problématique du développement rural en général et de la production agricole en particulier. La nécessité de la vulgarisations dans le développement agricole n'est plus à démontrer, bien que, disons le sans précaution oratoire, que la notion de vulgarisation, tout le monde la pratique et tout le monde la critique, dans la mesure où on arrive peu à mesurer son impact. Cependant la mise place d'un système de vulgarisation opérationnel doit répondre aux aspirations, aux préoccupations et attentes des différents intervenants dans l'acte agricole à savoirs les pouvoirs publics et les organisations professionnelles. Leurs missions et leurs rôles doivent être définis de façon précise. En Algérie, le passage d'une économie planifiée à une économie de marché et ses corollaires en termes de responsabilité de libéralisation, d'autonomie, d'efficacité devait induire une réorganisation du secteur public agricole en entités de statuts, issues de la restructuration des domaines agricoles socialistes. Corrélativement, 'est apparu dans le secteur depuis le début des années 1990, un tissu énorme constitué d'associations agricoles, d'entreprises agroalimentaires et divers partenaires oeuvrant dans les domaines de la vulgarisation, de l'appui et de l'assistance à la production à travers la fourniture d'offres et de services.