Par Mohamed KHIATI, Agronome (*) Il y a quelques années, un courant de pensée tend à s'affirmer davantage, liant le développement et le progrès à la formation, à l'essor de l'information et de la communication, aboutissant en fin de compte à définir le concept de l'économie de la connaissance, autrement dit le savoir et la connaissance deviennent, à juste titre, des éléments cruciaux à toute entreprise de développement, de progrès et de promotion. Ce n'est plus de la démonstration spécialisée mais le langage de bon sens de dire que sans le savoir, le savoir-faire toute entreprise est vouée à l'échec. Ce serait du tâtonnement, à forte raison lorsqu'il s'agit de conduire des activités à caractère souvent aléatoire, de la branche agricole. Aujourd'hui, il est formellement établi une interdépendance entre la formation, l'information et son vecteur : la communication et le progrès réalisé. G. Edouard Schuh, l'économiste américain, fait remarquer, voila des années, que : " l'accroissement de la production des années 20 au milieu des années 70 (du siècle dernier), s'est accompli sans que soit augmenté notre capital de ressources physiques. Il est entièrement dû à des améliorations de la productivité dont la plupart sont imputables à un savoir nouveau ou aux progrès de l'information (surtout). Cela montre clairement à quel point la ressource que constitue la connaissance est propre à favoriser le rendement ". Depuis quelques années, les méthodes de développement rural ont subi des changements profonds liés au fait que de nombreuses initiatives n'ont pas donné les résultats escomptés. Il a fallu reconnaître qu'on avait trop misé sur le transfert de technologies et qu'en outre on avait tendance à simplifier d'une manière exagérée les problèmes de développement et à négliger les aspects socioculturels des paysans. L'attention s'est donc graduellement déplacée vers des approches visant à faire participer davantage les populations rurales à la planification et à la mise en œuvre des activités de développement destinées à les assister. On attache désormais, une importance croissante au rôle crucial que jouent la formation et la communication dans les activités de ce contexte, de même que dans celui de la recherche de méthodes plus susceptibles d'aider les communautés rurales à améliorer leurs connaissances et leurs aptitudes, moyennant l'échange d'informations à tous les niveaux entre les individus engagés dans une intervention de développement. Dès lors, les dimensions formation et communication paraissent fondamentales, dans la mesure où elles facilitent la compréhension des artisans du processus de développement et tendent à favoriser leur pleine participation à ce processus. La formation construit la rationalité, la communication privilégie la prise de responsabilité des populations. Il est ainsi pratiquement impossible de gérer le développement au quotidien sans une bonne formation et une bonne communication qui la soutient entre les différents acteurs. C'est dans ce contexte que les institutions tant étatiques que privées ont adopté des systèmes de formation et de communication répondant aux exigences de leur clientèle à tous les niveaux. En Algérie, la branche agriculture et développement rural, vient de marquer un tournant décisif, relayé par la nouvelle politique du Renouveau Agricole et Rural dont les objectifs sous-tendent l'atteinte de la sécurité alimentaire et la satisfaction des besoins vitaux de la population. Ici, il n'est pas nécessaire de démontrer le rôle de la formation, de l'information et de la communication dans cette branche d'importance capitale, mais néanmoins, des besoins en la matière se font aujourd'hui sentir. La Politique du Renouveau Agricole et Rural engagée par le ministère en 2008, s'inscrivant en droite ligne dans le programme du président de la République, procède d'une méthodologie qui, tout en accordant un rôle majeur à la consultation et à la concertation permanente, privilégie la mise en place de cadres et de systèmes d'intervention caractérisés par la rationalité, la rigueur et la transparence. Pour rappel, aux peu initiés et à la lumière des orientations formulées par le président de la République au cours de multiples occasions et notamment lors de la conférence nationale sur l'agriculture, tenue en février 2008, à Biskra, un recentrage sur la politique agricole et rurale s'est opéré, fondé sur un consensus cristallisé sur la politique de développement économique et social de notre pays et au regard des besoins alimentaires croissants de notre société, dont les effets immédiats, à moyen et long termes nous permettent d'atteindre notre sécurité alimentaire. Aussi, un double impératif a servi de fondement à la politique de Renouveau agricole et rural et structurer ses actions : le premier est de mettre le secteur de l'agriculture en position de relever efficacement deux défis majeurs : jouer le rôle de véritable moteur de la croissance et contribuer à l'amélioration significative de la sécurité alimentaire du pays, devenue un enjeu de sécurité nationale ; le deuxième est de mettre le développement rural, en tant que politique intégrée et multisectorielle, en situation de promouvoir un développement soutenu, durable et équilibré des territoires ruraux et d'améliorer sensiblement les conditions de vie des populations rurales. La consécration, de l'agriculture et du développement rural comme secteur stratégique de l'économie nationale, et comme secteur prioritaire pour le pays , confère au Renouveau agricole et rural, la profondeur stratégique qui lui manquait et lui donner les attributs d'un véritable projet national. L'allocation annuelle de 200 milliards de dinars, pour les cinq années à venir, constitue le levier puissant qui lui permettra de passer de l'ambition affichée à la politique exécutée. Il s'agit là, disons le sans précaution oratoire aucune, d'une avancée considérable dans la prise en charge du secteur puisqu'il est mis fin ainsi à une longue période d'hésitation et d'incertitudes qui s'est caractérisée par le passé, par une série d'actions perçues en tant que réactions conjoncturelles et sporadiques qu'à des initiatives procédant d'une vision stratégique et s'inscrivant dans la durée. La politique du renouveau agricole et rural, ainsi adoptée, se compose de trois dimensions complémentaires et interdépendantes : - la première est d'une dimension économique, ou Renouveau agricole, dont l'objectif principal est la modernisation du secteur, l'utilisation rationnelle de nos potentialités agricoles, l'intensification des productions des produits de large consommation ainsi que la mise en synergie des actions et la mutualisation des moyens mobilisés par les acteurs dans une approche filière. - la seconde, a une dimension territoriale, ou Renouveau rural, dont l'objectif est l'amélioration des conditions de vie des populations ainsi que la protection et la valorisation des ressources naturelles, qui se concrétisera par une démarche participative et ascendante des projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI). Construits autour de quatre thèmes fédérateurs, ces projets permettront la mise en œuvre des cinq programmes complémentaires ; - la troisième a une dimension sociale, qui tient à la fois du Renouveau agricole et du Renouveau rural et qui, outre les impacts de ces derniers en termes de stabilisation des populations rurales, de renforcement des emplois existants ou de création d'emplois nouveaux à créer et consolider à travers les programmes du renouveau rural et du renouveau agricole, renvoie aux effets des activités agricoles et de développement rural sur les secteurs de l'agro-industrie nationale, l'agrofournitures et les industries agroalimentaires et les services (transport et réseaux de distribution). Les fondements politiques et la dimension stratégique ainsi définis, la visibilité nécessaire obtenue, la feuille de route tracée et les moyens financiers alloués, la politique du Renouveau agricole et rural a connu une mise en œuvre depuis le début de l'année 2009, et dont les résultats ont été plus que satisfaisants et encourageant, à la fois, devront inéluctablement s'accroît, la campagne suivante, à la lumière des efforts consentis. Ainsi, la mise en œuvre des divers programmes de ladite politique fait appel à une approche d'accompagnement et d'assistance technique aux divers acteurs engagés dans le processus de développement dont la trilogie formation-éducation, communication et vulgarisation en constituent des ingrédients et des instruments moteurs. Elles s'inscrivent dans le cadre du programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique que le ministère. Le PRCHAT : investir en l'homme et appuyer les innovations paysannes Le Programme de Renforcement des Capacités Humaines et d'Appui Technique en tant qu'instrument de soutien aux programmes de la politique du renouveau agricole et rural devra s'intéresser fortement à la résolution des problèmes d'ordre méthodologique d'application du savoir et du savoir faire dont l'accent est mis sur la planification participative des bénéficiaires des programmes de développement, des actions et des projets, la formation intensive de l'encadrement du secteur, l'élaboration de supports multimédia, et sur les procédures de gestion et du suivi évaluation des actions entreprises à tous les niveaux, et, surtout sur l'atteinte des populations cibles à travers des approches et des méthodes d'intervention appropriées. L'objectif sur lequel est focalisé la démarche d'intervention du PRCHAT découle des objectifs de la politique de renouveau agricole et rural et fera valoir le savoir et le savoir- faire comme mode de conduite des actions de développement agricole et rural. La mise en œuvre du programme PRCHAT que devra lancer le ministère de l'agriculture et du développement rural, à partir du 1er octobre 2010, correspondant à la célébration de la 17ème édition de la Journée Nationale de la Vulgarisation Agricole, en terme de formation, d'information, de communication et de vulgarisation pour la mise en œuvre des divers programmes de la politique du renouveau agricole et rural, est basée sur l'utilisation des ressources et des compétences existantes qui devront conduire les multiples actions en appui aux exploitants agricoles, se nourrissant de leurs besoins et attentes, mais également basée sur leur participation selon une logique d'approche "participative ". Elle devra mobiliser l'ensemble des cadres relevant du secteur et autres experts, consultants, superviseurs et spécialistes, à s'engager dans l'exécution des programmes permettant de parfaire les connaissances et le savoir au niveau de méthodologique d'intervention pour la modernisation du secteur agricole. La logique d'accompagnement et d'assistance technique à travers le PRCHAT qui, de surcroît devrait être de pleine mesure pour l'instauration du progrès agricole, les années à venir, s'articulent autour de : - L'amélioration du savoir et du savoir-faire de l'encadrement de l'acte de développement et des bénéficiaires des programmes de développement ; - Le développement des capacités, des aptitudes et des pratiques de l'encadrement et des bénéficiaires ; - Renforcement des liens entres institutions d'encadrement en favorisant l'application du savoir et du savoir-faire, sur le terrain. Enfin, le Programme de Renforcement des Capacités Humaines et d'Assistance Technique est donc, rappelons le, perçu comme un processus de développement de connaissances, du savoir et du savoir-faire à tous les niveaux et ce en vue de développer les capacités, les aptitudes et les pratiques tant de l'encadrement que des exploitants agricoles et des bénéficiaires des projets de développement agricole et rural. Il s'agit en fait, de favoriser l'introduction des innovations, les appuyer et les promouvoir pour provoquer une transformation du milieu rural, ce qui amène à favoriser le phénomène de motivation (vouloir), partager les connaissances (savoir) et enfin, aider à développer les capacités (savoir- faire). Voilà en gros, à titre de vulgarisation, certains des principes parmi d'autres du programme de renforcement des capacités humaines que lance le Ministère de l'Agriculture et du développement rural, dans l'optique de favoriser le progrès et la modernisation du secteur agricole tout en sachant que la formation, l'information et la communication demeurent aujourd'hui, les principaux instruments et les leviers du progrès et de la modernisation. (*) Spécialisé en vulgarisation et communication SCHUH. G.E- l'information : un bien de consommation (in dialogue n° 60-1983. L'auteur est ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'OTAN.