Le ralentissement de la reprise économique mondiale va probablement se prolonger jusqu'au début 2011 et la croissance devrait être inférieure aux prévisions du FMI au deuxième semestre 2010, a déclaré un responsable de l'institution internationale. "La croissance mondiale va probablement être quelque peu inférieure au taux de 3,7% en rythme annuel que nous anticipions jusqu'ici pour le deuxième semestre de cette année", a déclaré lundi John Lipsky, premier directeur adjoint du Fonds monétaire international devant le Depository Trust and Clearance Corporation Executive Forum. La croissance de l'économie mondiale s'est établie à 4,7% au premier semestre, a précisé John Lipsky dans un discours publié mardi. Lipsky, a également affirmé que le fort endettement des Etats et le mauvais état du système financier menaçaient toujours la croissance de l'économie mondiale. "Personne ne sera surpris par le fait que notre prévision centrale table sur la poursuite d'une reprise mondiale à un rythme modéré", a affirmé M. Lipsky, premier directeur général adjoint du FMI, lors d'un discours devant la plus grande chambre de compensation américaine (Depository Trust and Clearance Corporation), dont le texte a été transmis à la presse à Washington. "Même si nous prévoyons que ce ralentissement sera provisoire, les risques que les prévisions soient trop optimistes pour les économies développées sont évidents", a-t-il poursuivi. "Ils incluent le risque de voir les marchés de la dette publique connaître de nouvelles tensions, ce qui pourrait entraîner un nouveau cycle où les institutions financières seraient mises sous pression. Dans ce cas, ces tensions financières pourraient une fois encore avoir des conséquences sur l'économie réelle", a-t-il expliqué. "Une faiblesse supplémentaire sur les marchés immobiliers pourrait avoir des répercussions semblables, en particulier si l'on prend en compte le processus inachevé de réduction de l'endettement, toujours en cours dans beaucoup d'économies, à la fois pour les particuliers et les entreprises", a-t-il ajouté. Dans une note distribuée aux pays du G20 au début du mois, le FMI avait relevé que le risque des dettes d'Etat concernait plutôt l'Europe, et celui de l'immobilier plutôt les Etats-Unis. Pour sa part, le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, s'est montré optimiste vis-à-vis de la reprise économique mondiale en dépit du relatif essoufflement qu'elle connait actuellement dans les pays riches, et ajouté qu'une rechute était peu probable. "Le risque d'une récession en W n'est pas très élevé", a-t-il ainsi déclaré lors d'une conférence de presse. "La croissance mondiale n'est pas si mauvaise, même si elle est hétérogène et fragile", a-t-il ajouté. D.Strauss-Kahn a toutefois exprimé quelques inquiétudes vis-à-vis du rythme de la restructuration du système financier mondial, de l'essoufflement de la coopération internationale en matière de mise en place d'un programme commun de rééquilibrage économique et du niveau du chômage. "Il sera difficile de dire que la crise est terminée avant que le chômage ne baisse", a-t-il indiqué, ajoutant qu'Europe, la croissance économique limitée ne présageait rien de bon pour l'emploi. Enfin, il a salué les propositions de Bâle III mais déploré le manque de progrès en matière de refonte de la régulation et de gestion des faillites des banques. Il a toutefois écarté tout risque de "guerre des changes", alors que plusieurs pays interviennent sur le marché des changes pour affaiblir leurs monnaie. Mais le patron français du FMI n'a pas caché que cette question lui inspirait des inquiétudes .