Le Fonds monétaire international (FMI) a averti jeudi que l'économie mondiale connaît un ralentissement sensible face à la crise la plus grave sur les marchés financiers arrivés à maturité depuis les années 30, et il a préconisé des mesures énergiques et coordonnées pour éviter un scénario plus défavorable. Selon le dernier rapport du FMI sur les Perspectives de l'économie mondiale, la croissance mondiale se ralentira considérablement pendant la deuxième partie de 2008, avant de se redresser modérément au second trimestre de 2009. Dans les pays avancés, la croissance sera presque nulle jusqu'au milieu de 2009 au moins, alors que dans les pays émergents et les pays en développement, elle tombera à des niveaux bien plus faibles que dans un passé récent. Le rapport table sur une croissance mondiale voisine de 3 % en 2009. "L'économie mondiale connaît un ralentissement sensible après avoir été secouée par deux chocs considérables : une envolée des cours du pétrole et des produits de base, et la crise financière qui se propage", a déclaré Olivier Blanchard, Conseiller économique du FMI et directeur du Département des études de l'institution. "Manifestement, la crise financière s'est aggravée et aucun pays ne sera totalement à l'abri de ses effets sur l'économie réelle. Il est trop tard pour éviter un ralentissement, mais des mesures énergiques et coordonnées peuvent éviter des scénarios encore plus défavorables.Dans de nombreux pays, des plans sont déjà mis en place pour résoudre la crise". Les mesures à prendre sont d'ordre financier et macroéconomique, a noté M. Blanchard. "Si l'incertitude subsiste, nous espérons que ces mesures permettront de contenir la crise et de ramener la confiance sur les marchés. Si la confiance revient, le crédit devrait suivre, même s'il ne reviendra que lentement". A court terme, a déclaré M. Blanchard, des mesures systématiques, de la fourniture de liquidités à l'achat d'actifs en passant par l'injection de capitaux, sont essentielles pour rétablir la stabilité et la confiance sur les marchés financiers, alors que dans de nombreux pays, les politiques monétaires et budgétaires peuvent atténuer les effets d'une baisse de la demande et briser la chaîne de réaction négative entre le secteur financier et l'économie réelle. "Avec de telles mesures en place, il est raisonnable de prévoir que le redressement commencera en 2009 et prendra de l'ampleur en 2010", note-t-il.Selon les Perspectives de l'économie mondiale, la croissance mondiale en glissement annuel ralentira de 5,0 % en 2007 à 3,9 % en 2008, puis à 3,0 % en 2009. Les pays avancés sont proches de la récession et le redressement en 2009 sera exceptionnellement graduel au regard du passé.L'économie américaine ralentit après un deuxième trimestre relativement solide, alors que le soutien de l'impulsion budgétaire décline et que les effets de la crise du crédit s'intensifient, selon le rapport qui table sur une croissance américaine en glissement annuel de 1,6 % en 2008 et de 0,1 % en 2009, contre 2,0 % en 2007. Un redressement du secteur immobilier et une stabilisation des prix du pétrole ouvriraient la voie à un début de reprise en 2009, mais celle-ci devrait être bien plus graduelle que dans la plupart des cycles économiques précédents, car le resserrement du crédit continue de peser lourdement sur la demande intérieure.La plupart des autres pays avancés devraient aussi passer par une période de croissance très lente, ou même de contraction, et le redressement ne serait que modeste en 2009. Selon le rapport, les pays avancés dans leur ensemble enregistreront une croissance en glissement annuel de 1,5 % en 2008, et de 0,5 % en 2009, contre 2,6 % en 2007.Dans les pays émergents et les pays en développement, la croissance continuera de fléchir, selon le rapport, pour s'établir un peu au-dessous de la tendance au deuxième semestre de 2008, à 6,9 % en glissement annuel, contre 8,0 % en 2007. La croissance tombera ensuite à 6,1 % en 2009.Dans les pays avancés, l'inflation devrait être contenue par l'augmentation des capacités disponibles et la stabilisation des cours des produits de base, et pourrait reculer au-dessous de 2 % d'ici la fin de 2009. Dans les pays émergents et les pays en développement, l'inflation devrait rester voisine de 8 % à la fin de 2008, avant de baisser à environ 6 % en 2009."Les pouvoirs publics dans le monde entier font face à une tâche difficile : Ils doivent stabiliser la situation financière tout en gérant prudemment leur économie et d'accélération de l'inflation", a noté Blanchard. Il a ajouté qu'il faut assainir les institutions et les marchés financiers, et renforcer les réactions de l'offre et de la demande sur les marchés de produits de base.