Par Mohamed KHIATI (*) Conforté déjà par l'exécution des programmes du Plan National du Développement Agricole et Rural (PNDAR) engagé en 2000, dont l'objectif fondamental, rappelons le, visait, à terme, l'atteinte de la sécurité alimentaire sous-tendant l'accès des populations aux produits agricoles conventionnellement admis et la couverture des besoins de consommation par la production nationale, le secteur agricole et rural est appelé à s'approfondir les années à venir selon les projections futures et ses implications devraient alors être prometteuses et de pleine mesure sur le niveau de la sécurité alimentaire du pays. Aujourd'hui et dans la tendance de cette progression aussi palpable dans le taux de croissance enregistré (6% en moyenne à partir de 2000) et dans l'extension du potentiel productif en surface agricole et forestière que sur les multiples réalisations en matière d'investissements consentis, de mise en place d'infrastructures agricoles et rurales, de moyens de production, et de projets de proximité, le secteur a connu à partir d'août 2008, un recentrage de son action reposant sur la politique du Renouveau agricole et rural, qui vise de prime abord, " l'amélioration du niveau de sécurité alimentaire en s'appuyant sur la libération des initiatives et des énergies, la modernisation de l'appareil productif et la traduction en termes actuels des potentialités considérables que recèle le pays". Cette nouvelle politique du Renouveau agricole et rurale, rappelons le, s'est fixé, selon le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, comme objectif immédiat : (i), le recentrage des différents dispositifs d'encadrement existants, à la lumière des expériences passées mais aussi, au regard des nouveaux défis à relever et (ii), procède d'une méthodologie qui, tout en accordant un rôle majeur à la consultation et à la concertation permanente, privilégie la mise en place de cadres et de systèmes d'intervention caractérisés par la rationalité, la rigueur et la transparence. Cette opportunité devrait permettre, aux opérateurs concernés de s'organiser, de se professionnaliser, de structurer leurs filières dans des conditions optimales et, partant de là, de contribuer de manière significative et efficiente à la consolidation de notre sécurité alimentaire gage de notre souveraineté nationale. " Ce sera là, d'après le ministère, une contribution essentielle, à un moment où la crise alimentaire mondiale prend une ampleur jamais atteinte et risque de mettre en péril les grands équilibres écologiques, économiques et sociopolitiques de la planète, avec les conséquences parfois tragiques que nous savons". La politique du renouveau agricole et rural, par sa démarche novatrice et par les moyens financiers qu'elle recouvre, constitue le fait majeur d'une politique de relance qui incite en Algérie, tous les acteurs de l'économie agricole, en premier lieu les agriculteurs, les éleveurs, les opérateurs d'amont et d'aval, et en second lieu les institutions de développement publiques ou professionnelles, à mieux répondre aux enjeux de l'économie agricole et rurale, tant au plan économique que social ou encore environnemental collant aux principes de la durabilité. Des résultats palpables et encourageants L'année 2009, considérée comme première année de référence de la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural, marquée certes par des conditions climatiques favorables, à quelques rares exceptions, a été bonne pour l'ensemble du pays, par l'entrée en vigueur de manière progressive des différentes mesures d'encadrement et d'incitation à la production, de la révision du dispositif de soutien et de son recentrage et de décisions présidentielles et également par un discours de mobilisation et de sensibilisation à la prise de conscience collective autour de la sécurité alimentaire, des résultats positifs, voire exceptionnels ont été enregistrés dans la plupart des filières de production. Le taux de croissance par rapport à 2008 en matière de production agricole s'est situé à la fin de 2009 autour de 40 %, sachant que l'année 2007-2008 a été une année sèche et a vu un taux de croissance négatif. Ce taux de croissance est de 30 % supérieur au taux prévu par les contrats de performance pour l'année 2009 (9,87 %). Il est le résultat de la croissance des filières de production ci-après : "les céréales dont la production record était de 61,22 millions de quintaux contre 17 millions de quintaux en 2008, soit une augmentation de 360 % ; "la production des légumes secs a atteint en 2009, 743.200 quintaux "La production laitière a atteint 2,45 milliards de litres en 2009 avec une amélioration significative par rapport aux années précédentes; "les viandes rouges ont atteint en 2009, 3,49 millions de quintaux et les viandes blanches, 2,09 millions de quintaux ; "le maraîchage a atteint en 2009, une production de 72,22 millions de quintaux. "les olives dont la production a atteint 4,91 millions de quintaux contre 2,5 millions de quintaux en 2008, soit une augmentation de plus de 96%; "les agrumes dont la production est passée à 8,5 millions de quintaux contre 6,97 millions de quintaux en 2008, soit une augmentation de 22% ; "les fourrages dont la production est passée de 19,5 millions de quintaux en 2008 à 29,9 millions de quintaux en 2009, soit augmentation de 1,53 % ; "les dattes dont la production est passée de 5,5 millions de quintaux en 2008 à 6,01 millions de quintaux en 2009, soit augmentation de 9 % ; Il faut par ailleurs souligner qu'une lecture sur les objectifs de production fixés dans les contrats de performances en matière de cultures maraîchères, de viandes et de lait ont été largement atteints. Ces données chiffrées démontrent la tendance à l'accroissement des filières de production qui de surcroît, font valoir l'effort fourni en matière de développement agricole, corroborées par l'ensemble des mesures d'accompagnement retenues dans le cadre de la politique du renouveau agricole et rural, mais qui appel néanmoins, une consolidation au cours des années à venir, pour au moins garder cette cadence et améliorer progressivement les performances. Autant les résultats sont probants et encourageants, autant l'adhésion massive des agriculteurs aux différents programmes est mise en exergue pour asseoir une croissance durable, sur la base de la modernisation de l'agriculture. Les potentialités restent à valoriser par une action de modernisation qui devra se traduire par le renforcement du tissu coopératif et sa dynamisation et le renforcement de l'agro-industrie pour améliorer l'agriculture et accroître le taux de mécanisation, de fertilisation, de traitement phytosanitaire et vétérinaire et de disponibilité du film plastique. En même temps, dans le cadre du recentrage de la politique de Renouveau agricole et rural, des opérations de protection des ressources naturelles, de lutte contre la désertification, de modernisation des villages et des ksours, de diversification des activités économiques en milieu rural et de promotion du patrimoine rural matériel et immatériel, les premiers résultats atteints courant 2009 - lancement de 1330 PPDRI dans 1481 localités, création de 240.000 équivalents emplois permanents, traitement de 7.000 ha de surfaces - laissent entrevoir une action structurée qui consoliderait la mise en synergie des différents efforts en milieu rural, ces opérations iront en s'amplifiant. Aujourd'hui, les services en charge des programmes de Renouveau rural disposent de visibilité, d'études actualisées et de financements arbitrés pour les cinq prochaines années. Inlassablement, la Journée mondiale de l'alimentation vient, cette année, une fois de plus, stimuler les consciences et offrir l'occasion d'attirer l'attention sur les souffrances du milliard de personne sous-alimentées que compte la planète. La plupart d'entre elles vivent en milieu rural ou le secteur agricole constitue la principale source de revenu. Les progrès vers la réalisation de l'objectif du sommet mondial de l'alimentation sont certes des besognes fastidieuses qui nécessitent d'énormes investissements moraux et physique, mais y penser, c'est déjà agir, dit-on. A l'heure actuelle, il n'est pas impensable d'espérer qu'un monde libéré de la faim sera aussi un monde sans extrême pauvreté, un monde sans les signes d'extrêmes richesses, reflets d'inégalité cruelle de la répartition des vivres, un monde sans guerre et sans conflits et un monde qui ne connaît pas une dégradation généralisée de l'environnement. En définitive, disons qu'atteindre l'objectif qui réside en la nourriture pour tous exige une mobilisation et une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté. Désormais, la conscience et la volonté humaines sont mises à rude épreuve. (*) Agronome universitaire, Coordinateur National de la JMA en Algérie. Sources: - FAO-JMA, 1986, 1989, 1990, 1992, 1998,1999, 2000-2008 - FAO. Situation Mondiale de l'Alimentation et de l'Agriculture 1996, 1997 - apports Banque Mondiale sur le développement, 2000- - APS / Synthèse de la communication du ministre de l'agriculture et du développement rural lors de l'audition du 14 septembre 2009, et celle du 24 août 2010, consacrée au secteur de l'agriculture et du développement rural (pour la partie des résultats enregistrés)