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La faim dans le monde : conscience et volonté humaines mises à rude épreuve
Journée Mondiale de l'Alimentation (JMA-2010)
Publié dans Le Maghreb le 16 - 10 - 2010


Par Mohamed KHIATI (*)
Le défi à relever et l'espoir à concrétiser ne sont pas des tâches aisées. La lutte contre la pauvreté est l'un des objectifs du présent millénaire ; mais faire en sorte que le nouveau millénaire soit libéré de la faim suppose que des mesures draconiennes soient prises d'urgence sur de nombreux fronts, non
seulement pour nourrir ceux qui ont faim, mais aussi, pour éliminer lescauses qui lui sont sous-jacentes dans le monde de manière rapide, durable et
permanente
A l'échelle planétaire il y a suffisamment de nourriture et les disponibilités en matière de denrées alimentaires peuvent satisfaire la demande mondiale, dans la mesure où il existe même un excédent de 10% d'après les estimations de la FAO. Corrélativement, il y a suffisamment de terres, de telle sorte que seul 1,5 milliards d'hectares sont cultivés actuellement, soit 1% de l'ensemble des terres de la planète, alors qu'on estime le potentiel en terres exploitables à 3 milliards d'hectares. Aujourd'hui, les politiques de développement sont souvent cruelles, elles exigent beaucoup à ceux qui ont peu et peu à ceux qui ont beaucoup; en parallèle, les changements mondiaux qui ont eu lieu en dehors de la sphère des agriculteurs se répercutent sur la sécurité alimentaire : la mondialisation accrue du commerce, les négociations avec l'OMC, la baisse ou l'envol des prix des produits de base, la diminution des aides agricoles, la croissance de la dette et les stratégies proposées pour sa réduction ou du moins son annulation sont également autant de facteurs qui influent sur la capacité des populations à produire et se procurer des vivres.
Dans un rapport de la Banque Mondiale rendu publique en l'an 2000, confirmé par d'autres études récentes, il est noté que le quart (1/4) de la population mondiale subsiste avec moins d'un (1) dollar par jour et que 1,2 milliard de personnes ont un pouvoir d'achat journalier équivalent à peu près au prix d'un hamburger dans un fast food d'une grande ville américaine ou une boite de soda ou une tablette de chocolat en Europe (l'étude a été effectuée sur la base de la valeur du dollar en 1985). Le rapport de la banque mondiale, rédigé par Shaohua Chen et Martin Ravallion, fait savoir "que le rythme de la réduction de la pauvreté s'est ralenti et les bénéfices de la croissance économique mondiale sont répartis d'une manière équitable, en dépit de la baisse de la proportion des ménages pauvres aux environs de 24% en 1998 contre 28,31% l'année précédente".
Aujourd'hui encore on assiste à une augmentation vertigineuse des prix des produits agricoles; ce qui se répercute inexorablement sur la situation mondiale de la sécurité alimentaire. Aussi, le thème choisi par la FAO " Unis contre la faim" sur lequel est focalisée la campagne mondiale de lutte contre la faim et la malnutrition et qui, dans le fond, constitue un sujet de préoccupation mondiale, fait état de la corrélation entre les changements climatiques, la demande accrue des biocarburants et l'insécurité alimentaire. Au sujet de la crise qui a secoué le monde durant la période 2006-2008, des idées controverses ont été avancées pour expliquer la hausse des produits agricoles. Pour certains, l'augmentation brutale des coûts de l'énergie a affecté dans certaine mesure, l'augmentation des produits agricoles. Le quotidien national, Le Maghreb, dans sa livraison du 26 mai 2008, rapporte les déclarations faites par M.Youcef Yousfi, alors ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations Unies qui, selon Le Maghreb, affirme que " parmi les causes de cette crise, il y a la baisse de la production agricole dans les pays en développement suite aux politiques agricoles suivies selon la doctrine sévère des avantages comparatifs ".
M. Yousfi, rapporte le quotidien, fait remarquer que : " les politiques suivies selon les doctrines de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et des organisations financières internationales ont eu des impacts considérables sur les cultures vivrières et l'agriculture locale qui ont été a bondonnées ou orientées vers des cultures spéculatives ". L'ambassadeur d'Algérie a exprimé selon la même source, le souhait de l'Algérie " de voir les efforts coordonnés du système des Nations unies et des Institutions financières et commerciales internationales en mesure de contribuer à la résolution de cette crise ". Il relève dans ce contexte " la nécessité d'une coordination étroite pour assurer les complémentarités entre les politiques nationales et internationales relatives aux produits agricoles de large consommation pour réduire l'impact de la crise". Sur un autre chapitre, les politiques des investissements et des subventions en faveur des biocarburants demeurent également un facteur de pesanteur contribuant à la hausse des prix des produits alimentaires en occupant des terres arables qui pourraient être consacrées à des cultures vivrières. Cependant, la FAO, qui relève une production mondiale record enregistrée en 2008, note qu'il faut que la production de denrées alimentaires augmente de 50% d'ici 2030 pour éviter une aggravation de la faim dans le monde. Elle invite par conséquent, l'ensemble des Etats et des institutions internationales à augmenter leurs investissements dans l'agriculture afin d'améliorer la productivité.
Des progrès accomplis dans la lutte contre la faim
Au plan de la sécurité alimentaire mondiale, la vue d'ensemble renvoie à la lecture de la 6ème enquête mondiale sur l'alimentation, dont les résultats ont été publiés, peu avant la tenue à Rome en novembre 1996 du Sommet Mondial de l'Alimentation (SMA). L'enquête fait état de progrès tangibles accomplis depuis 20 ans. Le pourcentage de la population mondiale qui n'avait pas accès à une alimentation suffisante a en effet, baissé à 20% en 1990-1992, contre 35% deux décennies plus tôt, c'est dire que le nombre de personnes ayant un accès insuffisant à la nourriture a régressé, passant de 920 millions en 1969/1971 à 840 millions en 1990/1991. Toutefois, ce chiffre est encore inacceptable dans la mesure où une personne sur 5 dans le monde en développement n'avait pas accès à une nourriture adéquate en 1991/1992.
Il est noté cependant, selon les données de la FAO, que le nombre de personnes souffrant de sous alimentation chronique a augmenté de 1990 / 1992 et de 1996 / 1998 en afrique sub-saharienne, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, mais il a baissé dans trois autres régions en développement. Globalement, remarque la FAO, le nombre de personnes souffrant de la faim baisse lentement et c'est en Asie qu'on en compte le plus grand nombre. Aujourd'hui, 15 ans après la tenue du SMA, la tendance d'atteinte de ses objectifs est au pessimisme dans la mesure où les estimations montrent que pour la première fois depuis 1970, plus d'un milliard de personnes -environ 100 millions de plus que l'an dernier et environ un sixième de la population mondiale- souffrent de la faim et sont sous alimentées dans le monde. Cela démontre qu'aucun progrès n'a été fait concernant la réalisation de l'objectif de réduction de la faim, solennellement déclaré lors du SMA. Cette évolution est d'autant plus décevante que, dans les années 1980 et 1990, des progrès notables avaient été réalisés pour réduire la faim chronique. Pour rappel, le Sommet Mondial de l'Alimentation s'est engagé à réduire de moitié à l'orée de l'an 2015, le nombre de personnes sous-alimentées. L'ensemble des objectifs fixés et les mesures retenues figurent dans le plan du Sommet. Ses principaux domaines d'actions sont bien connus et s'appuient notamment sur les engagements inhérents à : (i) la croissance économique visant à réduire la pauvreté ;(ii), une politique favorisant les possibilités d'emplois et de revenus pour les pauvres; (iii) aux filets de sécurité pour protéger les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées et (iv) l'attention dûment accordée à l'agriculture et au développement rural
On retient toutefois, que l'engagement solennel auquel se sont adhérées les 186 nations présentes au sommet, s'est articulé autour de l'élimination de la faim et de la malnutrition au cours des 25 ans à venir. Il est cependant, clairement mentionné que la tragédie de la faim généralisée ne peut être éliminée uniquement par des actions gouvernementales. Une large mobilisation de l'engagement public et privé de ressources collectives et individuelles peut faire dévier le cours de l'histoire vers la prospérité et le confort des nations.
Dans la chronologie des évènements, il y a deux ans, s'est tenue, du 3 au 5 juin 2008, au siège de la FAO, la Conférence sur la Sécurité Alimentaire Mondiale : les Défis du Changement Climatique et des Bioénergies " , laquelle a abouti à l'adoption, par consensus, d'une déclaration sur la sécurité alimentaire mondiale formulant cette idée "qu'il est essentiel de traiter la question fondamentale, consistant à savoir comment accroître la capacité de récupération des actuels systèmes de production vivrière face aux défis du changement climatique". En cette occasion, les gouvernements ont été invités à attribuer la priorité qui s'impose aux secteurs de l'agriculture et des forêts et à celui des pêches, afin de créer des conditions permettant aux petits agriculteurs et aux pêcheurs du monde, y compris des populations, en particulier dans les zones vulnérable, de participer pleinement, en profitant aux mécanismes financiers et au flux d'investissement.
L'Algérie œuvre inlassablement pour sa sécurité alimentaire.
L'Algérie, consciente des défis et des enjeux de l'heure et de l'avenir, œuvre inlassablement dans la perspective d'atteindre sa sécurité alimentaire, gage de souveraineté nationale, à la promotion du secteur agricole et rural. Dans ce contexte, s'il est vrai que l'agriculture algérienne est passée, des années durant, par des phases qualifiées de " turbulences majeures " liées en somme, et, historiquement, à des facteurs endogènes et exogènes, elle a fait, faut-il le reconnaître, des bonds importants perceptibles au niveau de ses taux de croissance en nette progression. Cette amélioration est liée aux mesures draconiennes de refonte du système agraire entreprises ces dernières années, assorties d'une multitude d'opérations d'organisation tant sur le plan institutionnel, économique et financier que professionnel


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