La reprise économique mondiale est menacée si les principales économies de la planète ne maintiennent pas un "esprit de coopération", a mis en garde lundi le Fonds monétaire international (FMI) après une réunion avec des responsables des banques centrales à Shanghai. La conférence, officiellement consacrée aux discussions sur les "instruments prudentiels" à mettre en place pour éviter les faillites des grands établissements financiers, se déroulait sur fond de crainte de guerre des changes, suite à des interventions de plusieurs banques centrales pour affaiblir le cours de leur monnaie. "L'esprit de coopération doit être maintenu. Sans cela, la reprise est en péril", a déclaré le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn à l'issue de la réunion en présence de chefs ou de hauts responsables de banques centrales de tous les continents, selon une version écrite de son discours communiquée à des journalistes. "Il y a aujourd'hui le risque que le choeur de ceux qui étaient parvenus à dompter la crise financière se dissolve dans une cacophonie de voix discordantes alors que des pays font de plus en plus cavalier seul", a poursuivi le patron du Fonds. Une telle attitude "va certainement nuire à tout le monde", a averti M. Strauss-Kahn. "La conférence est partie prenante des travaux internationaux en cours sur les défis posés par la crise financière mondiale", avait expliqué le FMI en fin de semaine dernière. DSK a également indiqué que les pays asiatiques disposent de nombreux moyens pour lutter contre un afflux de capitaux potentiellement déstabilisant, y compris le contrôle des changes. Certains pays émergents craignent un afflux massif de capitaux dans leurs économies et une flambée consécutive de leurs devises si la Réserve fédérale des Etats-Unis devait décider un nouvel assouplissement monétaire pour relancer la croissance économique américaine. Dominique Strauss-Kahn, qui s'exprimait à l'issue d'une réunion de banquiers centraux et de responsables financiers à Shanghai, a reconnu que la situation risquait être compliquée pour les pays asiatiques en cas de hausse de leur devise et de création de bulles spéculatives. Mais il a souligné que ces pays disposaient de nombreux instruments pour répondre à ce risque : "baisse des taux d'intérêt, accumulation de réserves, durcissement de la politique fiscale, mesures macroprudentielles et, parfois, le contrôle des changes." Sur ce dernier sujet, les avis sont partagés. Lors de la réunion, Xia Bin, un conseiller de la banque centrale chinoise, a déclaré à Reuters qu'à ses yeux, Pékin devait renforcer son contrôle de changes. "Les Etats-Unis mettent en oeuvre une politique monétaire peu stricte, ce qui est irresponsable et génératrice de flux de capitaux. C'est pourquoi nous discutons du contrôle des changes en Asie", a-t-il déclaré. Mais Yi Gang, vice-gouverneur de la banque centrale, a souligné que le contrôle des changes pouvait être nocif et devait de ce fait être limité. Le premier directeur général adjoint du FMI, John Lipsky, a pour sa part estimé qu'une nouvelle utilisation de la planche à billets par les Etats-Unis n'était pas complètement sûre. Selon lui, la banque centrale a laissé entendre qu'elle se déciderait en fonction des derniers indicateur macroéconomiques.