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Les investissements permettent-ils la transition d'une économie de rente à une économie productive ?
Publié dans Le Maghreb le 20 - 10 - 2010


Docteur Abderrahmane MEBTOUL
Professeur d'Université en management stratégique expert international
L'agence de presse officielle APS relayée par la télévison officielle (ENTV) au cours des visites officielles en Algérie s'est fait l'écho la mi-octobre 2010 d'investissements émiratis, en donnant des chiffres bruts sans analyse, de 15 milliards de dollars dans les prochaines années, comme elle s'est fait l'écho par le passé d'un investissement entre 2004/2009 de 50 milliards de dollars qui n'a jamais été réalisé. Comme elle s'est fait l'écho d'investissements koweitiens.
Comment ne pas souligner que l'Algérie ne souffre pas de financement (la monnaie n'est qu'un signe et non facteur de développement) mais de la faiblesse d'une accumulation du savoir-faire managérial et technologique comme le montre la faiblesse des capacités d'absorption renvoyant d'ailleurs à la réforme et gouvernance globale. L'objet de cette modeste contribution est de poser d'une manière objective la portée de tout acte d'investissement en Algérie qu'il soit arabe, asiatique, russe, américain ou européen ou de tout autres pays, qui doivent être les bienvenus en Algérie s'ils sont porteurs de valeur ajoutée.
I-Situation des économies algérienne, émiraties et koweitienne
Le bilan de l'investissement productif est mitigé. Selon les chiffres communiqués par l'Agence de développement des investissements, ANDI, fin juillet 2010, les déclarations d'investissement local, en termes de projets et non de réalisation, sont passées de 11.000 projets en 2007, à 17.000 en 2008, pour atteindre le chiffre symbolique de 20.000 en 2009 mais avec 1% seulement d'IDE. De ces projets, les chiffres avancés par l'ANDI, indiquent que ce sont les projets locaux qui sont dominants avec 99% des déclarations de projets. Pour ce qui est de la répartition des projets par secteur, c'est celui des transports qui attire le plus d'investissements depuis 2009 avec 60% en majorité des micro- projets, suivi par le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (16 %), du secteur de l'industrie (10 %), celui de l'agriculture (2 %). Le nombre de projets étrangers déclarés en intention hors hydrocarbures a été de 694 projets en 2008, dont 387 projets dans le secteur de l'industrie pour un montant en valeurs monétaires dérisoire, estimé à 88 millions dinars (moins de 1 million d'euros). D'une manière générale les investissements directs étrangers significatifs réalisés restent insignifiants en dehors des hydrocarbures, avec un déclin en 2009, 4 projets d'IDE. Le plus important n'est pas d'afficher les intentions mais les réalisations. Les enquêtes sur le terrain montrent que 70% des intentions en projets sont abandonnés du fait des contraintes d'environnement (bureaucratie, système financier, foncier, dominance de la sphère informelle) et il serait intéressant de mener une enquête sur les 30% restants pour voir si après avoir bénéficié des avantages financiers et fiscaux, d'autres projets n'ont pas été abandonnés. Face à cette déperdition de l'entreprise, la performance de la dépense publique misant essentiellement sur les infrastructures , est mitigée comparée à la dépense publique dont les prévisions officielles 2004/2009 sont passées successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 (inclus le Sud et les hauts plateaux) puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars mais faute de bilan on ne sait pas si l'intégralité de ce montant a été dépensée. Quant au programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements financiers de l'ordre de 21.214 milliards de DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés, l'équivalent à 130 milliards de dollars (46%) et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards de DA soit l'équivalent de près de 156 milliards de dollars, ce qui montre d'importantes réévaluations. L'économie algérienne est une économie totalement rentière ou la baisse du cours du pétrole/gaz combiné avec la non maitrise de la dépense publique a eu un impact sur le niveau élevé du déficit budgétaire. Face à ces dépenses, le montant du Fonds de régulation des recettes géré par le trésor, différence entre le prix réel des hydrocarbures et le prix fixé par la loi de fiances (37 dollars) à ne pas confondre avec les Fonds souverains qui sont des fonds d'investissement (le gouvernement algérien ayant écarté le recours à cette procédure), est passé de 4 280 milliards de DA, à fin décembre 2008, à 4 316 milliards de DA, à fin décembre 2009. En cas d'un cours des hydrocarbures inférieur à 70 dollars à prix constant, et d'un cours de cession du gaz inférieur à 9/10 dollars le MBTU(le gaz représentant actuellement plus du 1/3 des recettes) , si on n'arrive pas à mobiliser d'autres fonds à travers d'autres circuits, le déficit du Trésor pourrait atteindre 3615 milliards de dinars dans un proche avenir, ce déficit ne pouvant être couvert qu'à travers le recours au Fonds de régulation des recettes qui seront puisées du même fonds, ce qui réduirait ses réserves à 665 milliards de dinars. La loi de finances 2011 confirme cette tendance lourde , puisque le budget de l'Etat pour 2011, nous avons des recettes pour 2 992 milliards de dinars soit 29,7 milliards d'euros de recettes ( 38 milliards de dollars) contre des dépenses de 6 605 milliards de dinars soit 65, 520 milliards d'euros (88 milliards de dollars), la différence 3613 milliards de dinars , soit 36, milliards d'euros ou 48 milliards de dollars US devant être couverte partiellement par le Fonds de régulation des recettes.


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