2ème partie et fin Par Docteur Abderrahmane MEBTOUL (1)* La télévision officielle ENTV présente chaque jour , avec euphorie et sans esprit critique, les perspectives des dépenses prévues pour le plan quinquennal 2010/2014 en s'en tenant aux réalisations physiques mais en oubliant deux facteurs essentiels, d'une part, l'impact macro- et micro- socio économique du bilan du plan 2004/2009, d'autre part, les coûts de ces réalisations par rapport aux normes internationales. 2- Le constat du programme 2004/2009 : réévaluations permanentes et impact limité de la dépense publique
Le divorce objectifs moyens de réalisation comme le montre l'importance des restes à réaliser (RAR) entre 2004/2009 occasionne le gaspillage, la mauvaise gestion, et la corruption, d'où l'importance de la mise en place des mécanisme de régulation , du contrôle impliquant la société civile, le parlement, et les organes techniques ,l' IGF sans parler du contrôle routinier des services de sécurité. Car, sans la mise en place de ces mécanismes de contrôle il ya fort à parier que la corruption prendra le dessus, avec des résultats seront mitigés et je ne m'explique pas le gel de la Cour des comptes institution dépendante de la présidence de la république. Aussi, au delà des données statistiques qui peuvent être trompeurs, comme cette affirmation sans fondement que 40% du montant a été consacré à la connaissance, il faut replacer l'impact mitigé de la dépense publique en référence aux dépenses d'investissement en Algérie étroitement liée aux carences en matière de gestion des dépenses publiques, l'expérience du programme 2004/2009 montre clairement que ces insuffisances ayant aboutit : a)- A une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses , à de longs retards dans l'exécution des projets avec l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire , les priorités sectorielles et à des longs retards et des surcoûts pendant l'exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d'exécution des organismes d'exécution ; b)- De nombreuses décisions de projet ne sont pas fondées sur des analyses socioéconomiques et ni les ministères d'exécution, ni le ministère des Finances n'ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle routinier financier le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d'exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant. De ce fait, les résultats des projets et programmes ne font pas l'objet d'un suivi régulier, existant une évaluation biaisée a posteriori rendant difficile la comparaison ce qui était prévu avec ce qui a été réalisé et encore moins de comparer le coût-avantage ou l'efficacité avec la situation réelle, entrainant le non respect des normes minimales avec de graves conséquences en termes de ressources gaspillées. Nous aurons alors quatre (04) impacts de l'inefficacité de la dépense publique : -a- Sur le volume des importations car le gonflement est du essentiellement à la dépense publique et ses surcoûts comme le montre la tendance des importations selon les statistiques douanières, de 2009 presque identique à 2008 à 1 à 2 milliards de dollars près malgré une bonne récolte et la déflation au niveau mondial (baisse des prix) montrant que les dernières mesures gouvernementales ne se sont pas attaquées à l'essence de ce gonflement; -b- Sur le processus inflationniste qui est à l'origine pour partie de l'inflation et très accessoirement les salaires qui représentent moins de 18% rapportés au produit intérieur brut donc sur le pouvoir d'achat de la majorité ; c- Sur la balance des paiements du fait que le doublement de la valeur des services entre 2007/2009, 10/11 milliards de dollars entre 2008/2009 concerne essentiellement le poste infrastructures (assistance étrangère) renvoyant à la dévalorisation du savoir ; d- Sur le taux de croissance global et sectoriel où selon les données tant internationales qu'officielles qu'internationales clôturées et non les prévisions des lois de finances qui n'ont jamais été respectées que le taux de croissance du PIB a été officiellement de 1,6% en 2006, moins de 2% en 2007, inférieur à 3% en 2008, et selon les prévisions du FMI a été de 2,1% en 2009 et ramené à 4,2% pour 2010 alors que ce montant aurait du occasionner un taux de croissance approchant les 10% comparé à des pays similaires. Car, la technique connue des économistes (triangularisation du tableau d'échange interindustriel ) permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent l'ensemble de l'économie et le segment hors hydrocarbures l'est à plus de 80% sur le total des 5/6% hors hydrocarbures de taux de croissance invoqué par les officiels, restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 10% du total du produit intérieur brut ( PIB) comme le montre depuis plusieurs années les exportations hors hydrocarbures (environ 2/3% du total avec une baisse de 40%entre 2009 par rapport à 2008). Aussi, le taux de croissance hors hydrocarbures de 10% officiel est un taux artificiel (encore qu' il convient de se poser la question comment entre deux déclarations officielles de juin 2009 et décembre 2009 est –on passé de 5 à 10% ?) comme le taux de chômage de l'organisme de la statistique ONS (10,2% fin 2009) incluant tous les emplois temporaires improductifs, les sureffectifs des entreprises et des administrations , la sphère informelle n'existant pas de politique salariale au profit du travail de l'intelligence mais des distributions de rente pour une paix sociale fictive. La question centrale qui se pose et qui devrait interpeller les plus hautes autorités algériennes au plus haut niveau est comment avec une dépense publique sans précédent depuis l'indépendance politique, les résultats sont ils si mitigés ? Doit-on continuer dans cette trajectoire où les dépenses ne sont pas propositionnelles aux impacts ? Paradoxe, le PIB moyenne 2007/2009, est presque l'équivalent des réserves de change : 150 milliards de dollars en 2009 dus à des facteurs exogènes montrant une allocation non optimale des ressources financières. Car avec un taux de la croissance de la population active( 3,4% par an minimum) ,nous aurons un flux annuel de demandes d'emplois (400.0000/450.000/an) et une réduction substantielle du taux de chômage actuel implique un taux de croissance supérieur à 8% sur 7/8 ans tiré par l'entreprise créatrice de richesses et non artificiellement par l'injection massive de la dépense publique d'argent via les hydrocarbures pour atténuer à terme les tensions sociales. Et si demain il n'y avait plus d'hydrocarbures ? Il existe des lois économiques applicables à tous les pays : le taux d'emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité. On ne crée pas des emplois par des lois et décrets : c'est l'entreprise qui crée l'emploi. Car, tout est épongé par les recettes des hydrocarbures comme l'assainissement répétées des entreprises publiques, les recapitalisations répétées des banques publiques et l'effacement tant de la dette extérieure qu'intérieure. D'une manière générale, la dépense publique a ses propres limites comme le montre la crise mondiale récente, le défi du XXIème siècle étant la bonne gouvernance, l'épanouissement de l'entreprise concurrentielle nationale ou internationale et son fondement la valorisation du savoir, richesse bien plus importante que toutes les ressources d'hydrocarbures. En bref, j'interpelle l'ENTV, pour un débat contradictoire et productif : la vérité, rien que la vérité. *(1) Docteur Abderrahmane MEBTOUL - Professeur d'Université en management stratégique –Economiste-Algérie-