Desertec , l'initiative industrielle Dii examinera les enjeux politiques et économiques de l'électricité provenant du désert lors de sa conférence annuelle à Barcelone les 26 et 27 octobre prochain. Le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger, ouvrira la conférence. L'intégration des marchés de l'énergie est considérée comme l'un des éléments déterminants d'une future coopération énergétique dans le bassin méditerranéen et entre l'Europe et l'Afrique du Nord. Les possibilités de production d'électricité dans les régions désertiques, les exigences au niveau des réseaux électriques de demain et les questions du financement seront également au cœur des discussions. Il y a un an, 13 entreprises allemandes créaient l'initiative industrielle Desertec (DII), un consortium qui vise à fournir en énergies renouvelables, 15 % de l'électricité européenne d'ici à 2050. L'inauguration du premier projet pilote Desertec, matérialisé par une centrale solaire thermique approche rapidement. Située dans le désert central du Maroc, la centrale solaire à concentration sera conçue pour fournir 250 mégawatts de puissance. " Nous avons choisi le Maroc, parce que l'insolation (rayonnement solaire) est excellente et qu'il n'y a pas trop de poussières dans l'air. Le site n'est pas loin d'un réseau électrique. L'eau pour le refroidissement et pour le nettoyage des miroirs est également à portée de main ", a déclaré Paul Van Son ressortissant néerlandais et directeur de DII. Desertec prévoit au départ d'alimenter les besoins énergétiques des pays d'Afrique du Nord avec de l'énergie éolienne et solaire. Les subventions seront nécessaires au début car les coûts de production d'électricité à partir de centrales solaires à concentration, en particulier, sont encore trop élevés en comparaison avec l'électricité générée par du combustible fossile. Dans une deuxième étape, Desertec prévoit d'acheminer une portion de l'électricité produite vers l'Europe, à travers la Méditerranée, par le biais de lignes électriques haute tension. Paul Van Son qui dirige Desertec depuis son bureau à Munich, essaie de garder la tête froide malgré l'enthousiasme que le projet DII a suscité partout où il est accueilli. Il sait que le coût d'investissement estimé à 400 milliards d'euros n'est encore rien qu'un chiffre. Dans l'ensemble, les organisations internationales de protection de l'environnement ne sont pas opposées au projet Desertec. Greenpeace en a même fait un "modèle" et espère que cela permettra d'accélérer la progression des énergies renouvelables. Il s'agit de construire une trentaine de centrales thermiques (et non photovoltaïques) dans le Sahara, lesquelles pourraient fournir, dans un délai de 40 ans, environ 15 % de l'énergie consommée par les Européens. Dix-sept partenaires industriels ont uni leurs forces dans le projet Desertec, soutenus par le gouvernement allemand, l'Union européenne et Greenpeace. Parmi ces partenaires : le groupe Saint-Gobain. Mais un certain flou entoure les modalités de financement de ce chantier, d'autant plus que des difficultés politiques ne manqueront pas d'apparaître. L'objectif à long terme est de satisfaire une part substantielle des besoins en électricité des pays de la zone Mena et de répondre à hauteur de 15 % à la demande d'électricité de l'Europe d'ici à 2050. Dii compte actuellement 17 actionnaires. Les membres fondateurs de Dii étaient ABB, Abengoa Solar, Cevital, la Fondation Desertec, Deutsche Bank, E.ON, HSH Nordbank, Man Solar Millenium, Munich Re, M+W Zander, RWE, Schott Solar et Siemens. Au début du mois, l'initiative industrielle a obtenu le soutien du professeur Klaus Töpfer, ancien directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). M. Töpfer conseillera Dii sur les questions stratégiques.