Les pouvoirs publics ont proposé d'augmenter la prime d'intégration pour les laiteries utilisant 100% du lait cru dans la production du lait en sachet, a indiqué, mercredi, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. "Nous avons proposé à toutes les laiteries qui ne travaillent qu'avec du lait cru d'augmenter la prime d'intégration de 4 dinars à 7,50 DA", a déclaré le ministre en marge d'une journée d'information organisée au siège de la Chambre nationale d'agriculture (CNA) pour débattre de la nouvelle loi sur le foncier agricole. Selon M. Benaïssa, cette proposition est en discussion actuellement entre les différents acteurs de la filière au sein du Conseil interprofessionnel du lait (CIL), où se déroulent des discussions pour la mise en place d'un nouveau dispositif de soutien à cette branche stratégique afin de lui assurer un développement durable. Le ministre, qui s'exprimait à propos de la dernière perturbation qu'a connue la filière au niveau de la distribution du lait en sachet, a souligné la nécessité de bâtir un réseau fiable entre tous les acteurs intervenant dans cette activité. Mis en place en 2008, le dispositif de soutien à cette filière comprend une prime d'intégration du lait cru de 4 DA/litre en faveur du transformateur, 7 DA/litre pour le collecteur et 12 DA/litre pour l'éleveur. L'Etat soutient également la poudre de lait destinée à la production du lait en sachet commercialisé à un prix soutenu de 25 DA/litre. Les opérateurs dans la filière lait vont bénéficier de l'allégement de la pression fiscale dans le cadre du projet de loi de finances pour 2011. Il seront exonérés de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de l'impôt sur les bénéfices des société (IBS). Cette mesure a été prise dans le cadre de la modification de l'article 36 du code des impôts où il est notifié : "…bénéficient également d'une exonération permanente au titre de l'impôt sur le revenu global, les revenus issus des activités portant sur le lait cru." Pour ce qui est de l'IBS, l'exonération a été introduite dans le cadre de la modification des dispositions de l'article 138 du code des impôts. L'allégement fiscal au profit de cette filière importante dans l'activité agricole, est venu à point nommé pour encourager les producteurs et les collecteur du lait cru. En effet, le marché national connaît, ces derniers temps, une pénurie de lait en sachet, qui a jeté le doute parmi les familles algériennes habituées à la consommation de ce produit de première nécessité. Un produit importé sous forme de poudre avant qu'il ne soit transformé localement en liquide. L'exonération des producteurs et des collecteur du lait cru de l'IRG et de l'IBS aura, certainement, un impact positif sur sa disponibilité. Ceci pour la simple raison que cet allègement fiscal donnera plus de moyens au jeunes promoteurs travaillant dans l'élevage des vaches laitières ou ceux ayant monté de petites entreprises spécialisées dans la collectes du lait. Cette mesure permettra, en outre, de réduire la facture d'importation de ce produit dont le prix sur le marché national est subventionné par l'Etat. Pour soutenir le prix public du lait ordinaire, vendu à 25 DA le sachet d'un litre, l'Etat consacre une subvention de l'ordre de 15 milliards de dinars. Laquelle subvention est versée dans les comptes en banques des importateurs et des transformatauers par l'Onil (Office national du lait). Ce circuit d'importation, et de transformation compliqué a permis à de nombreux opérateurs de s'enrichir illégalement sur le dos de l'Etat. Selon les services des douanes, plusieurs importateurs sont impliqués dans des pratiques frauduleuses traitant, notamment, de la majoration des factures d'importation de lait en poudre. Le fait que la grande partie des besoins du pays en lait soit importée constitue une sérieuse menace pour sa sécurité alimentaire. Les prix de ce produit vital connaissent des envolées récurrentes sur le marché international, qui causent d'importants préjudices à l'équilibre financier du pays. S'exprimant sur la loi sur le foncier agricole, M. Benaïssa a affirmé, devant les responsables des Chambres d'agriculture de wilaya que cette nouvelle législation "est venue pour structurer le travail du secteur durant les prochaines années et elle concerne l'avenir des terres agricoles relevant du domaine privé de l'Etat". Le ministre a fait savoir que près de 23.000 dossiers, pour le changement du droit de jouissance par le droit de concession, ont été déposés à ce jour. Il a mis en avant le rôle important que doivent jouer les chambres dans l'accompagnement des agriculteurs et les opérateurs économiques sur le terrain, à la lumière de la nouvelle législation régissant la gestion de ces établissements. "Les missions de ces chambres sont désormais claires, elles doivent jouer un rôle de médiation entre les politiques mises en place par les pouvoirs publics et les créateurs de richesses", a-t-il dit. Parmi les actions nouvelles que mènent ces chambres, l'organisation de concours agricoles pour distinguer les agriculteurs et les éleveurs réussissant sur le terrain au niveau local pour donner l'exemple. Durant la campagne agricole 2009-2010, la CNA a lancé cinq concours distinguant le meilleur producteur céréalier, le meilleur éleveur bovin laitier, le meilleur producteur de pomme de terre, le meilleur producteur de tomate industrielle et un concours oléicole avec ses différentes composantes (olives et huile). Cette opération s'apprête à devenir une tradition pour promouvoir la culture de la performance parmi les professionnels et exploiter au mieux le potentiel humain du secteur. Les intervenants, lors de cette rencontre, ont relevé plusieurs contraintes liées à l'application de cette loi sur le terrain telles que l'octroi des documents liés aux terres non encore cadastrées et les exploitations touchées par les plans de construction d'infrastructures. Dans le cas de ces dernières, certains agriculteurs continuent toujours de payer les redevances de leurs exploitations envahies par les plans d'urbanisation, alors que certaines exploitations restent bloquées parce que leurs exploitants sont incapables d'obtenir des crédits de campagne en raison du non remboursement de leurs dettes dues par la société Salem, partie en faillite. Intervenant dans ce sens, le P-DG de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), Boualem Djebbar, a rassuré les directeurs de chambres et les agriculteurs que le droit de concession ne constitue pas un obstacle pour l'obtention des crédits de campagne. Il a rappelé, toutefois, que l'obtention d'un autre crédit est conditionnée par le remboursement préalable de l'ancien crédit. M. Djebbar a indiqué, dans ce sens, que le remboursement des crédits R'fig a atteint 99% dans certaines wilayas, alors qu'au niveau de certaines régions ce taux ne dépasse pas les 30%. "Ceux qui n'ont pas remboursé, qu'ils prennent leurs responsabilités", a-t-il averti.