Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a qualifié le mouvement de protestation initié par certains transformateurs de lait « d'actes de provocation de certains opérateurs qui prennent les consommateurs en otages », rapporte l'APS. Le ministre s'exprimait en marge d'une réunion du Conseil interprofessionnel du lait (CIL) qui s'est tenue jeudi dernier. Malgré quelques perturbations constatées dans la distribution du lait en sachet, « le marché est stable et sera stable », a noté M. Benaïssa. Les industriels concernés avaient décidé de réduire leur production pour contester les dernières mesures décidées par l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Cet organisme a notamment opté pour une délimitation des zones dans lesquelles ces laiteries peuvent commercialiser leurs produits ainsi qu'une réduction de leurs quotas en poudre de lait subventionnée afin d'encourager l'intégration de lait cru issu de la production nationale. Selon le ministre, seules 10 laiteries sur les 80 qui s'approvisionnent auprès de l'ONIL n'ont pas trouvé un compromis avec ce dernier. « Les 10 autres unités, qui ont pris leurs quotas du mois de juin, sont en discussion au sein du CIL », a-t-il ajouté. Il a précisé que la réduction des quotas n'est pas encore appliquée. M. Benaïssa a annoncé que l'Etat est prêt à orienter le soutien accordé par les pouvoir publics à la subvention de la poudre de lait vers l'utilisation du lait cru par les transformateurs. Les pouvoirs publics consacrent 12 milliards de dinars/an au développement de la filière lait, dont une partie est accordée sous forme de primes aux différents maillons de la chaîne. Ainsi, l'éleveur perçoit 12 DA/litre, le collecteur 5 DA/litre et 4 DA/litre aux transformateurs pour l'intégration du lait cru dans la production du lait en sachet, subventionné à 25 DA/litre. La subvention concerne aussi la poudre de lait importée. Le ministère de l'Agriculture espère, à travers ces mesures incitatives, améliorer la production nationale qui reste en deçà des besoins du marché et réduire par ricochet les importations qui plombent la facture alimentaire. Pousser les industriels à utiliser davantage le lait cru local est également l'un des défis du département de Rachid Benaïssa même si cet objectif rencontre quelques résistances. « Dans la filière, il y a une recherche de rationalisation de l'utilisation de la poudre de lait et nous voulons que celle-ci soit partagée par tous les acteurs », a signifié le ministre. Dans ce sens, M. Benaïssa a indiqué que les importations de la poudre de lait sont passées de 145 000 t en 2008 à 120 000 t en 2009 et devraient s'établir à 100 000 t en 2010, l'objectif étant d'arriver à une baisse annuelle de 10% d'ici à 2014. Le nombre de vaches laitières importées par les privés est en constante augmentation. Il est passé de 1200 génisses en 2008 à 14 000 en 2009 et 13 500 jusqu'à juin en cours, selon les chiffres avancés par le ministre. Le taux d'intégration du lait cru était de 18% en 2009 représentant une production de 400 millions de litres. Il devrait atteindre 35% en 2010, soit une production de 550 millions de litres. Les importations de l'Algérie en poudre de lait auraient connu une baisse de 40 000 t de poudre de lait, soit un gain de près de 100 millions de dollars. La production de lait cru est passée de 2,23 milliards de litres en 2008 à 2,45 milliards de litres en 2009.