Le poids des pays émergents à la direction du FMI va augmenter. Les pays du G20 sont parvenus samedi en Corée du Sud à " la plus importante réforme jamais adoptée de la gouvernance du Fonds monétaire internationale (FMI) ", selon son DG Dominique Strauss-Kahn. Cette réunion augmente le nombre de sièges des pays émergents dynamiques au Conseil d'administration du FMI. L'Europe qui occupe 9 sièges sur 24, devra renoncer à 2 d'entre-deux. Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 ont rééquilibré le FMI au profit des puissances émergentes. Les pays du G20 sont parvenus samedi à un accord pour réduire les déséquilibres commerciaux et éviter une guerre des monnaies, après deux jours de débats en Corée du Sud qui ont permis d'aboutir à une réforme historique de la gouvernance du FMI. Pays riches et émergents ont convenu de limiter les déséquilibres de leurs comptes courants et de s'abstenir d'intervenir pour dévaluer leurs devises, afin de soutenir la croissance mondiale, selon un communiqué publié à l'issue de deux jours d'intenses débats dans la ville de Gyeongju. "La reprise économique mondiale se poursuit, mais de façon fragile et inégale. Dans une économie et un système financier globalisés, des réponses non coordonnées conduiront aux pires résultats. Notre coopération est essentielle", soulignent les ministres des Finances et banquiers centraux réunis pour préparer le sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul. Les pays membres du G20 "vont prendre un ensemble de mesures visant à réduire les déséquilibres excessifs et à maintenir le déséquilibre de leurs comptes courants à des niveaux soutenables", selon ce texte. Certains membres du G20, dont les Etats-Unis, à l'origine de la proposition, souhaitaient fixer des objectifs chiffrés et un calendrier, mais l'accord final n'en contient aucun. "Il y a eu une forte contestation des Allemands et des Chinois sur une cible numérique sur les déséquilibres", a indiqué un responsable du G20 sous couvert de l'anonymat. Les grands argentiers, réunis dans un climat alourdi par les risques de guerre des changes, ont appelé à des systèmes de taux de change "davantage déterminés par le marché" et "à résister à toutes les formes de mesures protectionnistes". Les récentes interventions de plusieurs banques centrales pour empêcher la hausse de leur monnaie face au dollar ont fait resurgir le spectre d'une spirale de dévaluations compétitives et d'un retour du protectionnisme, rappelant la récession mondiale des années 1930. Tandis que les Etats-Unis accusent la Chine de maintenir le yuan à un niveau artificiellement bas, nombre de pays émergents se plaignent de la politique monétaire américaine qui fait chuter le dollar et renchérit leurs exportations, tout en attirant chez eux des capitaux volatils et spéculatifs. Le ministre américain des Finances Timothy Geithner a assuré à l'issue des débats être en faveur d'un "dollar fort" et demandé une "appréciation graduelle" des monnaies des pays à fort excédent commercial. La réforme depuis longtemps attendue de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI) est quant à elle "la plus grande jamais adoptée", selon son directeur général Dominique Strauss-Kahn, qui a parlé "accord historique". Le projet de réforme, qui doit encore être validé par le conseil d'administration du FMI, augmente le capital de l'institution, les sièges des pays émergents à son conseil d'administration et élargit ses attributions en matière de surveillance des politiques économiques des Etats. Les dix plus grands actionnaires du FMI seront les Etats-Unis, le Japon, quatre pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie) et les quatre plus grandes économies émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine). Les Européens abandonnent deux sièges au profit des pays émergents. Le mandat du FMI sera également élargi pour surveiller les déséquilibres des comptes courants des Etats et leurs effets sur leurs voisins. Le G20 a également trouvé un accord en adoptant une réforme du système bancaire et des grandes institutions financières accusées d'avoir provoqué la crise financière de 2008/2009.Ces nouvelles règles, connues sous le nom de Bâle III et destinées à entrer en vigueur à partir de 2013, prévoient notamment une augmentation des fonds propres des banques d'ici au 1er janvier 2015. La Suisse a pris connaissance de l'accord trouvé samedi par les pays du G20 sur la réforme du FMI. Pour l'heure, la question de l'avenir du siège suisse au Conseil d'administration de l'institution est totalement ouverte, a indiqué à l'ATS le Département fédéral des finances (DFF). Selon le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, les Européens ont accepté de renoncer à deux des neuf sièges qu'ils occupent. Cela devrait permettre d'augmenter le poids des pays émergents au sein de l'organisation. On ignore pour l'instant quel sera l'impact de cette décision sur la répartition des sièges, a déclaré le porte-parole du DFF, Roland Meier. La Suisse revendique de pouvoir conserver son fauteuil en raison de l'importance de sa place financière. Il y a deux semaines, lors de l'assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, le ministre des Finances Hans-Rudolf Merz s'était montré confiant sur l'avenir du siège helvétique. Selon lui, la présence de Berne au conseil d'administration du FMI est assurée par l'importance de la place économique et financière du pays, par le rôle du franc et par sa contribution financière au FMI. La Confédération ne s'estime pas concernée par une éventuelle consolidation - soit une diminution du nombre de sièges - de la représentation de l'Union européenne (UE) au sein du conseil d'administration. A l'exception de la Pologne, le groupe de vote conduit par le Suisse, Helvétistan, est composé de pays qui n'appartiennent pas à l'UE. Ce groupe réunit toutes les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, ainsi que la Serbie.