Les avocats d'une solidarité accrue en faveur des "Pigs" - Portugal, Irlande, Grèce, Espagne - redressent la tête. Après Jean-Claude Trichet , président de la Banque centrale européenne, c'est au tour de Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, de braver l'orthodoxie allemande, en poussant l'idée d'une garantie "européenne" sur une partie de la dette des seize pays de la monnaie unique. Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, souhaite voir les pays de la zone euro mettre en place une "garantie communautaire" sur une partie de leurs dettes publiques pour accroître la solidarité entre Etats, a-t-il déclaré au Figaro. "Ce serait une façon adroite de rendre les pays fragiles plus attrayants aux yeux des investisseurs ", explique le président de l'Eurogroupe dans une interview au Figaro. Jean-Claude Juncker compte préciser sa proposition avant la fin de l'année, avec l'appui de la présidence belge de l'UE. "L'Europe ne peut pas se satisfaire d'une évolution qui voit les plus forts abandonner les plus faibles au bord de la route", dit-il. La mutualisation des dettes publiques est un serpent de mer, régulièrement décrié à Berlin. La mise en chantier d'un mécanisme permanent de sauvetage des pays surendettés lui offre une seconde chance. Ses partisans sont nombreux à Bruxelles et au Parlement, pouvoir politique qui aura un rôle clef dans la mise au point du futur "FMI" européen. Ce mécanisme consisterait pour chaque pays membre à placer une partie de sa dette dans un pot commun, à hauteur de 60% de son produit intérieur brut (PIB), soit le plafond fixé par le Pacte de stabilité, explique le quotidien samedi. La dette dépassant le seuil de 60% du PIB resterait couverte par la seule garantie nationale. "Ce serait une façon adroite de rendre les pays fragiles plus attrayants aux yeux des investisseurs", a dit Jean-Claude Juncker au Figaro. Le Premier ministre luxembourgeois prévoit de présenter son projet avant la fin de l'année avec l'appui de la présidence belge de l'Union, ajoute l'article. "L'Europe ne peut pas se satisfaire d'une évolution qui voit les plus forts abandonner les plus faibles au bord de la route", a-t-il déclaré au Figaro. Sur les marchés financiers, la prime exigée par les investisseurs pour détenir des obligations d'Etat à 10 ans de l'Irlande, de la Grèce et du Portugal plutôt que des Bunds allemands a fortement augmenté ces derniers jours. Les ministres des Finances des Vingt-Sept se sont mis d'accord le mois dernier sur une réforme du Pacte de stabilité et de croissance censée renforcer les règles budgétaires et éviter de nouvelles crises de la dette souveraine. Cette démarche pourrait déboucher sur la mise en place d'un mécanisme permanent de gestion de crise pour la zone euro qui remplacerait le "filet de sécurité", créé dans l'urgence au printemps après la crise grecque et qui expirera à la mi-2013. Mais des divergences demeurent, notamment entre les partisans d'une solidarité accrue et ceux qui, comme l'Allemagne, plaident pour des sanctions renforcées contre les pays qui ne respecteraient pas les règles communes. Berlin souhaite en outre que les créanciers privés des Etats, au premier rang desquels les banques, soient associés au mécanisme de gestion de crise. "Plutôt que de faire fuir les banquiers en leur promettant qu'ils paieront les pots cassés, nous ferions mieux de chercher une solution européenne qui rassure les investisseurs comme les contribuables", a dit Jean-Claude Juncker au Figaro.