Les prix du pétrole se repliaient hier de leurs plus hauts niveaux depuis deux ans à l'ouverture à New York sous la pression d'un dollar raffermi. Vers 13h15 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre s'échangeait à 86,59 dollars, en repli de 26 cents par rapport à la veille. En début d'échanges européens, les cours étaient également pénalisés par un renchérissement de la monnaie américaine. Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait à 87,75 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres, reculant de 36 cents par rapport à la clôture de vendredi. A la même heure sur les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) à échéance semblable baissait de 27 cents à 86,58 dollars. "Pour l'instant, on observe un petit recul, principalement lié au dollar, mais le marché a toujours un point de vue haussier sur le pétrole", a expliqué Tom Bentz, de BNP Paribas. Bien que le sursaut sur le marché des changes de la monnaie américaine, grandement malmenée la semaine passée, fasse pression sur les prix du brut, le baril a atteint un nouveau sommet depuis deux ans en montant à 87,49 dollars pendant les échanges électroniques. "Les mesures de relance ainsi que les chiffres de l'emploi (publiés vendredi) sont des éléments qui soutiennent le marché", a souligné Tom Bentz. L'environnement reste très favorable pour les marchés de matières premières. Les craintes d'inflation liées aux nouvelles mesures d'assouplissement de la banque centrale américaine (Fed) poussent les investisseurs à chercher refuge dans des actifs concrets. Ces mesures et l'amélioration des indicateurs économiques créent également un environnement plus propice à la prise de risque. "Le marché montre peu de signe d'essoufflement ces derniers temps. Il se tient et continue de progresser", a noté Tom Bentz. Le relevé hebdomadaire sur les prises de positions des courtiers sur le marché a montré que les fonds spéculatifs avaient augmenté leurs positions à la hausse. Celles-ci sont à leurs plus haut niveau depuis juin 2006, a rapporté Tom Bentz. "Sitôt que l'euphorie des chiffres de l'emploi va se dissiper et laisser place à une vision plus réaliste des choses, la relation inverse entre les prix du pétrole et la valeur du dollar aura de nouveau un impact", ont estimé les analystes de Commerzbank. Les chiffres bien meilleurs qu'attendu du rapport mensuel sur l'emploi américain, publiés vendredi, "ont généré de l'optimisme parmi les investisseurs spéculatifs, étant donné que cela pourrait raviver la demande pétrolière des Etats-Unis, premier consommateur mondial", notaient les experts de Commerzbank. Cependant le taux de chômage aux Etats-Unis est resté inchangé, et "à mesure que l'euphorie sur ces chiffres de l'emploi se dissipait, ouvrant la voie à une vision plus réaliste de la situation, la relation inversée des prix du pétrole et de l'évolution du dollar reprenait le dessus", ajoutaient-ils. "Les positions longues des investisseurs sur le marché sont basés sur la combinaison d'une reprise (économique) attendue et d'une persistance de la faiblesse du dollar. Or, sur le marché aujourd'hui, des Bourses en berne et le mouvement du dollar sont tous deux défavorables" aux cours du brut, relevait Bjarne Schieldrop, de la banque SEB. Selon lui, "sans une faiblesse continue du dollar et/ou une hausse des marchés boursiers, les possibilités de progression pour les cours du Brent partiront en fumée". Les analystes s'accordaient à considérer que la hausse significative enregistrée par les cours la semaine dernière (près de 6 dollars pour le WTI, plus de 5,50 dollars pour le Brent), dopée par la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) d'ouvrir grand les vannes du crédit, apparaissait excessive au regard des fondamentaux du marché et de la surabondance de l'offre de brut. Selon les chiffres publiés la semaine dernière par le département américain de l'Energie (DoE), les réserves américaines de brut restent en effet à leur plus haut niveau depuis 20 ans.