Le bureau d'Alger du cabinet de conseil Ernst & Young, compte se hisser en cabinet indépendant d'ici 5 ans. C'est ce qu'a affirmé, hier, l'associé gérant du bureau d'Alger, M. Philippe Mongin, soulignant que la filiale française de ce cabinet a investi en Algérie dans la ressource humaine pour construire une entité juridique distincte. "Le cabinet de France d'Ernst & Young a décidé, en 2008, de monter une équipe en Algérie. Nous avons recruté des collaborateurs débutants que nous avons formés en France pour qu'ils puissent diriger un cabinet autonome en Algérie", a indiqué M. Morgin, en marge une journée d'études sur le thème de la Supply Chain (SC) : "planification des ressources industrielles et logistiques", organisée, hier, à l'hôtel Hilton d'Alger. Le représentant du bureau d'Alger n'a pas tari d'éloge sur la ressource humaine algérienne qui est, selon lui, très compétente. "On dispose actuellement de 50 collaborateurs algériens depuis 2008 et le chiffre d'affaires du bureau d'Alger s'élève à 300 millions d'euros", a annoncé ce responsable, rappelant que le cabinet Ernst & Young Global Limited consacre 9 % de son chiffre d'affaires à la formation. S'agissant du marché algérien lui-même, notre interlocuteur dira qu'il recèle d'un énorme potentiel, en qualifiant l'Algérie de pays émergent. L'Algérie a, selon lui, ses propres contraintes auxquelles il faudra apporter des solutions. "Le cycle de production est très sensible et il est sujet à de multiples contraintes d'ordre réglementaire et administratif, mais des solutions existent. Et c'est là que nous intervenons en accompagnant les entreprises à dépasser ces contraintes", a-t-il expliqué, estimant que les managers algériens s'en sortent bien dans la gestion de la chaîne logistique. Pour sa part, M. Eric Salviac, du cabinet Ernst & Young de France, considère que la plupart des entreprises algériennes n'utilise pas les logiciels spécifiques à la planification de l'ensemble des flux de l'entreprise (matières, informations et financiers). "Les logiciels les plus utilisés sont, entre autres, Excel de Microsoft. Or, ce logiciel montre ses limites dès qu'il s'agit de la synchronisation et l'optimisation des activités", a observé M. Salviac, estimant les systèmes de planification avancée tels que l'URP et l'APS procure une réelle efficacité dans la planification dans le cycle de production. Il faut noter, par ailleurs, que la conférence-débat organisée par ce prestigieux cabinet a porté sur la planification industrielle et commerciale. L'organisation des processus décisionnels et des systèmes d'information spécifiques, appelés S &OP "Sales et Operations Planning", a eu la part du lion dans les débats. Selon les experts d'Ernst & Young, qui ont animé cette conférence-débat, le processus S&OP peut apporter des solutions à toutes les fonctions de l'entreprise, en gérant simultanément les enjeux des départements marketing, production, logistique et finance. Des exemples concrets sur la mise en place de ce processus ont été présentés à l'effet d'expliciter la fonction du processus S & OP, qui demeure inutilisé par la quasi-totalité des entreprises nationales. Les participants à cet événement composés essentiellement de cadres dirigeants d'entreprises nationales et d'universitaires de l'école polytechnique d'Alger notamment, ont enrichi les débats en relatant leur propre expérience ou en portant des interrogations pertinentes. Pour rappel, cette conférence s'inscrit dans un cycle qui a démarré par un débat sur l'enjeu de maîtriser la Supply Chain dans la production industrielle pour faire du "Made in Algeria" un label gagnant pour les consommateurs et les producteurs. Elle sera suivie, en janvier, par une 3e conférence-débat sur la gestion des problématiques de logistique et de distribution en Algérie.