L'Union européenne espère conclure“rapidement” un accord de coopération énergétique avec l'Algérie, a annoncé lundi la commissaire européenne aux Relation extérieures, Mme Ferrero-Waldner, à l'ouverture d'une conférence européenne sur l'énergie. A cet effet, la Commission européenne a adressé un projet de mémorandum aux autorités algériennes et devrait relancer les discussions au sujet de l'établissement du partenariat énergétique, en décembre prochain, à l'occasion d'une mission de l'Exécutif, à Alger. Dans un contexte relativement tendu avec la Russie, cette conférence intervient quatre jours avant un sommet UE-Russie où les Européens espèrent pouvoir lancer des négociations pour sécuriser les approvisionnements en provenance de leur principal fournisseur, conserver un accès aux réserves algériennes est d'une importance primordiale pour l'UE si elle veut maintenir au minimum sa dépendance en énergie à l'égard de la Russie. Dans sa stratégie énergétique, l'UE a placé l'importation et l'usage du gaz, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL), au rang de ses priorités dans les prochaines années. 10% du gaz consommé par l'UE provient d'Algérie et avec la perspective du doublement des exportations algériennes, ce niveau sera proche de celui exporté par la Russie, premier partenaire de l'UE en matière énergétique. L'Algérie semble s'imposer comme l'option pouvant réduire la dépendance énergétique de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie. Les différents accords bilatéraux signés avec les Espagnols, Italiens, Allemands et prochainement avec les Français, plaident pour cette option qui place l'Algérie au premier plan de la nouvelle politique énergétique européenne. Dans le cadre de sa politique de diversification des sources d'approvisionnement, l'UE envisage, également de renforcer ses relations avec d'autres pays exportateurs du Bassin méditerranéen comme l'Egypte (6e exportateur de GNL vers l'UE) et avec la Libye qui n'est pas liée par un accord d'association avec l'UE. La Syrie, ajoute Mme Ferrero-Waldner, émerge comme un centre d'activités gazières au Machrek, en raison des récentes découvertes de gaz sur son sol, et de son potentiel de transit pour la livraison du gaz à l'UE en provenance d'Irak, d'Egypte et d'autres pays du Golfe. L'UE œuvre, par ailleurs, à "intégrer progressivement" les marchés d'électricité du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et gazier du Machrek (Egypte, Jordanie, Syrie, Liban, Palestine, Israël) au marché européen de l'énergie. A long terme, indique-t-elle, l'UE vise à créer "une maison commune de l'énergie euro-méditerranéenne". Mais pour ce faire, l'UE devra trouver le moyen de parler d'une seul voix, notamment dans ses négociations avec la Russie. Chose qui tarde à venir puisque, entre-temps, les accords bilatéraux entre la Russie et les Etats européens, pris individuellement, prédominent toujours. Pour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, la réalité obligera les Européens à s'unir. "Le fait est que l'énergie était, jusqu'à récemment, un sujet oublié de l'ordre du jour européen", a-t-il estimé. Mais les interruptions de courant qui ont affecté, début novembre, une grande partie de l'Union européenne ont démontré que le dossier était revenu au centre de l'intégration européenne, comme il l'était il y a 50 ans. Avec une dépendance énergétique vis-à-vis des pays tiers de l'ordre de 50% et de 70% bientôt, sans changements radicaux, l'UE ne peut se payer le luxe de rester les bras croisés. La création d'un véritable marché européen de l'énergie avec d'importantes capacités d'interconnexion des réseaux va de pair, selon lui, avec une politique externe de l'énergie.