Le gaz, ressource énergétique, tend à devenir la nouvelle arme politique et une assurance-vie. La demande d'énergie croît en Europe. Les réserves de pétrole de la mer du Nord commencent à décliner. Confrontés à la perspective de devoir importer 70% de leurs besoins énergétiques au cours des 15 prochaines années, les 25 sont soucieux d'assurer la sécurité et la diversité de leurs approvisionnements. Dans un contexte relativement tendu avec la Russie, l'UE cherche à sécuriser ses approvisionnements en énergie tout en diversifiant ses fournisseurs afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Dans ce contexte, l'Algérie est fortement sollicitée. Dans cette perspective, l'Union européenne espère conclure «rapidement» un accord de coopération énergétique avec l'Algérie, selon la Commissaire européenne aux relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner. Dans ce sens, la Commission européenne souhaite un partenariat à long terme avec l'Algérie qui lui fournit 10% de sa consommation en gaz. Dans la perspective de doublement des exportations algériennes, avec les différents accords bilatéraux, ce volume devrait atteindre l'équivalent des exportations russes, premier partenaire de l'UE en matière énergétique. Aussi pour ce faire, l'UE a adressé un projet de «mémorandum» aux autorités algériennes afin de relancer les discussions au sujet de l'établissement du partenariat énergétique en décembre prochain, à l'occasion d'une mission de l'exécutif à Alger, a appris l'APS auprès de cette institution. Par ce mémorandum, l'UE tente de répondre à ses besoins en gaz naturel liquéfié, principale priorité des 25 pour les prochaines années. Du fait que le gaz, ressource énergétique, tend à devenir la nouvelle arme politique, d'une part, et une assurance-vie, d'autre part, l'Union européenne s'efforce, depuis quelque temps, d'élaborer une politique énergétique commune. «En tant qu'Union, nous sommes un client majeur pour les fournisseurs et en tant que consommateurs, nous avons un pouvoir d'achat considérable», a noté la commissaire européenne aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. «Nous devons travailler ensemble pour obtenir le meilleur accord et la plus grande sécurité pour tous les Européens», a-t-elle ajouté. En outre, l'UE craint que la Russie ne mette en place un «cartel gazier» à l'instar de l'Opep appelée à renforcer ses moyens de faire pression sur l'Europe. De l'avis des experts, le nouveau cartel aurait pour mission d'utiliser les matières énergétiques pour «réaliser des objectifs politiques, tout particulièrement dans les relations avec les pays voisins, notamment l'Ukraine et la Géorgie». En outre, ce tournant dans la stratégie énergétique de l'UE est dicté par le refus de la Russie, qui fournit 25% du gaz et du pétrole consommé par l'UE, de ratifier la charte de l'énergie de 1994 que Moscou refuse toujours d'appliquer car elle signifierait la fin du monopole du tout-puissant groupe étatique Gazprom. En outre, pour ne pas dépendre à l'avenir de l'Algérie qui alimente en gaz et électricité les pays de la rive sud de la Méditerranée, à l'instar de la France, de l'Italie et de l'Espagne, l'UE envisage également de renforcer ses relations avec d'autres pays exportateurs du bassin méditerranéen tel que l'Egypte (6e exportateur de GNL vers l'UE) et la Libye, même si cette dernière n'est pas liée par un accord d'association avec l'UE. La Syrie, qui émerge comme un centre d'activités gazières au Proche-Orient, en raison des récentes découvertes de gaz sur son sol, et de son potentiel de transit pour la livraison du gaz à l'UE en provenance d'Irak, d'Egypte et d'autres pays du Golfe, est aussi sur les tablettes de l'UE. A long terme, indique-t-elle, l'UE vise à créer «une maison commune de l'énergie euro-méditerranéenne».