Les chefs d'État de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) ont mis fin à leur sommet, hier, à Yokohama, au Japon, en adoptant une proposition favorisant la croissance. Elle suggère de poursuivre les accords de libre-échange et de réduire les mesures protectionnistes mises en place durant la crise financière. Les 21 pays membres, dont le Canada, ont mis de côté leurs différents relativement aux politiques en matière de devises afin d'exprimer un engagement fort quant à l'augmentation des échanges et des investissements, cruciaux pour la croissance et la reprise économique. Les leaders se sont également entendus sur le besoin de réduire le déséquilibre des échanges et la dette publique, et sur la nécessité d'éviter les trop grandes fluctuations des taux de change, potentiellement néfastes. Malgré ces ententes plutôt vagues qui n'ont débouché sur aucune mesure concrète à long terme pour favoriser le "retour à la santé" de l'économie mondiale, le premier ministre Stephen Harper s'est montré positif à l'issue du sommet. Il a déclaré que les Canadiens doivent réaliser qu'il n'y a pas de recettes miracles rapides pour solutionner les problèmes économiques de la planète. Les dirigeants de l'APEC, dont les présidents américain Barack Obama et chinois Hu Jintao, étaient réunis à Yokohama, au Japon, au lendemain du sommet des pays du G20 à Séoul dont les conclusions vagues n'ont pas été de nature à convaincre que le monde est mieux protégé des crises économiques. "Résultat de l'action concertée de la communauté internationale, l'économie mondiale se reprend lentement. Pourtant, la reprise n'est ni fermement établie, ni équilibrée, et il demeure des incertitudes significatives", a souligné Hu Jintao dimanche à Yokohama. Le dirigeant de la première puissance exportatrice de la planète a également déclaré que le protectionnisme progressait "de manière notable". Une croissance durable, a-t-il ajouté, ne dépend pas seulement du respect de l'environnement ou des matières premières, mais doit aussi s'appuyer sur une "soutenabilité des politiques budgétaires, monétaires, commerciales et industrielles et sur une réduction de l'instabilité macroéconomique et des risques". A l'instar du G20, les dirigeants de l'APEC se sont engagés dans leur communiqué final, à s'abstenir de toute dévaluation compétitive de leurs monnaies, un engagement qu'ils présentent comme crucial pour établir une croissance plus équilibrée et plus durable. "Nous nous dirigerons vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par les marchés, améliorerons une flexibilité des taux qui reflète les fondamentaux économiques sous-jacents et nous abstiendrons de dévaluation compétitive des devises", peut-on lire dans leur déclaration finale. Ils appellent également à des mesures visant à créer une zone régionale de libre échange en Asie-Pacifique (FTAAP), déjà évoquée l'année dernière lors de leur précédente réunion, à Singapour. L'APEC regroupe en son sein trois des économies les plus puissantes du monde (les Etats-Unis, la Chine et le Japon) et certains pays connaissant des taux de croissance parmi les plus élevés du moment. Au total, les pays de l'APEC représentent plus de 40% du commerce mondial. "Libéraliser et faciliter le commerce et les investissements continueront d'être l'objectif central de l'APEC", réaffirment-ils dimanche. Mais la réunion de Yokohama a mis en lumière les dissensions qui continuent de prévaloir entre certains de ses membres, à commencer par les Etats-Unis et la Chine. Washington argue que l'économie mondiale ne pourra se rétablir que si l'économie américaine est en voie de guérison, ce qui passe par une progression de ses exportations. Et estime que la Chine et son yuan qu'elle juge trop faible sont un obstacle sur cette voie. Samedi, à l'ouverture du forum de Yokohama, Barack Obama avait souligné que des pays tels que la Chine tablent trop sur leurs exportations pour soutenir leur croissance économique. Hu Jintao a répliqué en assurant que Pékin était engagée sur la voie d'une réforme de ses taux de changes mais que cette évolution se ferait graduellement. La Chine estime par ailleurs que le programme d'assouplissement quantitatif annoncé par la Réserve fédérale américaine, qui va injecter 600 milliards de dollars dans l'économie américaine en rachetant des emprunts d'Etat, vise à faire baisser le dollar pour favoriser les exportations américaines mais que cette politique risque de déstabiliser d'autres économies.