Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué vendredi que la crise post-électorale en Côte d'Ivoire a poussé quelque 2.000 Ivoiriens, pour la plupart des femmes et des enfants, à rejoindre en quête de sécurité le Libéria et la Guinée. "Le HCR continue de suivre très étroitement la situation dans et autour de la Côte d'Ivoire et nous avons pris des mesures pour intensifier notre capacité de réaction en cas de détérioration de la situation", a dit le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'une conférence de presse à Genève. "Nous espérons que les leaders ivoiriens résoudront la crise pacifiquement", a-t-il déclaré. Selon le HCR, environ 1.700 personnes ont traversé la frontière pour entrer dans le comté de Nimba, dans le nord-est du Libéria. Un autre groupe de 200 personnes est arrivé épuisé dans la région de Nzerekore en Guinée. "Les réfugiés ont tous fui depuis des villages situés entre les villes de Danane et Guiglo dans l'ouest de la Côte d'Ivoire", a préciséé M. Mahecic. "Ils ont indiqué au HCR avoir décidé de partir par précaution, car ils craignent l'instabilité et la violence alors que l'impasse politique persiste", a-t-il affirmé. Les équipes du HCR se rendent actuellement auprès des réfugiés dans les deux pays. "Nos équipes se rendant dans les zones frontalières enregistrent les nouveaux arrivants et évaluent les conditions pour répondre aux besoins les plus urgents", a indiqué M. Mahecic. Avant la crise actuelle, le HCR assistait quelque 13.000 réfugiés ivoiriens qui avaint trouvé refuge dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest après le déclenchement de la crise politico-militaire le 19 septembre 2002 dans leur pays, y compris 6.000 vers le Libéria, 4.000 vers la Guinée et 2.000 vers le Mali. Sur le front politique, secrétaire général de la présidence, Amadou Gon Coulibaly a indiqué que le statut de président d'Alassane Ouattara n'est pas négociable, alors que le président sortant Laurent Gbagbo, qui se dispute le fauteuil présidentiel avec M. Ouattara, évoque la possibilité de discussions pour dénouer la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. "Ce que nous attendons de Laurent Gbagbo, c'est qu'il quitte le pouvoir et que le président élu Alassane Ouattara prenne fonction", a déclaré vendredi M. Gon Coulibaly. Recevant jeudi la communauté ethnique du district d'Abidjan, Laurent Gbagbo a fait une offre de dialogue. "Asseyons-nous et discutons. Les gens tournent mais on finit toujours par s'asseoir. On attend toujours que ce soit froid pour discuter", a-t-il déclaré. "A partir du moment où le peuple a tranché, ce n'est plus une affaire de négociations", a estimé pour sa part M. Gon Coulibaly. "Une fois que Laurent Gbagbo aura quitté le pouvoir et qu'Alassane aura pris en main les charges de l'Etat, les discussions entre Ivoiriens sont possibles sur telle ou telle préoccupation que M. Gbagbo pourrait exprimer", a-t-il souligné. Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle par la Commission électorale indépendante (CEI) avec une "certification" de l'ONU. Les résultats ont été invalidés par le Conseil constitutionnel qui a proclamé Laurent Gbagbo élu. Les deux candidats au second tour ont formé chacun son gouvernement et mis en place des administrations respectives. Alassane Ouattara a le soutien de l'ONU, des grandes puissances et des institutions internationales, africaines et régionales qui menacent Laurent Gbagbo de sanctions s'il s'accroche au pouvoir.