La Chine connaîtra l'an prochain une inflation d'environ 4%, en partie liée aux politiques monétaires de relance des économies développées, a déclaré hier un haut responsable d'un organisme de recherche du gouvernement central. L'indice des prix à la consommation a atteint en novembre son plus haut niveau depuis la crise financière avec 5,1% de hausse sur un an. Le week-end dernier, les dirigeants chinois se sont engagés à donner des signaux indiquant qu'ils se tiennent prêts à agir au cas où la hausse des prix s'emballerait, lors d'une conférence économique annuelle. "Nous attendons l'an prochain une inflation de l'ordre de 4%", a dit M. Yu Bin, directeur du département de recherche en macro-économie du Centre de recherche sur le développement, excluant tout sérieux dérapage des prix. "L'offre monétaire excessive a engendré une pression sur les prix" notamment sur les produits agricoles qui sont "une cible facile de la spéculation liée aux liquidités excessives", a expliqué M. Yu. La politique de relance chinoise mise en place au moment de la crise financière s'est traduite par une expansion rapide du crédit et de la masse monétaire. "Les salaires dans l'industrie manufacturière ont significativement augmenté cette année" et ces hausses vont s'étendre aux services et au secteur agricole, a ajouté M. Yu. L'économiste a déclaré que l'injection massive de liquidités dans l'économie américaine créait un afflux de capitaux spéculatifs dans les pays émergents, notamment en Chine. "Nous sommes confrontés à une situation très complexe sur le plan intérieur et international", a poursuivi M. Yu, soulignant que le gouvernement chinois ne pouvait pas entièrement contrôler l'inflation dans le pays. "Il est très difficile de compenser l'inflation importée à travers les prix des matières premières sur le marché international en raison de la baisse du dollar, quelles que soient les mesures que nous prenions", a encore expliqué l'expert. La croissance devrait atteindre environ 9% en 2011 contre 10,3% cette année, tandis que les investissements en capital fixe progresseront de 20% contre plus de 24% cette année, a par ailleurs prédit Yu Bin. Notons par ailleurs que la Chine va probablement fixer une limite de 7.500 milliards de yuans (841 milliards d'euros) pour les nouveaux crédits l'an prochain, soit le même niveau que cette année, rapporte mardi un organe de presse officiel du pays, ce qui indique que la politique monétaire pourrait être légèrement plus souple que prévu. Le contrôle des émissions de crédits est l'un des principaux outils de politique monétaire en Chine. De nombreux acteurs du marché avaient supposé que Pékin abaisserait ses objectifs de nouvelles émissions pour l'année prochaine de manière à freiner les tensions inflationnistes. La hausse des prix s'est accélérée en novembre pour atteindre un plus haut de 28 mois, à 5,1%. La Chine va également avoir recours à des outils réglementaires pour restreindre les prêts l'an prochain, y compris exiger des banques qu'elles augmentent leur ratio de solvabilité et qu'elles fassent davantage de provisions pour les crédits risqués, a-t-il ajouté. La croissance économique de la Chine contraste avec celle, nettement plus faible, des autres pays qui ont fortement souffert de la crise financière. Mais les tensions inflationnistes se sont également accrues, conduisant la banque centrale à augmenter plusieurs fois cette année le taux des réserves obligatoires des banques et à relever une fois ses taux d'intérêt.