Le blé dur algérien est loin de répondre aux exigences des marchés local et international en matière de qualité. Et pour cause, les agriculteurs utilisent des méthodes traditionnelles dans la culture de ce produit très demandé dans l'industrie agroalimentaire. C'est, en substance, ce qui ressort des journées techniques sur la promotion de la filière des blés durs, tenues mercredi et jeudi derniers à Annaba. Les experts algériens et étrangers ayant pris part à cette rencontre organisée par le groupe Benamor ( agroalimentaire), étaient unanimes à considérer que le développement de la culture du blé dur en Algérie est tributaire de la vulgarisation des techniques agricoles modernes parmi les céréaliers. Des techniques qui doivent être intégrées à travers toutes les étapes de la culture du blé, à savoir du choix variétal de la semence jusqu'au stockage de la moisson, en passant par la fertilisation du sol et son désherbage. Dans cette optique, Mme Fatiha Sadli, experte en céréales, a avancé, dans sa communication, que le désherbage n'est appliqué que sur 2% de la superficie cultivée de blé dur en Algérie. R. Sayoud, phytopathologiste, a abordé l'aspect traitant de la prolifération des maladies, à l'exemple de la Septoriose, la Tache auréolée et la Carie. Des maladies, a-t-il dit, qui constituent les principaux aléas qui altèrent la qualité des blés. De son côté, S. Zitoune, expert-consultant international a focalisé son intervention sur la nécessité de maîtriser les procédés techniques inhérents au stockage des céréales. Selon lui, les agriculteurs doivent connaître le processus d'altération des grains et maîtriser les techniques de conservation pour se prémunir contre les risques liés au stockage des grains. C'est dans l'objectif de combler ces carences que le groupe Benamor a lancé son idée de relier les céréaliers de l'Est du pays à travers un réseau régional visant la promotion de l'usage des nouvelles techniques agricoles. Mohamed Laid Benamor, général manager du groupe, a déclaré, en ce sens, que la création de ce réseau permettra aux céréaliers impliqués d'acquérir la bonne semence et de bénéficier du savoir-faire des experts en agronomie mobilisés par le groupe à fin d'améliorer la qualité des blés durs locaux. En contrepartie, l'opérateur en agroalimentaire aura à assurer l'approvisionnement de ses unités de fabrication des pâtes alimentaires en produit de qualité sans recourir à l'importation, comme c'en est le cas actuellement. Laid Benamor a expliqué, à cet effet, que l'idée de lancer ce projet lui est venue après le succès d'un projet similaire qu'il avait lancé, il y a plusieurs années, dans la filière tomate. L'homme d'affaires a souligné que ce premier projet a permis à ses partenaires parmi les agriculteurs de quadrupler le rendement de leurs terres et a assuré à son groupe un approvisionnement suffisant en qualité et en quantité. Il est utile d'indiquer que le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, qui a donné le coup d'envoi de ces journées techniques, a exprimé le soutien des pouvoirs publics à cette initiative portant promotion de la qualité des blés durs. Benaïssa a estimé que le projet de Benamor s'inscrit en droite ligne avec les objectifs tracés par le gouvernement pour ce qui concerne la sécurité alimentaire. Signalons, enfin, que ces journées techniques ont regroupé près de 400 intervenants dans la filière, à l'exemple des agriculteurs et des minotiers ainsi que des experts nationaux et étrangers, venus de France, du Maroc et des Etats-Unis d'Amérique.