Les premières Assises nationales des industries agroalimentaires organisées à Alger ont mis à nu la dépendance de toute la filière de l'importation des intrants, indispensables au fonctionnement de l'industrie de la transformation. Encore une fois, la problématique du manque de la matière première refait surface et, avec elle, évidemment, c'est le débat entre les pouvoirs publics et les intervenants dans la filière qui est lancé. L'inquiétude sur l'avenir de cette activité qui emploie des milliers d'Algériens reste le sentiment partagé en attendant la concrétisation de la feuille de route censée donner un second souffle à l'industrie alimentaire. Pétrole contre nourriture L'Algérie peut-elle se vanter d'avoir une véritable industrie agroalimentaire ? La réponse est sans équivoque pour les experts et industriels ayant pris part à ces premières assises ; «nous avons encore du chemin à faire pour la mise en place de cette filière vitale pour la sécurité alimentaire». Lorsque les premiers concernés, à savoir les industriels se plaignent du manque de la matière première qui provient à presque 100% de l'étranger, il est donc aisé de déduire que la filière agroalimentaire survit au lieu de faire vivre des millions d'Algériens. La récurrente question des importations s'est, d'ailleurs posée, sans trouver de solutions dans l'immédiat. Encore une fois, c'est l'argent du pétrole qui est mis au service de cette industrie, comme pour le reste des autres secteurs, afin d'acheter les intrants. Le manque à gagner pour l'Etat est considérable, car les fruits de la politique mise en œuvre ne sont toujours pas récoltés. L'exemple de la filière lait renseigne à lui seul sur les difficultés de tout le secteur. Les subventions octroyées aux producteurs via les transformateurs n'ont pas eu pour le moment les résultats escomptés. La preuve, s'il en fallait une, la majorité des transformateurs de lait en produits dérivés comme les yaourts ou le fromage, mettrait la clé sous le paillasson, si jamais un jour la poudre de lait n'est pas achetée de l'étranger. Pourtant, outre cette subvention, des milliers de vaches laitières ont été importées, acquises par la suite par les agriculteurs grâce aux crédits bancaires. Mais l'absence de suivi et de contrôle conjuguée au manque de moyens comme l'aliment de bétail qui est également importé, a conduit ces vaches vers les abattoirs. Et la facture est toujours salée puisque l'Algérie a importé en 2009 pour près de 400 millions de dollars de poudre de lait malgré une baisse de 50% par rapport à 2008, résultat du fléchissement des prix sur les marchés internationaux. Plus grave encore, selon les dernières statistiques du Forum des chefs d'entreprise (FCE), communiquées lors des assises sur l'industrie agroalimentaire, « 70% de ce que retrouvent les Algériens dans leurs assiettes sont importés ». De quoi donner à réfléchir aux professionnels qui commencent déjà à évoquer des entraves occasionnées par la loi de finances complémentaire 2009 qui pénalise les entreprises en matière d'approvisionnement en intrants. L'agriculture… l'épine dorsale du développement Les experts s'accordent à dire que l'avenir de l'industrie agroalimentaire dépend grandement du produit agricole local et surtout de sa disponibilité. Mais force est de constater que la réalité est tout autre. Les deux secteurs sont, en effet, loin d'être complémentaires chez nous puisque l'intégration «en amont ne dépasse pas 15%». Est-ce à dire ainsi qu'il est plus facile pour les transformateurs d'aller chercher la matière première aux quatre coins du monde que de travailler directement avec les producteurs locaux ? Sans aucun doute, car c'est toute la stratégie de promotion du produit local qui a montré ses limites d'un côté, et de l'autre, le rendement faible de la production agricole qui répond à peine aux besoins des consommateurs. Le marché algérien est loin, en tout cas, des règles qui régissent les marchés européens par exemple, où la relation, producteur, distributeur et transformateur, a fait ses preuves, permettant aux différents intervenants de travailler dans la transparence et garantir l'autosuffisance. Il faudrait donc revoir le mode de fonctionnement de toute la filière agroalimentaire qui doit faire preuve d'innovation en matière de management. Car il est admis que c'est aux industriels de faire campagne auprès des producteurs en vu de créer cette synergie. En attendant, le ministère de l'Industrie a esquissé les grands axes de sa nouvelle stratégie qui se décline en actions à mener à moyen et à long termes. L'éternelle question de fond S'il est vrai que le nombre d'entreprises ayant vu le jour dans le secteur agroalimentaire a sensiblement augmenté ces dernières années, en revanche, leur contribution dans le PIB industriel est de 50% seulement. C'est peu si on prend en compte le nombre d'unités qui est actuellement de 17.000 et des emplois créés dépassant 120.000, soit 45% du personnel de tout le secteur industriel. Le département de Abdelhamid Temmar table alors sur 10% de plus de PIB industriel d'ici 2014. Pour ce faire, le ministre a confié la tâche d'élaborer un programme exhaustif à des « experts émérites » lequel programme sera lancé avant la fin de cette année et se prolongera jusqu'à 2014. Autre point nodal dans la stratégie du ministre, la création de nouvelles entreprises agroalimentaires dont le nombre est arrêté à 500 avec comme principal objectif 10.000 emplois à l'horizon 2014. En tout, ce sont plus de 20.000 entreprises et 30.000 travailleurs que comptera désormais tout le secteur, appelés à œuvrer pour assurer la sécurité alimentaire. Pour mener à bien cette mission, le ministre de l'Industrie ne lésine pas sur les moyens financiers. L'Etat interviendra pour injecter « 50 milliards de dinars » qui seront affectés au fonds de soutien au secteur de l'agroalimentaire. Mais s'agit-il seulement de débloquer des enveloppes et de les distribuer pour réussir l'intégration de la filière dans les marchés extérieurs notamment ? La mise à niveau des entreprises parait ainsi indispensable, d'autant que le nombre d'unités ayant réussi à imposer le produit algérien à l'étranger est insignifiant. En 2009, les résultats sont réellement mitigés avec seulement 97 millions de dollars d'exportation de produits agroalimentaires. Ce n'est qu'en redoublant d'efforts en matière de management et d'exploration de nouvelles opportunités à l'exportation que ces entreprises se frayeront une place sur les marchés internationaux. Sur ce plan, très peu de chose ou rien n'a été fait pour promouvoir l'image du produit algérien. Chez nos voisins, l'apport du partenariat dans ce domaine a permis aux produits marocains ou tunisiens de trouver preneur en Europe. A titre d'exemple, l'agroalimentaire au Maroc dégage une valeur ajoutée de 1,6 milliard d'euros annuellement. Le défi pour les entreprises algériennes qui disposeront à l'avenir de moyens conséquents est d'arriver à répondre aux exigences sanitaires et satisfaire les critères de qualité des pays développés. La concurrence s'annonce ainsi rude pour un secteur qui n'a pas encore acquis le savoir-faire nécessaire. En d'autres termes, la production nationale aura du pain sur la planche. R.E-H Les premières Assises nationales des industries agroalimentaires organisées à Alger ont mis à nu la dépendance de toute la filière de l'importation des intrants, indispensables au fonctionnement de l'industrie de la transformation. Encore une fois, la problématique du manque de la matière première refait surface et, avec elle, évidemment, c'est le débat entre les pouvoirs publics et les intervenants dans la filière qui est lancé. L'inquiétude sur l'avenir de cette activité qui emploie des milliers d'Algériens reste le sentiment partagé en attendant la concrétisation de la feuille de route censée donner un second souffle à l'industrie alimentaire. Pétrole contre nourriture L'Algérie peut-elle se vanter d'avoir une véritable industrie agroalimentaire ? La réponse est sans équivoque pour les experts et industriels ayant pris part à ces premières assises ; «nous avons encore du chemin à faire pour la mise en place de cette filière vitale pour la sécurité alimentaire». Lorsque les premiers concernés, à savoir les industriels se plaignent du manque de la matière première qui provient à presque 100% de l'étranger, il est donc aisé de déduire que la filière agroalimentaire survit au lieu de faire vivre des millions d'Algériens. La récurrente question des importations s'est, d'ailleurs posée, sans trouver de solutions dans l'immédiat. Encore une fois, c'est l'argent du pétrole qui est mis au service de cette industrie, comme pour le reste des autres secteurs, afin d'acheter les intrants. Le manque à gagner pour l'Etat est considérable, car les fruits de la politique mise en œuvre ne sont toujours pas récoltés. L'exemple de la filière lait renseigne à lui seul sur les difficultés de tout le secteur. Les subventions octroyées aux producteurs via les transformateurs n'ont pas eu pour le moment les résultats escomptés. La preuve, s'il en fallait une, la majorité des transformateurs de lait en produits dérivés comme les yaourts ou le fromage, mettrait la clé sous le paillasson, si jamais un jour la poudre de lait n'est pas achetée de l'étranger. Pourtant, outre cette subvention, des milliers de vaches laitières ont été importées, acquises par la suite par les agriculteurs grâce aux crédits bancaires. Mais l'absence de suivi et de contrôle conjuguée au manque de moyens comme l'aliment de bétail qui est également importé, a conduit ces vaches vers les abattoirs. Et la facture est toujours salée puisque l'Algérie a importé en 2009 pour près de 400 millions de dollars de poudre de lait malgré une baisse de 50% par rapport à 2008, résultat du fléchissement des prix sur les marchés internationaux. Plus grave encore, selon les dernières statistiques du Forum des chefs d'entreprise (FCE), communiquées lors des assises sur l'industrie agroalimentaire, « 70% de ce que retrouvent les Algériens dans leurs assiettes sont importés ». De quoi donner à réfléchir aux professionnels qui commencent déjà à évoquer des entraves occasionnées par la loi de finances complémentaire 2009 qui pénalise les entreprises en matière d'approvisionnement en intrants. L'agriculture… l'épine dorsale du développement Les experts s'accordent à dire que l'avenir de l'industrie agroalimentaire dépend grandement du produit agricole local et surtout de sa disponibilité. Mais force est de constater que la réalité est tout autre. Les deux secteurs sont, en effet, loin d'être complémentaires chez nous puisque l'intégration «en amont ne dépasse pas 15%». Est-ce à dire ainsi qu'il est plus facile pour les transformateurs d'aller chercher la matière première aux quatre coins du monde que de travailler directement avec les producteurs locaux ? Sans aucun doute, car c'est toute la stratégie de promotion du produit local qui a montré ses limites d'un côté, et de l'autre, le rendement faible de la production agricole qui répond à peine aux besoins des consommateurs. Le marché algérien est loin, en tout cas, des règles qui régissent les marchés européens par exemple, où la relation, producteur, distributeur et transformateur, a fait ses preuves, permettant aux différents intervenants de travailler dans la transparence et garantir l'autosuffisance. Il faudrait donc revoir le mode de fonctionnement de toute la filière agroalimentaire qui doit faire preuve d'innovation en matière de management. Car il est admis que c'est aux industriels de faire campagne auprès des producteurs en vu de créer cette synergie. En attendant, le ministère de l'Industrie a esquissé les grands axes de sa nouvelle stratégie qui se décline en actions à mener à moyen et à long termes. L'éternelle question de fond S'il est vrai que le nombre d'entreprises ayant vu le jour dans le secteur agroalimentaire a sensiblement augmenté ces dernières années, en revanche, leur contribution dans le PIB industriel est de 50% seulement. C'est peu si on prend en compte le nombre d'unités qui est actuellement de 17.000 et des emplois créés dépassant 120.000, soit 45% du personnel de tout le secteur industriel. Le département de Abdelhamid Temmar table alors sur 10% de plus de PIB industriel d'ici 2014. Pour ce faire, le ministre a confié la tâche d'élaborer un programme exhaustif à des « experts émérites » lequel programme sera lancé avant la fin de cette année et se prolongera jusqu'à 2014. Autre point nodal dans la stratégie du ministre, la création de nouvelles entreprises agroalimentaires dont le nombre est arrêté à 500 avec comme principal objectif 10.000 emplois à l'horizon 2014. En tout, ce sont plus de 20.000 entreprises et 30.000 travailleurs que comptera désormais tout le secteur, appelés à œuvrer pour assurer la sécurité alimentaire. Pour mener à bien cette mission, le ministre de l'Industrie ne lésine pas sur les moyens financiers. L'Etat interviendra pour injecter « 50 milliards de dinars » qui seront affectés au fonds de soutien au secteur de l'agroalimentaire. Mais s'agit-il seulement de débloquer des enveloppes et de les distribuer pour réussir l'intégration de la filière dans les marchés extérieurs notamment ? La mise à niveau des entreprises parait ainsi indispensable, d'autant que le nombre d'unités ayant réussi à imposer le produit algérien à l'étranger est insignifiant. En 2009, les résultats sont réellement mitigés avec seulement 97 millions de dollars d'exportation de produits agroalimentaires. Ce n'est qu'en redoublant d'efforts en matière de management et d'exploration de nouvelles opportunités à l'exportation que ces entreprises se frayeront une place sur les marchés internationaux. Sur ce plan, très peu de chose ou rien n'a été fait pour promouvoir l'image du produit algérien. Chez nos voisins, l'apport du partenariat dans ce domaine a permis aux produits marocains ou tunisiens de trouver preneur en Europe. A titre d'exemple, l'agroalimentaire au Maroc dégage une valeur ajoutée de 1,6 milliard d'euros annuellement. Le défi pour les entreprises algériennes qui disposeront à l'avenir de moyens conséquents est d'arriver à répondre aux exigences sanitaires et satisfaire les critères de qualité des pays développés. La concurrence s'annonce ainsi rude pour un secteur qui n'a pas encore acquis le savoir-faire nécessaire. En d'autres termes, la production nationale aura du pain sur la planche. R.E-H