Le développement d'une industrie agroalimentaire en Algérie ne peut se faire sans une véritable jonction entre le secteur de l'industrie de transformation et le monde agricole. C'est équation bien comprise, mais qui a besoin de temps pour se concrétiser. La passerelle entre l'agriculture et l'industrie agroalimentaire en Algérie est aujourd'hui ressentie comme une nécessité cruciale, car l'amélioration notable de la productivité agricole n'est pas suffisante, à elle seule, pour que se fasse cette jonction que les opérateurs économiques du secteur de l'agroalimentaire appellent de leurs vœux depuis des années. Il faut savoir, pour donner à voir le rôle de l'industrie agroalimentaire dans la sécurité alimentaire, que 70% des produits agricoles nécessitent une transformation avant d'être consommés, faisant ainsi de l'agroalimentaire le premier partenaire des agriculteurs et le deuxième maillon incontournable de la chaîne alimentaire. Ce que les sociétés modernes consomment aujourd'hui sur les marchés traditionnels où s'écoulent des produits directement arrivés des récoltes agricoles n'est rien comparé à ce qui est consommé à travers la grande distribution dans les grandes surfaces. Par ailleurs, l'industrie agroalimentaire est le secteur d'activité, dans le domaine industriel, qui réalise, dans des conditions optimum de production, le plus de valeur et les taux les plus élevés de croissance. Si elle peut donc tirer vers le haut le niveau et la qualité de la productivité agricole à travers une demande exigeante en produits de la terre, l'industrie agroalimentaire n'en est pas moins un secteur capital pour l'essor industriel, dont la compétitivité représente un enjeu majeur pour l'Algérie. Au jour d'aujourd'hui, il est plus aisé pour un chef d'entreprise algérienne de ramener les intrants et la matière première de l'étranger que de chercher des complémentarités et de l'approvisionnement au niveau local, celles-ci ne pouvant répondre à des paramètres de variété, de qualité, de quantité et de régularité. Une réalité qui oblige les opérateurs à se tourner vers l'importation et qui grève leur compétitivité dans un contexte de rude concurrence, voire une concurrence déloyale. Actuellement, et à la faveur de la dynamisation constatée du secteur agricole, les saisons de bonnes récoltes se succèdent avec des quantités excédentaires, et de plus en plus d'agriculteurs se rendent compte qu'ils ont besoin de débouchés, pour leurs produits, autres que les marchés des fruits et légumes. L'exportation et, avant elle, l'industrie agroalimentaire, constituent les alternatives idéales, mais de telles perspectives nécessitent la concertation la plus large et la mise en place d'une synergie entre tous les acteurs. D'une telle synergie pourraient sortir renforcées et l'agriculture et l'industrie agroalimentaire dans le sens où, en liant leurs destinées, elles pourraient contribuer, de manière autrement plus performante, à la sécurité alimentaire tant recherchée, et à la création de plus de richesses pour l'Algérie.