Alors que le gouvernement d'Alassane Ouattara est toujours retranché dans l'hôtel du Golf à Abidjan, le premier ministre désigné par M. Ouattara, Guillaume Soro, a appelé, hier, les Ivoiriens à 'la désobéissance au gouvernement factice' de son rival Laurent Gbagbo. Et ce 'jusqu'à son départ'. M. Soro s'est adressé aux Ivoiriens vivant 'dans les campements, villages et villes, de s'organiser, de se mobiliser et de manifester par tous les moyens jusqu'au départ de Laurent Gbagbo du pouvoir'. Depuis l'échec jeudi d'une marche des partisans de M. Ouattara contre la télévision d'Etat tenue par le partisans de Laurent Gbagbo, réprimée par les forces de l'ordre qui lui sont restées fidèles, 'nous dénombrons près de 200 morts et 1 000 personnes blessées par balles', assure Guillaume Soro. Selon un bilan des Nations unies, près de 50 personnes ont été tuées au cours du week-end. M. Soro n'hésite pas à affirmer que son pays 'connaît, en ce moment même, les heures parmi les plus sombres de son histoire'. 'Notre pays vit la pire des escalades dans la barbarie d'un clan, d'un régime fini, contre les populations civiles démunies et désarmées', a-t-il déclaré. Alors que la communauté internationale a haussé le ton contre M. Gbagbo, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire sur la Côte d'Ivoire, vendredi au Nigéria. La Côte d'Ivoire a déjà été suspendue de la Cédéao, dont les pays membres 'souhaient examiner les derniers développements (...) et voir comment nous pouvons y apporter une réponse collective'. De son côté, le Conseil de sécurité a décidé lundi de proroger de six mois le mandat de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) jusqu'au 30 juin 2011, avec un effectif de 8.650 membres. Le Conseil a aussi prolongé, jusqu'au 31 mars 2011, le déploiement temporaire du renfort de 500 hommes en Côte d'Ivoire, pays en proie à une crise politique après le second tour de l' élection présidentielle du 28 novembre. Selon une résolution adoptée à l'unanimité, le Conseil autorise également le Secrétaire général de l'ONU de prolonger de quatre semaines au plus le redéploiement temporaire de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) à l'ONUCI d'un maximum de trois bataillons d'infanterie et d'une unité aérienne constituée de deux hélicoptères de transport militaires. En outre, il a décidé de proroger jusqu'au 30 juin 2011 l' autorisation qu'il a donnée aux forces françaises de soutenir l' ONUCI dans la limite de leur déploiement et de leurs moyens. Dans la résolution, les membres du Conseil demandent " instamment à toutes les parties et acteurs ivoiriens de respecter la volonté du peuple et les résultats du scrutin, attendu que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l' Union africaine ont reconnu en M. Alassane Dramane Ouattara le Président-élu de la Côte d'Ivoire et le représentant des suffrages librement exprimés du peuple ivoirien, ainsi que l'a proclamé la Commission électorale indépendante." Les membres du Conseil de sécurité prient instamment "toutes les parties de collaborer pleinement à l'action de l'ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent, notamment en assurant leur sécurité et leur liberté de mouvement et en leur donnant un accès sans obstacle ni retard à tout le territoire de la Côte d'Ivoire." Ils demandent également à toutes les parties ivoiriennes concernées "à rétablir sans tarder les émissions des médias ivoiriens non publics" et d'éviter d'utiliser les médias pour inciter à la haine. Le Conseil de sécurité "réaffirme qu'il est prêt à prendre des mesures, y compris des sanctions ciblées, à l'encontre des personnes, qui entre autres agissements, menacent le processus de paix et la réconciliation nationale", selon la résolution. Notons enfin que le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies a indiqué hier que plus de 6.000 personnes, des femmes et des enfants, ont fui la Côte d'Ivoire à la suite des violences qui ont suivi le second tour de la présidentielle. Selon un porte-parole du HCR, environ 6.000 personnes ont gagné le Liberia et 200 autres la Guinée. Les Nations unies ont reconnu l'élection de l'opposant Alassane Ouattara lors du scrutin du 28 novembre mais le président sortant Laurent Gbagbo revendique la victoire et refuse de quitter le pouvoir