L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait songer à augmenter sa production ''dès maintenant'' afin de ne pas compromettre la reprise de l'économie mondiale, a indiqué, hier, le Centre for Global Energy Studies (CGES) dans son rapport mensuel. Pour le CGES, l'Opep ne produit pas suffisamment de pétrole pour répondre à la demande mondiale ''d'or noir'' dont les prix augmentent en conséquence comme ce fut le cas en 2007 et durant la première moitié de 2008. ''Vouloir des prix élevés lorsque l'économie mondiale atteint un taux de 5% est une chose, mais c'est une autre chose pour l'Opep quand l'économie mondiale a du mal à émerger de la récession'', écrit encore le CGES. Pour le cabinet fondé à Londres par l'ancien ministre saoudien du Pétrole, cheikh Zaki Yamani, l'Opep fonde actuellement son évaluation sur la question de savoir ''si oui ou non'' le marché est en équilibre sur les niveaux de stocks pour les économies développées de l'OCDE. Cela donne une image fausse de l'état du marché mondial du pétrole. Or, les stocks mondiaux de pétrole sont en baisse, ils sont même tirés vers le bas plus rapidement en dehors de la zone OCDE. Ainsi, le renchérissement du pétrole risque de compromettre la reprise économique et de contribuer davantage à la hausse de l'inflation et les pays producteurs ''devraient considérer cette donne'', souligne encore le CGES. La chose la plus importante au sortir de la récente réunion de l'Opep à Quito ''n'était pas l'accord de garder la production inchangée, qui avait été largement anticipé, mais l'indication claire que les membres de l'OPEP sont très satisfaits'' de voir les prix du pétrole atteindre les 90 dollars le baril'', estime par ailleurs le CGES dans son rapport. Les suggestions que la hausse des prix du pétrole pourrait faire dérailler la reprise économique et que le monde a besoin de plus de pétrole de la part de l'Opep ont été rejetées du fait que, selon les membres de l'Opep, le marché reste bien approvisionné et les cours du brut sont en hausse en raison de la faible valeur du dollar par rapport aux autres monnaies, relève le rapport. ''Or, sans une augmentation de la production de l'Opep, les stocks mondiaux vont continuer à baisser l'an prochain, à moins que la croissance se révèle être très faible, ce qui reste improbable'', précise le même rapport qui ajoute que '' l'Opep devrait regarder vers l'avant en augmentant sa production dès à présent, car au moment où les stocks auront diminué, ce sera trop tard''. Il est utile que le CGES a estimé dans son rapport du mois de novembre que les prix du pétrole devraient rester jusqu'en 2011 dans une fourchette entre 70 et 80 dollars. Selon les analystes du Centre, le scénario le plus plausible est celui d'un recul des prix moyens du baril de Brent à 74,80 dollars au quatrième trimestre 2010, puis à 71 dollars en début d'année prochaines avant de remonter légèrement à 75,10 dollars au deuxième trimestre 2011. Les prix du pétrole évoluent depuis plusieurs mois dans une fourchette étroite comprise entre 70 et 80 dollars. S'il y a une tendance perceptible, c'est tout au plus un léger mouvement à la baisse", a commenté le cabinet. Cette tendance devrait se poursuivre "alors que la croissance économique mondiale ralentit et que les consommateurs partout dans le monde adoptent une posture prudente", ce qui contribue à affaiblir la demande sur fond de stocks pétroliers croissants dans les pays industrialisés, selon le rapport. " notons que les prix du pétrole se stabilisaient hier en cours d'échanges européens, après être montés à leur plus haut niveau en plus de deux ans à Londres dans un marché aidé par un affaiblissement du dollar et toujours soutenu par la vague de froid en Europe et aux Etats-Unis. Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 92,81 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 7 cents par rapport à la clôture de lundi. Il avait grimpé vers 02H00 GMT jusqu'à 93,04 dollars, un niveau sans précédent depuis début octobre 2008. Dans les échanges électroniques New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, progressait de 15 cents à 89,52 dollars. Les cours du baril étaient notamment favorisés par un accès de faiblesse de la monnaie américaine face à l'euro, la monnaie européenne "grimpant de façon significative après l'annonce d'un soutien de la Chine aux mesures prises par l'Union européenne" pour aider ses membres les plus fragiles, relevait Filip Petersson, analyste de la banque SEB. Une dépréciation du billet vert rend plus attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs détenant d'autres devises.