Les experts du cabinet spécialisé Center for Global Energy Studies (CGES) sont encore revenus à la charge, cette semaine, pour réclamer une hausse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), afin d'éviter une nouvelle hausse des prix du pétrole. Ces derniers vont continuer à augmenter durant l'été si l'Opep n'augmente pas sa production, a estimé le cabinet spécialisé CGES dans son rapport mensuel publié lundi. Selon les experts du CGES, les cours devraient enregistrer entre les premier et deuxième trimestres une progression record. Au 25 juin, le prix moyen sur le trimestre d'un baril de pétrole a pris environ 10 dollars. A Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord a touché, le 18 juin, un plus haut depuis le 28 août 2006, à 72,25 dollars. Le baril de " Light Sweet Crude " est de son côté monté jeudi jusqu'à 69,85 dollars, un niveau plus vu depuis le 1er septembre. Pour le CGES, "cette hausse spectaculaire des prix du pétrole pourrait laisser penser que le monde manque de brut, et devrait apparaître comme un signe clair adressé aux membres de l'Opep qu'ils doivent mettre plus de pétrole sur le marché". S'appuyant sur des chiffres, ils précisent que, selon les dernières statistiques disponibles publiées ce mois-ci, l'Opep aurait produit en mai 30,03 millions de barils par jour (mbj), soit 82 700 bj de moins que le précédent, et 26,40 mbj pour l'Opep-10 (moins l'Angola et l'Irak). Usant de propos sévères à l'encontre de l'Opep, le CGES a ajouté que "les tensions géopolitiques grandissantes devraient agir comme un déclencheur pour une hausse de la production, et non comme un prétexte à l'inaction, si les producteurs sont sincères quand ils disent souhaiter un marché stable et bien approvisionné". Alarmiste, le cabinet a estimé qu'en cas de perturbation importante de l'offre, il faudrait "jusqu'à 12 semaines" pour que toute augmentation de la production de l'Opep soit répercutée à l'autre bout de la chaîne, alors même que les prix réagiraient immédiatement. Du côté des consommateurs, il semblerait que l'on fait une fixation sur l'augmentation de la production de l'Opep. En effet, l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), rattachée au DoE, a estimé, il y a une semaine, que l'Opep devait augmenter au plus tôt sa production de plus d'un million de barils par jour pour empêcher une hausse des cours du pétrole dans les mois à venir. De son côté, l'Opep a fait savoir à plusieurs reprises qu'elle n'envisageait pas d'augmenter sa production dans l'immédiat et qu'elle attendrait sa réunion ministérielle de septembre pour évaluer le marché et décider de la marche à suivre. L'Opep juge que les marchés du pétrole restent bien approvisionnés et que les fondamentaux du marché ne nécessitent pas de procéder à une augmentation de l'offre de l'organisation pour le moment. Le 23 mai, le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, avait déjà exclu une augmentation de la production de l'OPEP pour freiner la hausse des prix, indiquant qu'à son avis, "la flambée des prix du pétrole n'était pas due à l'insuffisance de l'offre". D'ailleurs dans son dernier rapport mensuel, l'AIE a jugé "inutile" l'offre excédentaire de 2,8 millions de barils par jour des producteurs de l'Opep. Car les difficultés de production dans les raffineries américaines empêchent leur mise sur le marché. Dans son rapport, l'AIE s'alarme également des stocks d'essence de l'OCDE "bien en dessous de leur moyenne de ces cinq dernières années".