Le corps des Douanes algériennes vient d'être ciblé par une opération de lifting. La publication, sur le Journal officiel, du décret exécutif n° 10-286 du 14 novembre 2010, traitant du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes, ne semble pas répondre aux attentes des douaniers. Ledit texte de loi précise, entre autres, les dispositions particulières applicables aux fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes. Pourtant, ce décret ne répond pas aux espoirs de la corporation. Chez les éléments de ce corps névralgique et sensible soumis à la tentation, le mécontentement est affiché. La nouvelle grille des salaires en est la principale raison. " De toute la fonction publique, le salaire du douanier est le plus bas. Aucune hausse n'a touché ce secteur depuis quatre ou cinq années ", affirme-t-on. Loin d'être motivante, celle-ci sème le pessimisme chez les douaniers. La hausse sur les salaires est considérée à quelque deux milles dinars. D'ailleurs, " beaucoup d'entre eux penseraient même à quitter cette fonction ! ", nous confie-t-on. Longtemps critiqué et accusé de tous les maux " économiques ", le douanier algérien reste sous payé. Un simple agent gagne à peine 19.000 dinars avec une ancienneté de plus de dix années. L'officier de contrôle qui porte deux étoiles et qui était classé à la 14 rétrograde à la catégorie 11 sur la nouvelle grille publiée sur le JO. Son expérience dépasse les 17 ans dans ce corps et lui permet de toucher à peine les 28.000 dinars, l'inspecteur principal parvient cahin caha à percevoir les 35 000 DA, le contrôleur général en chef qui se trouve en haut de la pyramide toucherait quelque 50.000 dinars. C'est comme si, tacitement, la hiérarchie reconnaît " l'affairisme au sein de la douane et l'approuve en préférant ne pas améliorer les salaires puisque les gens font du business ", ironisaient certains douaniers, qui reconnaissent que " certains de leurs collègues font des affaires " mais que " ce n'est pas tous les douaniers qui font montre d'indélicatesse. Ils sont peu nombreux à être dans des postes de " privilégiés " dans les ports et aéroports ", tente-t-on de se défendre. Ces salaires vont à contrario de l'article 8 du décret exécutif n° 10-286 du 14 novembre 2010 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes lequel stipule que " les fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes sont protégés contre toute forme de pression ou d'intervention de nature à nuire à l'accomplissement de leurs missions ou de porter atteinte à leur dignité (…)". Comment donc protéger ce corps qui a la charge de protéger l'économie et la sécurité du pays ? En souscrivant une déclaration de leur patrimoine comme le prévoit l'article 23 qui fait obligation aux " fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes, souscrire une déclaration de patrimoine dans le cadre des dispositions législatives et réglementaires en vigueur " ou respecter comme le dicte l'article 25 " (…) des règles de l'éthique professionnelle. Sous peine de poursuites judiciaires, il leur est formellement interdit de solliciter, d'exiger ou de recevoir, directement ou par personne interposée, en contrepartie d'une prestation effectuée dans le cadre de leurs fonctions, des présents, dons, gratifications ou avantages de quelque nature que ce soit ". Combien donc de douaniers touchant 19.000 DA doivent, à ce titre, " informer immédiatement leur autorité hiérarchique de tout acte de corruption en relation avec le service dont ils prennent connaissance ou de toute tentative de corruption dont ils font l'objet " ? Tous les ingrédients sont présents pour affaiblir ce corps, à commencer par les affectations d'office qui mettent les dernières forces de l'agent à rude épreuve. Dans son édition du 24 novembre 2010, le JO N° 71 518 rappelle dans son article 17 : "Les fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes, mutés pour nécessité de service, bénéficient du remboursement des frais de transport et de déménagement, conformément à la réglementation en vigueur ". Un agent affecté d'Oran vers Constantine ou Skikda doit dépenser son salaire puisque sa direction ne lui assure que le gîte dans un "célébatorium" comme le prévoit l'article 20 qui stipule que " Sauf dérogation expresse, les fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration des douanes doivent résider sur le territoire de la circonscription administrative où ils exercent. A ce titre, l'administration des douanes est tenue d'assurer l'hébergement aux fonctionnaires dépourvus de logement ". Une autre incitation à la débrouille !