Tout le monde ou presque a dit oui pour le projet de loi sur le cinéma présenté par le ministère de la Culture et voté ce dimanche à l'Assemblée nationale. Prévisible. Hormis les députés RCD qui se sont abstenus, la majorité était favorable à cette loi qui fut, à la fin du vote, vilipendée par le président de la commission de la culture, de la communication et du tourisme. Celui-là même qui selon la ministre de la Culture Khalida Toumi, a hissé lors des discutions avec les commissionnaires très haut cette loi. "Ce projet ne répond pas à la liberté d'expression et de l'innovation", a-t-il dit sur le tard. Présenté une première fois, le 23 novembre dernier, et discuté le 20 décembre, ce projet met un peu d'ordre dans un secteur en désordre depuis les années 90. Concrètement, qu'apporte de plus cette loi à un paysage cinématographique qui manque de tout, salles, boites publiques de production, école de cinéma, studios de tournages etc…D'abord, le cinéma coûte cher, il faut beaucoup d'argent pour tourner ne serait ce qu'un petit film, (plus de cinq milliards de centimes). Khalida Toumi qui a défendu son projet a eu son idée là-dessus : passer de 1 à 5% sur les prélèvements des recettes publicitaires. En clair, la Télévision algérienne devra reverser les dividendes de ces 5% qui iront directement vers la production. Et les salles ? Khalida Toumi qui avait préparé sa plaidoirie rappellera que 300 salles sont ou fermées ou détournées de leur vocation première. Il va falloir donc les récupérer, "non pas pour les gérer " comme elle l'a souligné mais pour les réhabiliter, c'est-à-dire leur redonner la mission qui originellement leur est dévolue. Pour cela, elle propose de mettre en place un cahier des charges et en amont, former des jeunes pour la gestion professionnelle de ces espaces. La plupart de ces salles, appartiennent aux collectivités locales qui ont toujours soutenu qu'elles n'avaient pas assez de moyens pour les remettre sur rail. Khalida Toumi leur propose mieux, des gestionnaires professionnels avec à la clef les bénéfices de ces salles qui, si elles se remettront à tourner et que le public retrouve leur chemin perdu, engrangeront énormément de sous qui iront dans les cagnottes des collectivités. Khalida Toumi ambitionne même de créer des studios de tournage qui profiteront à ces jeunes formés, en mettant de l'ordre dans un secteur en désordre. Article 9 et carte de sécu Dans cette loi, il y a deux articles sur lesquels il faut revenir : les articles 5 et 9 qui concernent la production de films sur la Révolution. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika, a donné le feu vert pour que toutes les productions cinématographiques qui concernent la Révolution, doivent être soutenues et même financées par l'Etat. Dans ces deux articles, il s'agit justement de soumettre tout projet filmique parlant de la Révolution et de ses symboles ; à l'accord préalable du gouvernement. Là aussi, les députés MSP, FNA et FLN ont été d'accord sauf qu'ils voulaient tous en savoir plus. L'article 9 ayant trait notamment aux conditions de délivrance de la carte professionnelle, a suscité moult remous au sein de l'hémicycle avant d'être adopté. Pas tout à fait claires, les conditions professionnelles de l'artiste ne lui permettent pas d'être affilié à la sécu, ce qui fait de lui un artisan qui travaille presque à la tâche et au noir selon les créations du moment. Mais qui est artiste et qui ne l'est pas ? Eh bien c'est le Conseil des arts et de la culture, une instance dont le texte a été lui aussi adopté par le conseil du gouvernement qui le dira. Sa mission principale serait de délivrer des cartes d'artistes, selon la ministre de la Culture, Khalida Toumi . Avec cette carte, tous les artistes seront identifiés en tant que tels, et du coup ils bénéficieront d'une couverture sociale. "Les artistes sont des travailleurs indépendants. Il est impossible de les considérer comme des fonctionnaires. Le cœur du problème de nos artistes c'est la couverture sociale. S'ils veulent accéder à une caisse de sécurité sociale, ils doivent être identifiés par une carte d'artiste", a expliqué la ministre. Il ne faut pas confondre ce conseil et cette carte avec le statut de l'artiste, vivement revendiqué par la famille des arts.