Pour Olivier Blanchard, Chef économiste du FMI, l'année 2011, elle aussi, sera vraisemblablement marquée par une reprise mondiale à deux vitesses : la faible croissance des pays avancés suffira à peine à faire baisser le chômage tandis que les pays émergents devront s'acquitter de la rançon de la réussite, notamment en évitant la surchauffe et en gérant les afflux massifs de capitaux. Dressant un bilan de l'économie mondiale en cette fin de 2010 et jetant un regard sur 2011, M. Blanchard a rappelé que les pays devraient continuer de rééquilibrer leur économie durant l'année à venir, notamment par des mesures structurelles et des ajustements de taux de change. "Sans ce type de rééquilibrage économique il n'y aura pas de reprise saine" a-t-il déclaré dans un entretien accordé au Bulletin du FMI, le magazine en ligne du Fonds monétaire international (FMI). Dans une interview publiée jeudi par le magazine en ligne de l'institution, IMF Survey, Olivier Blanchard explique qu'il est nécessaire que les pays rééquilibrent leur économie en laissant les taux de change évoluer plus librement. Il souligne également qu'il est vital pour les Etats de prendre des mesures visant à maîtriser leur dette. "Sans un rééquilibrage mondial, il n'y aura pas de reprise robuste", prévient-il. Le FMI a exhorté certains pays, comme les Etats-Unis, qui fondent leur croissance sur la consommation, à épargner et investir davantage. Les pays qui dépendent des exportations, comme la Chine, sont en revanche invités à encourager la consommation. La Chine a en effet engrangé un énorme excédent commercial en exportant des biens bon marché aux Etats-Unis et en Europe. Pékin a été l'objet de virulentes critiques, accusé de maintenir le yuan sous-évalué pour avantager ses exportations. Si Olivier Blanchard ne mentionne pas clairement la Chine, il sous-entend que le yuan doit flotter plus librement. "Le rééquilibrage est un processus complexe. La solution ne sera pas trouvée grâce à une seule mesure ou par un seul pays", "mais l'ajustement des taux de change fait partie intégrante de ce processus." Il estime par ailleurs que les pays européens auraient été confrontés à d'importantes difficultés même si la crise mondiale avait été évitée en 2007. "Ils ont augmenté excessivement la demande intérieure, en se fondant sur des prévisions bien trop optimistes, et certains ont donc alimentés un important déficit budgétaire." Olivier Blanchard prévoit notamment des temps particulièrement difficiles à venir pour la Grèce et l'Irlande.