La reprise économique mondiale " a commencé ", a annoncé l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, dans un article publié mardi. " La soutenir (la reprise) nécessitera des actes de rééquilibrage délicats, à l'intérieur et à travers tous les pays ", a déclaré M. Blanchard dans un article intitulé " Soutenir une reprise mondiale ". L'article apparaîtra dans l'édition de septembre du magazine Finance & Development du FMI. M. Blanchard a averti que les modèles prévisibles basés sur les reprises passées des récessions ne s'appliqueront pas au pire effondrement mondial en sept décennies. " Dans les récessions normales, aussi dérangeantes soient-elles pour les affaires et les emplois, les choses sont assez prévisibles. L'actuelle récession mondiale est loin d'être normale, " a-t-il souligné. " Le monde ne traverse pas une récession ordinaire. Le redressement ne sera pas simple. La crise a laissé de profondes cicatrices, qui affecteront autant l'offre que la demande pendant de nombreuses années à venir ", a-t-il observé. De plus en plus de données publiées récemment indiquent que la récession actuelle arrive à sa fin. De nombreux économistes espèrent que l'économie américaine, qui est au centre de la crise financière, rebondira au troisième trimestre de cette année. M. Blanchard a ajouté que soutenir la reprise naissante devrait requérir des actes de rééquilibrage délicats, aux niveaux national et international. La compréhension des problèmes en jeu et les dangers, ainsi que la coordination entre les pays devraient être aussi cruciaux pendant les prochaines années qu'ils ne l'étaient pendant le moment le plus intense de la crise. Le Fonds monétaire international a pour la première fois depuis l'automne 2007 revu mercredi à la hausse sa prévision de croissance pour l'année à venir. Le PIB de l'économie mondiale devrait progresser de 2,5 % en 2010, ont annoncé mercredi ses économistes, au lieu du 1,9 % qui était attendu en avril dernier, lors du précédent diagnostic. Mauvaise nouvelle, le FMI a légèrement dégradé son estimation pour 2009, l'activité économique reculant de 1,4 % au lieu de 1,3 %. "Les facteurs de récession s'atténuent, mais la reprise s'annonce timide", résument les experts. Tout en saluant "un soutien macroéconomique et financier sans précédent des pouvoirs publics", ils estiment que "les forces propices à l'activité restent faibles". Ils notent que "de nombreux marchés immobiliers n'ont pas encore touché le fond". Les pays émergents ou en développement seront les plus allants, avec une croissance de 1,5 % cette année et de 4,7 % l'an prochain. Ces performances reflètent essentiellement celles de la Chine (+ 7,5 % en 2009 et + 8,5 % en 2010) et de l'Inde (+ 5,4 % et + 6,5 %). À l'inverse l'Amérique latine sera en récession cette année et plus encore l'Europe de l'Est et la Russie. De son côté le "groupe des pays avancés ne devrait pas connaître de reprise soutenue de l'activité avant le second semestre de 2010". Les États-Unis s'en sortiront un peu moins mal cette année (- 2,6 %) que la zone euro (- 4,8 %), et ils devraient renouer avec une croissance positive de 0,8 % en 2010 alors que l'Union monétaire européenne subirait encore un repli de 0,3 % (en moyenne annuelle). Le FMI justifie sa prévision pessimiste par le fait que "l'ajustement du marché du travail n'a pas encore eu lieu". De même le sort de la France (- 3 % en 2009 et + 0,4 % en 2010) serait moins négatif que l'Allemagne (- 6,2 % et - 0,6 %). Si le pire semble derrière nous et "les risques extrêmes ont diminué sensiblement", le FMI n'exclut pas que "les perspectives risquent encore d'être révisées à la baisse". De son côté, l'Institut autrichien de recherche économique (WIFO) a annoncé mardi que l'économie mondiale se stabilisera davantage au troisième trimestre 2009. Le WIFO a indiqué dans son rapport que la récession économique mondiale montre des signes de modération et que la baisse du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis et de la zone euro a ralenti au second trimestre cette année. De plus, le stock mondial a enregistré une tendance à la baisse depuis le début de l'année. " Cette baisse du stock continuera de contribuer à la stabilité " de l'économie, selon le WIFO. Cependant, le rapport a également montré que l'économie mondiale restera fragile pendant longtemps. Il est impossible pour l'économie mondiale de reprendre en un court laps de temps à cause des problèmes comme le taux élevé du chômage, a indiqué le communiqué. Des problèmes comme le taux élevé de chômage diminuera de manière considérable la croissance de la consommation, notamment dans les grandes économies comme les Etats-Unis et la Grande- Bretagne, a ajouté le WIFO.