La zone euro a seulement une chance sur cinq de survivre dans sa forme actuelle au cours des dix prochaines années en raison des déséquilibres de compétitivité entre ses membres, a déclaré vendredi un cercle de réflexion britannique. Le Centre for Economics and Business Research (CEBR) a souligné que l'Espagne et l'Italie devraient avoir à se refinancer à hauteur de 400 milliards d'euros en emprunts d'Etat au printemps prochain, ce qui pourrait potentiellement déclencher une nouvelle crise dans la zone. "L'euro pourrait prendre fin à ce moment, même si les dirigeants européens sont normalement capables de répondre à la crise", a dit le directeur général du CEBR, Douglas McWilliams lors de l'énumération de dix prévisions pour 2011. Les crises de la dette souveraine en Grèce et en Irlande ont fait tanguer les pays européens cette année, conduisant certains commentateurs à parier que l'Allemagne pourrait finalement perdre patience à force d'aider ses voisins aux finances publiques moins bien gérées, ce qui provoquerait une division au sein de la zone. La chancelière Angela Merkel a régulièrement insisté sur l'engagement de Berlin envers l'euro et l'a répété dans son message au pays pour la nouvelle année vendredi. "L'euro est la base de notre prospérité", a-t-elle dit. "L'Allemagne a besoin de l'Europe et de la monnaie unique. Pour notre propre bien-être et afin de surmonter les grands défis dans le monde. Nous, Allemands, assumons notre responsabilité, même quand cela est parfois difficile", a-t-elle souligné. Douglas McWilliams a soutenu qu'un creusement des déséquilibres de compétitivité entre les économies fortes et faibles de la zone euro, qui sont devenus de plus en plus criants depuis la crise financière de 2008, pourrait ébranler le projet à long terme. "Je pense que ce qui mettra fin à l'euro sera l'échec de la plupart des pays à adopter les remèdes contraignants nécessaires pour rendre leurs économies compétitives à plus long terme", a-t-il déclaré. "Nous lui donnons seulement une chance sur cinq de survivre dans sa forme actuelle au cours des dix prochaines années. Si l'euro ne prend pas fin, cela pourrait être l'année pendant laquelle il s'affaiblira significativement par rapport au dollar", a-t-il ajouté. L'arrivée de la nouvelle année s'accompagne d'un changement de monnaie en Estonie. Dès minuit, les quelque 1,3 million d'Estoniens passeront de la couronne estonienne à l'euro. Les distributeurs automatiques, fermés vendredi, ont été approvisionnés en conséquence. Il s'agit du troisième pays d'Europe de l'Est à adopter l'euro, après la Slovénie et la Slovaquie. Le pays représentera moins de 1 % des 9500 milliards d'euros de l'économie de la zone euro. Bien que le gouvernement présente la conversion comme avantageuse pour l'économie du pays, de nombreux Estoniens craignent des hausses des prix et s'inquiètent des difficultés que connaît l'euro, alors que d'autres regrettent leur monnaie, introduite en 1992 pour remplacer le rouble soviétique. La couronne restera en circulation parallèlement à l'euro jusqu'à la mi-janvier. Elle pourra être échangée dans certaines banques jusqu'à la fin 2011, et sur une période illimitée à la Banque centrale d'Estonie.