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Face à des solutions de replâtrage, ne s'oriente t-on pas vers une hyperinflation planétaire horizon 2014/2015 ?
Crise mondiale
Publié dans Le Maghreb le 17 - 06 - 2009


Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université- Economiste La crise économique et financière va durablement peser sur la croissance mondiale, et la demande intérieure des pays émergents reste trop faible pour compenser la récession des pays développés, selon une étude de l'assureur- crédit Euler Hermes SFAC publiée le 11juin 2009. Je cite : “le PIB mondial, au mieux stabilisé au niveau de 2006-2007 en 2010, ne retrouvera qu'une croissance modérée à moyen terme”.Depuis dix ans, la dynamique mondiale a été portée par la demande des pays de l'OCDE, poussée par le crédit, et cette demande était aussi le moteur extérieur des pays émergents, leur demande intérieure, encore trop faible, ne pouvant pas servir de locomotive de la croissance mondiale à ce stade. Aussi selon cette étude, la croissance mondiale devrait rester inférieure à sa tendance de 4% pendant quelques années pour revenir à l'équilibre. Même si on s'attend à ce que la croissance reparte dans le courant 2010, le rythme de la reprise est incertain et les pauvres dans bien des pays en développement continueront de souffrir des retombées, selon Zoellick directeur général de la Banque Mondiale , lors de la réunion des ministres des Finances du Groupe des Huit (G8) en Italie le 11 juin 2009. Le Fonds monétaire international (FMI) pour sa part a relevé sa projection de croissance mondiale pour 2010 à 2,4%, alors qu'il anticipait 1,9% en avril, paradoxe, et discours contradictoires,le directeur général de l'organisation mondiale du commerce (OMC) à la même réunion du G8 considère " qu'aucun indicateur à ce jour ne permet de fixer un horizon au retour de la croissance " d'autant plus que production industrielle pour la zone euro et aux USA connaît un déclin inégalé pour 2009 selon le rapport d'Eurostrat de juin 2009. Dans la même lignée, dans un rapport, publié le 2 juin 2009 à Londres, le Centre for Economics and Business Research (CEBR) indique que l'Alena (Canada, Etats-Unis, Mexique) et l'Union européenne ne parviennent plus à produire la majorité du PNB mondial. La communauté transatlantique représentait 60 à 64 % de l'économie mondiale à son apogée, dans la période 1995-2004. Elle ne représentera que 49,4 % en 2009. La chute devrait se poursuivre, pour tomber à 45 % en 2012. Cela rejoint la déclaration en date du 5 juin 2009 du président russe Dmitri Medvedev, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg qui pense que la crise financière et économique internationale provoquera un "reformatage" du monde et modifiera le peloton de tête du développement économique. " En fin de compte, les leaders du développement économique changeront, tout comme le modèle de comportement dans la sphère économique et les modes de fonctionnement des marchés économiques. Il est vrai, les nouveaux modèles qui verront le jour au cours des prochaines années, devront prouver leur efficacité ", toujours selon le président russe.Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke déclare ( Reuters 03 juin 2009) que l'augmentation de la dette américaine contribue à faire monter les taux d'intérêt à long terme et qu'il est temps de commencer à travailler aux moyens permettant de réduire les déficits, rejoint par la présidente de la Banque de Réserve fédérale de Cleveland, Sandra Pianalto, à l'occasion d'une conférence devant des investisseurs et chefs d'entreprise le 8 juin 2009.Je cite : " l'Etat américain, confronté à un important déséquilibre budgétaire, ne pourra pas poursuivre indéfiniment son soutien à l'économie. Il n'est ni possible ni souhaitable que les dépenses fédérales se maintiennent à un niveau aussi élevé ". Car la commission du Budget du Congrès américain évalue à 1.800 milliards de dollars le déficit de l'Etat fédéral en 2009 et le déséquilibre budgétaire considérable du pays impose un certain nombre de mesures difficiles en matière de politique budgétaire. Mais cela n'est pas propre aux USA comme en témoigne l'explosion des déficits budgétaires pour l'ensemble des pays européens dont le dernier chiffre en date communiqué par Bercy pour la France de 72 milliards d'euros (plus de 100 milliards de dollars) sans compter les déficits des pays émergents. La reprise permettra t- elle d'absorber cette importante injection monétaire sans précédent dans l'histoire du capitalisme comme le postule la théorie keynésienne raisonnant au sein de structures élastiques et d'Etats-Nations (relance de la demande globale, consommation et investissement) et le blocage n'est -il pas mondial (fait nouveau -interdépendance des économies), donc d'ordre structurel et la solution n'est-elle pas globale ? II- S'orientet-on vers un Weimar à l'échelle planétaire ? C'est dans ce sens que les avertissements adressés aux banques centrales par la chancelière allemande Angela Merkel, les alertant contre le danger d'une politique inflationniste et surtout l'intervention de Jacques Attali,économiste et expert mondial connu, connaissant fort bien le fonctionnement du système monétaire international, montent des signes d'inquiétudes qui contrastent avec les déclarations rassurantes de bon nombre de dirigeants. Pour Jacques Attali devant le Forum international économique et financier (FIEF), où il évoqua le danger d'une hyperinflation semblable à celle de l'Allemagne en 1923. Je cite Attali : " le scénario du pire est vraisemblable, celui d'une grave dépression et d'une inflation importante. Je le dis comme je le pense : le monde n'est pas loin de s'engager sur le chemin d'un Weimar planétaire. Si le pire n'est pas certain, il n'en demeure que le scénario du pire est le plus probable ". Selon cet économiste, la dette totale des Etats-Unis, quand on additionne les acteurs privés et publics, représentent en janvier 2008 l'équivalent de 350% du PIB américain, plus élevée qu'en 1929, quand elle n'a jamais dépassé les 300%. Un an plus tard, en janvier 2009, cette dette représente 500% du PIB et atteint 54000 milliards de dollars. Ce que l'on fait avec les plans de renflouement des banques est comparable à donner de l'oxygène à un accidenté de la route. Au lieu de le transporter à l'hôpital, on tente de le faire survivre en lui donnant de l'oxygène. L'auteur énonce un autre chiffre inquiétant qui est le lien entre les encours et les fonds propres des banques. Les encours montent à environ 84000 milliards et les fonds propres ne représentent que 4000 milliards, c'est-à-dire un ratio de vingt. Cette proportion ne doit jamais dépasser les 15%, alors que pour certaines banques le ratio dépasse les 50. 1800 milliards de dollars étant allés aux banques américaines dont les fonds propres ne dépassent guère les 1300 milliards. Cela signifie " qu'elles sont, à ce point, techniquement en faillite ". La situation est identique pour les banques britanniques, mais également européennes dans la mesure où les difficultés du système bancaire s'expriment par la différence entre la valeur des banques en bourse et la valeur qu'ils affichent sur le papier, la valeur de certaines banques européennes étant à peu près la moitié de leurs fonds propres, possédant des actifs toxiques qu'elles refusent de faire apparaître dans leurs comptes. Certes l'argent peut être comparé au sang de l'économie du fait que la crise du crédit démontre, que l'économie est dépendante d'une infusion permanente de crédits. Dès que les banques fournissent un peu moins de crédit, des entreprises font faillite et les congédiements massifs se succèdent. Mais la cause principale de la crise du crédit ne se trouve t-elle pas dans le fonctionnement du système monétaire mondial lui même d'une part et d'autre part avec cette suprématie du dollar qui représente, bien qu'en diminution relative, plus de 60% des transactions mondiales ? Et il faut se demander si les banques internationales ont respecté scrupuleusement les Accords de Bale de 1988 qui stipulent l'exigence de 8% de capital est la norme encore que les Accords de Bâle de 2006 offrent aux grandes banques plus de possibilités pour choisir elles-mêmes la méthode la plus favorable pour calculer leurs risques ? Sur les logements souvent une banque n'a besoin de réserver que 4% de la somme équivalente en capital et pour 1 euro de capital, elle peut fournir 25 euros de prêts. Pour des prêts à d'autres banques c'est, en général, encore moins, pouvant assister à des effets de multiplication et un divorce croissant entre la sphère financière (une financiarisation accrue) et la sphère réelle qui combiné au divorce dans le partage du revenu entre salaires en diminution (expliquant l'accroissement de l'endettement des ménages) et profits souvent spéculatifs, sont à l'origine de la crise actuelle. à suivre...

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