Les tensions sur l'équilibre offre-demande de gaz sont probables dès 2013-2014, prévoit l'économiste en chef de Cedigaz, Armelle Lecarpentier dans un entretien à la revue Pétrole et gaz arabes (PGA) parue jeudi dernier. Dans les prochaines années, la demande globale augmenterait plus rapidement que l'offre, à un rythme de l'ordre de 2,5-3%/an sur la base d'une croissance économique soutenue dans la zone OCDE (+ 2,5%/an) et d'un rebond de la consommation de gaz pour les besoins industriels et électriques dans de nombreux pays en développement, aux premiers rangs desquels la Chine, l'Inde et le Brésil, a-t-il estimé." Cependant, du côté de l'offre, de nombreux projets de développement et de production ont pris du retard, celle-ci étant souvent liée à un manque d'investissements étrangers dans les pays producteurs. Les courbes d'offre et de demande pourraient ainsi se rapprocher rapidement, avec l'émergence de tensions probables, plus importantes que de simples sursauts conjoncturels, à partir de 2013-2014 ", a-t-il prévenu. Avant cette échéance, l'économiste prévoit que la demande mondiale de gaz naturel devrait poursuivre sa croissance dynamique en 2011, sous l'impulsion des marchés émergents et en voie de développement, en particulier dans deux régions, l'Asie et le Moyen-Orient, qui ont, selon lui, fortement renforcé leur présence sur la scène internationale du gaz ces dernières années. Par ailleurs, les prix du gaz devraient rester compétitifs dans la plupart des pays industrialisés, les prix du charbon restant sous pression en raison notamment de la demande chinoise, a-t-il ajouté, relevant cependant que la reprise de l'activité économique et industrielle a montré des signes de fragilité au second semestre 2010 et que les incertitudes économiques pesant sur la zone OCDE, en particulier en Europe, laissent présager une croissance de la production globale en 2011 moins forte que celle enregistrée en 2010. Selon Cedigaz, la production commercialisée globale progressera à un rythme d'environ 2,5% en 2011. Après une chute historique en 2009, la production mondiale de gaz devrait afficher une croissance de 4% cette année, stimulée par la reprise économique mondiale et un climat plus rigoureux, a annoncé vendredi l'association internationale Cedigaz dans un communiqué. En 2009, l'industrie gazière avait connu une "année noire" pendant laquelle la production mondiale avait enregistré un "déclin record de 2,8% sous l'effet de la récession économique et du ralentissement de l'activité industrielle", rappelle Cedigaz. Cette année, l'industrie gazière a au contraire profité du "rebond de l'activité économique et industrielle", auquel s'ajoutent "des températures plus froides que la moyenne et des prix du gaz compétitifs" dans les pays développés, indique l'association. Le rebond de 2010 amènera la production à un niveau supérieur d'environ 1% à celui de 2008. A moyen terme, Cedigaz prédit une disparition de la "bulle gazière", c'est-à-dire une réduction des surcapacités de production de gaz au niveau mondial. "L'écart entre la demande et l'offre disponible globale se resserre fortement dans les prochaines années, annonçant l'émergence de tensions probables à partir de 2013", souligne l'association. Quant aux nouveaux gisements de gaz non-conventionnels (gaz piégé dans le schiste notamment), ils "jouent un rôle très important aux Etats-Unis", remarque Cedigaz. La production brute de gaz de schiste représente dans ce pays environ 14% de la production nationale. Toutefois si l'Australie, la Chine, l'Inde, la Russie et l'Indonésie "offrent des potentiels importants de développement de ce type de ressources", cela ne devrait pas avoir d'impact notable sur la production mondiale "avant 2017-2020". Créée en 1961 sous l'impulsion de l'Institut français du pétrole et de compagnies pétrolières et gazières, Cedigaz regroupe aujourd'hui près de 150 membres dans 40 pays.