L'ensemble des économistes s'accordent à dire que la stabilisation des prix des denrées alimentaires passe par la promotion de la production. Hors malgré les potentialités dont dispose l'Algérie, la production de produits alimentaires de base n'a pas été introduit au registre des priorités du département de l'Agriculture, les fellahs algériens se contentant de développer l'arboriculture, les produits maraîchers et céréaliculture pouvant à peine couvrir nos besoins en blé dur, laissant le soin aux importateurs de combler la demande en blé tendre. Pour ce qui est du sucre roux et des graines oléagineuses, la question a été évacuée. Pourtant l'unité Enasucre de Khemis Miliana disposait des capacités nécessaires pour la production de betterave à sucre, au niveau du périmètre de Sidi Lakhdar. Malheureusement déstructurée, cette dernière a été fermée et oubliée. Une seconde unité Enasucre à Guelma devait aussi faire dans la betterave à sucre. Pour sa part, le patron du group privé Cevital plaide depuis 7 années pour la production de graines oléagineuses dans la région des Hauts-Plateaux, estimant que les oléagineux peuvent se substituer à la jachère. Aujourd'hui les pouvoirs publics semblent enfin prendre conscience de l'enjeu de la production. Ainsi, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a évoqué hier les possibilités de relance de la production de la betterave sucrière et de développer la culture des oléagineux en réunissant tous les facteurs nécessaires à leur développement. "Des projets appartenant à des opérateurs privés et à des fermes pilotes sont à l'étude pour la reprise de la production de la betterave à sucre et le développement des cultures oléagineuses" pour la production d'huile de table. M. Benaïssa, qui répondait à une question sur la possibilité de produire ces matières premières pour les besoins en sucre et en huiles de table, a noté toutefois que ces cultures, qui font partie du programme sectoriel de renforcement de la sécurité alimentaire, demandaient des quantités importantes d'eau. S'exprimant sur les prix et la disponibilité de certains produits agricoles sur le marché, M. Benaïssa a affirmé que les systèmes de régulation (céréales, lait et pomme de terre) fonctionnent correctement sur le terrain. A propos de la hausse des prix de certains produits sur le marché, le ministre a souligné que le système de régulation pour les productions agricoles "est une obligation naturelle", parce que ces productions sont saisonnières alors que la demande est quotidienne. Il a estimé, dans ce contexte, qu'il faudrait renforcer l'intégration entre la production agricole, l'industrie agroalimentaire et le marché. Notons par ailleurs que le conseiller du ministre du Commerce chargé de la Communication, M. Farouk Tifour a indiqué hier que les prix des produits de large consommation, dont le sucre et l'huile, seront bientôt "régulés" par l'Etat à la faveur de l'entrée en vigueur des textes d'application des lois relatives aux pratiques commerciales et à la concurrence. L'Etat pourra ainsi "intervenir à travers trois principaux instruments que sont le plafonnement, la fixation ou l'homologation des prix de certains produits alimentaires et industriels" afin d'"éradiquer toute forme de spéculation à l'origine d'une flambée injustifiée des prix", a-t-il poursuivi. "Les ministères du Commerce, de l'Agriculture et de l'Industrie se penchent actuellement sur la définition d'un panier de produits de large consommation qui seront gérés par ces trois instruments", a-t-il précisé, assurant que son département ministériel, qui "suit de très près l'évolution des prix", était "plus que jamais déterminé à préserver le pouvoir d'achat des citoyens". Les agents économiques concernés par la vente de ces produits seront "obligés" à déposer les structures des prix de leurs marchandises et services et à respecter les marges de bénéfices qui seront fixés par l'Etat, a-t-il encore expliqué, rappelant que les sanctions à l'encontre des contrevenants à ces nouvelles règles seront "sensiblement durcies". Revenant sur la déclaration du ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada qui avait assuré dimanche que les prix du sucre et d'huile allaient baisser davantage dès la mi-février, M. Tifour a expliqué que le recours à l'importation des matières premières entrant dans la transformation de ces deux produits (bénéficiant de réductions fiscales et douanières) ne se fera qu'à la mi-février après l'épuisement de leurs stocks actuels.