Les Palestiniens ont annoncé hier que leur négociateur Saëb Arekat se rendra aujourd'hui à Washington pour des entretiens jeudi avec des hauts responsables américains dans le cadre des efforts pour une relance du processus de paix israélo-palestinien et la fin de la colonisation, principal obstacle à la paix. M. Arekat, cité par l'agence de presse palestinienne Wafa, a affirmé qu'il se rendra demain à Washington pour s'entretenir avec des responsables américains, dont l'émissaire au Proche-Orient George Mitchell. Les discussions seront notamment axées sur les derniers développements dans les territoires palestiniens occupés et les efforts en vue de relancer le processus de paix, dans l'impasse à cause de la poursuite de la colonisation israélienne. Le négociateur palestinien a fait savoir qu'il transmettra aux responsables américains un message du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, réaffirmant les exigences des Palestiniens concernant la colonisation israélienne avant toute reprise des discussions de paix avec les Israéliens, et dénonçant les exactions israéliennes dans les territoires occupés, en particulier la démolition de maisons, la colonisation, et les expulsions des Palestiniens. Saëb Arekat a également indiqué qu'il informera l'Administration américaine du projet de résolution palestinien et arabe, exigeant le gel total de la colonisation israélienne dans les territoires occupés et qui devrait être présenté prochainement au Conseil de sécurité des Nations unies. A ce propos, le représentant de l'Autorité palestinienne auprès de l'ONU, Ryadh Mansour a affirmé que la délégation palestinienne est en contact avec les Américains pour convaincre Washington du bien fondé de ce projet pour mettre un terme aux colonies juives. Ce document soutient que toutes les colonies israéliennes construites sur les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris El Qods-Est sont illégales et qu'elles constituent un grand obstacle à une paix équitable, globale et durable. Ce projet intervient alors que plusieurs pays d'Amérique latine, le Brésil, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie et le Chili reconnu la Palestine comme Etat "libre et indépendant". L'Uruguay a annoncé qu'il fera de même en 2011, alors que le Pérou dit qu'il étudie "sérieusement" cette possibilité. A Washington, le porte-parole du Département d'Etat américain, Philip Crowley a fait savoir que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui effectue actuellement une tournée dans des pays du Golfe, participera également aux discussions avec Arekat. Il a ajouté que le conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sera également à Washington pour rencontrer des responsables américains, tandis qu'Arekat a précisé qu'il ne rencontrera pas l'émissaire israélien, tant que la colonisation juive se poursuit. Le déplacement de Saëb Arekat à Washington vise notamment à mettre un terme aux activités de colonisation israélienne, notamment après la destruction dimanche de l'hôtel "Shepherd" à El Qods occupée pour y construire de nouvelles colonies de peuplement juives, ruinant ainsi tous les efforts de paix. Cet acte de répression israélienne a été dénoncé par les Palestiniens et la communauté internationale. Les négociations de paix israélo-palestiniennes, brièvement relancées en septembre sous l'égide de Washington après 20 mois de gel, sont à nouveau suspendues, les Palestiniens exigeant la prolongation d'un moratoire de la colonisation israélienne. Une condition catégoriquement rejetée par le gouvernement de Netanyahu. Le président palestinien Mahmoud Abbas rejette l'idée de participer à des pourparlers de paix avec Israël aussi longtemps qu'il poursuivra ses activités de colonisation sur les terres palestiniennes, dont El-Qods, capitale du futur Etat palestinien indépendant. A propos de ces pourparlers, le responsable palestinien Nabil Châath, a rejeté les propositions formulées par Israël pour des négociations secrètes pour relancer le processus de paix, notant que cela entre dans le cadre des tentatives de l'occupant israélien de fuire ses responsabilités et obligations vis-à-vis du processus de paix au Proche-Orient. "Nous rejetons cette offre israélienne, car la question n'est pas de dissimuler le cours des négociations mais que tout pourparler de paix nécessite une participation internationale de façon officielle", a affirmé M. Chaath. Ramallah a lancé une campagne visant à récolter le plus de voix possibles de par le monde, avant de réclamer, en septembre prochain, un vote sur la reconnaissance officielle par les Nations unies de l'Etat palestinien. Dimanche, l'annonce en ce sens du ministre des Affaires étrangères Riad Malki faisait suite à la reconnaissance de la Palestine par le Chili, cinquième pays latino-américain à l'avoir fait récemment. "Une telle reconnaissance viendrait mettre une pression politique et légale sur Israël pour qu'il retire ses forces des territoires d'un autre Etat reconnu dans les frontières de 1967 par l'organisation internationale", a déclaré Malki devant la presse. Salam Fayyad a reconnu que la course à la reconnaissance à l'ONU ne débouchera pas forcément sur la réalité d'un Etat, mais servira à fixer sa constitution dans les frontières de 1967. Les Palestiniens ont commencé par l'Amérique latine: le Brésil, l'Argentine, la Bolivie, l'Equateur ont déjà reconnu l'Etat palestinien le mois dernier. L'Uruguay, le Paraguay et le Pérou devraient emboîter le pas au Chili dans les semaines qui viennent. Puis ce sera l'heure de l'Asie, de l'Afrique et des pays de la Caraïbe, a expliqué Malki. Une centaine d'autres pays l'ont déjà reconnue, la plupart après la déclaration d'"indépendance" proclamée par l'OLP en 1988. D'autres, principalement les pays issus de l'ex-URSS, l'ont fait après les accords d'Oslo en 1993. Depuis le début du XXIe siècle, le Venezuela et le Costa Rica ont suivi. L'Espagne, a ajouté Malki, a promis de reconnaître la Palestine en septembre. Ce qui ferait d'elle le premier pays d'Europe occidentale à le faire. Les pays de l'ex-bloc de l'Est, dont la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, faisaient partie de ceux qui ont reconnu la Palestine en 1988. S'ils semblent avoir la majorité à l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité semble être une toute autre affaire. Washington y oppose systématiquement son veto à toute mesure qu'Israël juge hostile, et la Chambre des représentants a adopté la semaine dernière une résolution qui "condamne les mesures unilatérales destinées à déclarer ou reconnaître un état palestinien".