N'ayant pas réussi à faire entendre raison à Israël sur le gel de la colonisation, Obama bat en retraite… L'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, a présenté hier aux dirigeants palestiniens des «idées» de l'Administration Obama pour relancer le processus de paix, complètement bloqué avec Israël. «Comme nous nous y attendions, il y a eu de très nombreuses difficultés, des obstacles et des revers», a admis M. Mitchell lors d'un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie), alors que les Etats-Unis n'ont pas réussi à obtenir d'Israël un nouveau gel de la colonisation, réclamé par les Palestiniens. «Mais nous sommes déterminés à persévérer jusqu'à ce que nous parvenions à la conclusion que nous voulons tous : un Etat indépendant et viable de Palestine, vivant côte à côte en paix avec Israël», a affirmé M. Mitchell, qui a qualifié la rencontre de «longue et fructueuse». Face à l'échec de la stratégie de l'Administration américaine, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a proposé la semaine dernière de reprendre des négociations «indirectes» pour sortir le processus de paix de l'impasse, exhortant les deux parties à s'attaquer «sans retard» aux questions de fond. Côté palestinien, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a indiqué que «M. Mitchell nous a apporté certaines idées américaines», sans autre précision. «Nous attendrons que le comité de suivi de la Ligue arabe en discute (aujourd'hui) et décide, d'autant plus que la partie israélienne n'a pas encore fait connaître sa position sur les idées américaines», a-t-il souligné. De son côté, le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a estimé que les «idées» de M. Mitchell étaient les mêmes que celles avancées par Mme Clinton le week-end dernier. Les dirigeants palestiniens avaient accueilli très fraîchement, sans cacher leur scepticisme, les propositions de la secrétaire d'Etat américaine. Le président Abbas a réclamé des garanties américaines avant de se prononcer sur l'éventuelle reprise des négociations indirectes avec Israël. Parmi ces garanties, figure «un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est», dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat. Feuille de route… de vigne ! M. Abbas a également demandé à Washington la reconnaissance de l'Etat palestinien sur les frontières du 5 juin 1967, avant la guerre israélo-arabe des Six Jours, moyennant des échanges mineurs de territoires. Le président Abbas doit se rendre au Caire pour participer mercredi soir à la réunion de la Ligue arabe convoquée à sa requête pour discuter du processus de paix. M. Mitchell, de son côté, visitera également la capitale égyptienne pour y rencontrer aujourd'hui le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa. Par ailleurs, l'Autorité palestinienne s'est félicitée, hier, de la position de l'Union européenne (UE) affirmant le caractère illégitime de la colonisation israélienne des terres palestiniennes occupées. «C'est une nette prise de position, notamment avec sa condamnation claire de la construction de colonies juives», a indiqué lundi le négociateur palestinien Saeb Arekat, cité hier par des agences de presse. Les Palestiniens accueillent favorablement la déclaration européenne affirmant que l'annexion israélienne des terres occupées est illégale, a-t-il ajouté. M. Arekat a souhaité également une prochaine reconnaissance par les pays européens et d'autres d'un Etat palestinien libre et indépendant sur les frontières de 1967, précisant que la déclaration européenne reflète à ce propos la bonne volonté de l'UE de reconnaître le futur Etat palestinien «en temps opportun». Dans une déclaration rendue publique lundi à l'issue d'une réunion à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont fait part de leurs «regrets» face à la politique israélienne expansionniste sur les territoires palestiniens et le refus d'Israël de mettre un terme à la colonisation à l'origine du blocage du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens.