L'épineux dossier des logements squattés n'est pas près de connaître son épilogue dans la wilaya de Tizi Ouzou. A travers la majorité des 21 daïras de la wilaya, des dizaines d'appartements, à caractère social locatif, sont illégalement occupés depuis des années, sans que l'administration locale n'en trouve une solution définitive au problème. Le feuilleton de ces logements remonte aux années 2001 et 2002, lorsque des familles qui se disent nécessiteuses en matière de logement, ont décidé de s'emparer systématiquement des immeubles nouvellement construits et non encore distribués. Cette forme d'occupation illégale des appartements a été favorisée par la conjoncture de l'époque, lorsque les services de l'Etat et l'administration avaient marqué un certain relâchement dans la région suite à la crise politique qui prévalait dans la région. C'est ainsi que les squatters se sont installés sans qu'ils ne soient inquiétés par quiconque. Les autorités locales n'ont réagi que plusieurs mois, voire plusieurs années, plus tard. Depuis, les squatters ont "conforté" leurs positions dans leurs nouvelles habitations et contestent toutes les décisions de leur expulsion. Ni les décisions émanant des APC, ni celles de la justice n'ont pu contraindre ces squatters à évacuer les lieux. Il y a quelques mois, l'OPGI de Tizi Ouzou, qui est le propriétaire de ce patrimoine immobilier, a estimé le nombre de ces logements squattés à travers toute la wilaya à quelque 1200 unités, dont la plupart se trouvent dans les centres urbains, tel le chef-lieu de wilaya (Tizi Ouzou), Boghni, Beni Douala entre autres. La justice, qui s'est saisie du dossier des squatters depuis des années, n'est pas parvenue, elle aussi, à faire recouvrer à l'OPGI ses droits. Pourtant, plusieurs juridictions ont déjà rendu leur verdict en tranchant en faveur de l'expulsion des occupants illégaux quelles que soient les circonstances de l'occupation. Mais l'exécution des décisions de justice à chaque fois renvoyée. Ces derniers mois, profitant du silence de l'administration publique, les squatters ont préféré passer à l'offensive en revendiquant l'assainissement de leur situation et leur régularisation. En effet, il y a deux semaines, les squatters de la localité de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud de la wilaya, ont organisé un sit-in devant le siège de la daïra pour faire aboutir leur revendication. Le chef de daïra a reçu en audience une délégation des contestataires à qui il a demandé l'évacuation des lieux contre un engagement de régulariser les squatters ayant auparavant déposé des dossiers de demande de logement. Les squatters, pour leur part, ont refusé l'offre du premier responsable de la daïra en exigeant, plutôt, des décisions d'attribution préalablement à l'évacuation des lieux, ainsi que des sites de relogement provisoire et des garanties dans le cas où l'administration revient sur sa décision de les régulariser. Décidément, cette forme de "chantage" ne fait que perpétrer le statu quo à Boghni et retarde encore une fois le règlement définitif de ce problème. Le mouvement de contestation s'est reproduit mercredi dernier dans la daïra de Beni Douala, où les squatters ont interpellé le chef de daïra, exigeant la régularisation de leur situation tout en demandant à l'OPGI d'entamer les travaux d'entretien des immeubles qu'ils occupent depuis plus de cinq ans. Le dossier des logements squattés, en tout cas, est un scénario qui risque de ne pas connaître sa fin dans la wilaya de Tizi Ouzou.