La banque centrale chinoise a relevé vendredi pour la quatrième fois en deux mois le coefficient des réserves obligatoires des banques du pays, de 50 points de base, afin de lutter contre les pressions inflationnistes. Dans un bref communiqué publié sur son site internet, la Banque populaire de Chine a précisé que cette hausse serait effective le 20 janvier. Elle porte le ratio de réserves requises à un plus haut record de 19,5%. Une enquête menée par Reuters en décembre auprès d'économistes montre que ce taux est attendu à 20% d'ici juin. Par cette mesure, Pékin espère drainer les excédents des liquidités circulant dans l'économie et freiner l'inflation. Le taux d'inflation annuel a en effet atteint un plus haut de 28 ans à 5,1% en novembre, reflétant notamment la hausse des prix de l'alimentation et de l'immobilier. Sur l'ensemble de 2010, la Chine a relevé six fois le coefficient des réserves obligatoires de liquidités pour les banques et deux fois ses taux d'intérêt. Des milliards d'euros de dette souscrits par les autorités locales chinoises pour des investissements pourraient ne pas être remboursés alors que ces projets s'approchent de leur terme, a déclaré cette semaine un influent parlementaire chinois. Dans une interview à Reuters Insider, Yin Zhongqing a dit que les pouvoirs locaux avaient contracté au moins 10.000 milliards de yuan (1.134 milliards d'euros) de dette "cachée", dissimulée en créant des milliers de véhicules d'investissement pour emprunter. Selon lui, on ne peut encore prédire quels prêts ne seront pas remboursés, car le paiement ne débute que lorsque le programme d'investissement correspondant prend fin. "L'important montant de dette contractée par les gouvernements locaux depuis fin 2008 pour faire face aux conséquences de la crise financière mondiale va devenir un lourd fardeau pour notre développement économique à l'avenir", a déclaré Yin, membre de la commission des Affaires économiques et financières du parlement chinois. Il a souligné le fort risque de défaut au niveau des gouvernements des comtés, qui disposent selon lui de peu de ressources financières. "Soixante-dix pour cent des prêts liés à ces plates-formes d'investissement et de financement en 2009 et 2010 ont été générés au niveau des comtés, dont les gouvernements n'ont que peu de ressources, certains ne pouvant même pas payer leurs employés", a-t-il dit. "Les créances accumulées par ces plates-formes, même avec les garanties financières du gouvernement, ne pourront simplement pas être remboursées. En d'autres termes, lorsqu'ils ont emprunté de l'argent, les gouvernement locaux ne prévoyaient pas de le rembourser." La loi interdit aux autorités locales chinoises d'emprunter directement des fonds. Pour financer leurs ambitieux projets de développement urbain, elles ont mis en place des véhicules d'investissement pour recevoir des prêts bancaires, adossés à des actifs - généralement, des terrains - ou à une garantie publique implicite. Ces dettes n'apparaissent donc pas dans les chiffres nationaux de la dette publique. Mais à terme, Yin estime qu'il faudra que ces créances soient considérées comme perdues par les banques chinoises et Pékin. "Les problèmes de dette des gouvernements locaux vont se faire jour en 2011", prévoit le parlementaire. Les autorités de régulation du secteur bancaire chinoises ont estimé l'an dernier que les autorités locales avaient contracté 7.660 milliards de yuans (869 milliards d'euros) de créances à fin juin 2010, dont une part (26%) semble vouée à ne jamais être remboursée.