Le salaire minimum dans la capitale chinoise augmentera de 21% l'année prochaine, a annoncé hier l'agence Chine nouvelle, signe que les coûts du travail dans la deuxième économie mondiale croîtront à nouveau fortement en 2011. Pékin va relever le plancher des salaires de 200 yuans, à 1.160 yuans par mois (environ 133 euros) à compter du 1er janvier, après une hausse de 20% six mois plus tôt, a indiqué l'agence de presse. Les villes et les provinces à travers le pays ont régulièrement relevé les salaires minimum au cours de la dernière décennie, mais ces augmentations ont fortement augmenté depuis un an. L'essor économique de la Chine s'étend davantage à l'arrière-pays et les différentes régions sont entrées en compétition pour attirer une main-d'oeuvre qui se fait de plus en plus rare. La capitale chinoise va également augmenter le montant des pensions pour les ouvriers retraités de 10,2%, à 2.268 yuans (260 euros) par mois, selon Chine nouvelle. Les principaux dirigeants du pays ont plusieurs fois promis qu'ils augmenteraient la part du travail dans les revenus nationaux afin de stimuler la consommation intérieure. La hausse des salaires contribue à la pression inflationniste, mais la productivité a augmenté plus vite dans la plupart des secteurs et les coûts du travail restent beaucoup plus faibles que dans les économies développées. La Chine a également décidé de relever ses taux d'intérêt. Pékin a démontré avec cette mesure son intention de juguler la hausse des prix, un geste bienvenu et un rappel salutaire que le yuan va poursuivre son appréciation face au dollar. La banque centrale a justifié hier sa décision par la nécessité de combattre la pression sur les prix et d'éviter la formation de bulles spéculatives. La Chine prouve également que petit à petit, elle active l'ensemble des leviers disponibles dans le but de durcir graduellement sa politique monétaire. Le relèvement des taux intervenu samedi est le deuxième en un peu plus de deux mois. Le taux directeur a été augmenté de 25 points de base à 5,81%. "La banque centrale va relever ses taux par petites doses régulières au cours des prochains mois", prévoit E Yongjian, analyste de la Bank of Communications, à Shanghai. "Le yuan va également augmenter de façon continue l'année prochaine et sera un outil qui contribuera à alléger les pressions inflationnistes", ajoute-t-il. Les prix à la consommation ont augmenté de 5,1% en Chine en glissement annuel à fin novembre, soit un plus haut de 28 mois. Selon Ba Shusong, économiste du Development Research Center, un groupe d'experts rattaché au gouvernement, la décision de la Banque populaire de Chine illustre bien la volonté du gouvernement de combattre l'inflation. "Le rythme de ces mesures va devenir plus régulier, selon ce que nous appelons l'application simultanée des trois taux: le coefficient des réserves obligatoires des banques, les taux d'intérêt et les taux de change", explique-t-il dans un article publié lundi par l'Economic Information Daily. Le relèvement des taux d'intérêt était attendu par les marchés. C'est le fait de l'annoncer le jour de Noël qui a le plus surpris les investisseurs. Selon une enquête menée ce mois-ci par Reuters, une majorité d'économistes prévoyaient une hausse des taux avant la fin de l'année et deux autres au cours du premier semestre 2011. Les économistes chinois prévoient que le renchérissement du yuan sera le principal levier employé par Pékin dans sa lutte contre l'inflation. Dimanche, le Premier ministre Wen Jiabao a jugé la Chine en mesure de maîtriser l'inflation et estimé que les mesures des derniers mois commençaient à porter leurs fruits.