Début 2000, Abdenour Zahzah qui est originaire de Blida était encore inconnu dans le bataillon du cinéma. à cette époque il avait signé un fameux documentaire " Franz Fanon, mémoire d'asile , rendant hommage à l'un des psychiatres les plus engagés de son temps. Avec son air serein, ses yeux rieurs, son bleu de Chang-Haï qui lui donnait l'allure d'un fils du peuple, il sillonnait les studios de la radio pour parler de son œuvre qu'on diffusait à la cinémathèque algérienne et à l'hôpital psychiatrique de Blida, le mémorable lieu où Frantz Fanon avait exercé son métier. Les années passent, on n'oublie pas Frantz Fanon et avec lui Zahzah qui tournera une dizaine de films documentaires sur différents thèmes, mais sans grand bruit jusqu'en 2010. C'est en fait l'année de sa consécration. Il est revenu dans un climat très favorable car les responsables du ministère de la Culture veulent absolument laisser des traces dans le domaine du cinéma qui a tant besoin d'être épousseté tant sur le plan matériel qu'humain. Il fallait une nouvelle génération de cinéastes pour prouver sa bonne foi en les jeunes et apaiser les révulsés qui croient que l'argent du cinéma va toujours aux caciques du domaine. C'est ainsi que pour d'autres raisons encore plus compliquées, on a vu l'émergence de noms de jeunes comme Yasmine Chouikh, Anis Koussim, Khaled Benaissa, Younes Khamar. Yasmine étant la fille des cinéastes Mina et Mohamed Chouikh, Khaled Benaissa le rejeton du dramaturge Slimane, koussim le fils d'un ancien sportif. Zahzah lui doit son nom à son film "Garagouz" monté en 2010 avec le producteur Laith Média qui a également produit " Mascarade" de Lyès Salem une œuvre dont s'est enorgueilli le ministère qui l'a financé à la faveur de "Alger capitale de la culture arabe ". Depuis sa sortie en 2010, "Garagouz " glane des trophées. Il en a eu six en moins de quatre mois. Sa dernière auréole est tombée dans ses mains dimanche au 11e festival du court métrage de Vaulx-Velin en France. C'était le grand prix ! En décembre dernier, le court métrage de 24 minutes triomphait au 28ème Festival tous courts d'Aix- en Provence (France) avec deux trophées : le Prix du public et le Prix du jury jeune. Son premier étant le Prix du public du Midi Libre lors de la 32ème édition du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier en octobre. Par la suite au festival d'Aguilar de Campoo en Espagne, le même film fut distingué lors de ce rendez-vous dédié au court métrage . en décembre le même court est revenu du septième festival international de Dubai (Emirats Arabes Unis) avec le prix spécial du jury. Garagouz pour les sans famille Le récit de ce film qui raconte les déboires d'un père marionnettiste et de son fils apprenti qui sillonnent les villages algériens "pour y apporter un peu de joie et de rêve", ressemble étrangement à la fabuleuse fable d'Hector Mallot, "Sans famille ". A bord de leur camionnette bleue, le père et le fils comme Vitalis et Rémi dans " Sans famille " sillonnent les routes abruptes de l'Algérie profonde pour apporter de la chaleur aux petits cœurs blessés. Distraction, magie, les deux troubadours généreux sont tout comme Rémi confrontés à la dure réalité de certains individus incultes, aveuglés par leur ignorance ou par leur obscurantisme. Les deux artistes devront transcender l'amertume des écueils de l'existence pour poursuivre leur noble mission contre vents et marées. Garagouz était visible le mois dernier à la filmathèque Zinet de Riad El Feth. Abdenour Zahzah avait alors confié lors de cette projection que " ce film est un hommage à ces gens qui n'ont pas abandonné leur métier malgré des pressions sociales, politiques ou autres en soulignant que "le sujet du film est la résistance par la culture, que ce soit l'écriture, le théâtre ou le cinéma ou toute autre activité". Le court métrage réalisé avec le soutien du Fonds d'aide aux techniques et à l'industrie cinématographique (FDATIC) du ministère de la Culture et le concours de l'Institut culturel italien d'Alger participera prochainement à Kiev au 40e Festival international du cinéma, où il est nominé pour la meilleure mise en scène par l'Académie des arts de l'Europe. Il faut pas oublier que la ministre de la Culture Khalida Toumi avait vivement félicité Zahzah à chaque distinction, comme pour dire que le 7 ème art " is come back " !