Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül a retiré dimanche sa candidature à la présidence du pays, après l'échec d'un deuxième scrutin au Parlement, rapporte l'agence officielle Anatolia. M.Abdullah Gul , seul candidat en lice dans l'élection présidentielle en Turquie, n'a pas pu être élu dimanche faute d'un quorum nécessaire au parlement, et a annoncé qu'il allait retirer sa candidature. Le président du parlement Bülent Arinç a procédé à deux décomptes des députés présents pour pouvoir ouvrir le scrutin. Mais le quorum des deux-tiers des députés, soit 367, n'ayant pas été atteint, il a levé la séance. 356 puis 358 députés ont été recensés lors de ces deux décomptes, a dit M. Arinç. L'AKP dispose de 352 députés sur 550 sièges. Abdullah Gül a annoncé qu'il se retirerait de la course s'il n'était pas élu dimanche. "Si l'on ne peut pas assurer 367 voix, je vais me retirer", a-t-il dit aux journalistes au parlement, selon l'agence de presse Anatolie, peu avant le début attendu de la séance. Il a confirmé cette déclaration après l'ouverture manquée de la réunion. M. Gül, numéro deux du Parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, avait obtenu 357 voix sur les 367 requises pour être élu, lors d'un premier tour du scrutin présidentiel le 27 avril. Sa candidature s'est heurtée à l'hostilité de l'armée et d'une partie de l'opinion publique, qui s'affirment soucieuses de préserver le caractère laïque de la République. Le premier tour de l'élection a été annulé le 1er mai par la Cour constitutionnelle, selon laquelle les deux-tiers des députés devaient être présents pour que le vote puisse être valable.Quatre jours auparavant, l'armée, hostile à l'idée qu'un ancien islamiste puisse devenir président de la République --et donc théoriquement le garant de ses principes laïques-- avait manifesté son opposition dans un communiqué virulent accusant le gouvernement de remettre en cause la laïcité. Le gouvernement avait vivement répondu que les militaires devaient rester sous l'autorité du Premier ministre. Le quorum de 367 parlementaires -soit la majorité des deux tiers- nécessaires pour valider l'élection n'a pas été atteint dimanche en raison du boycott du vote par l'opposition, a annoncé le président du Parlement Bülent Arinc après deux décomptes différents. Un premier scrutin avait été invalidé la semaine dernière par la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction de la Turquie, et Abdullah Gül avait annoncé dimanche avant le vote qu'il retirerait sa candidature s'il n'était pas élu cette fois-ci. M. Gül était le seul candidat en lice, mais la désignation de ce proche du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan par le Parti pour la justice et le développement (AKP) a plongé la Turquie dans la crise politique, le camp laïc soupçonnant l'AKP de vouloir revenir sur la séparation de la religion et de l'Etat, principe fondateur d'un pays à 99% musulman. L'opposition du camp laïc, soutenu par l'armée et porté par des manifestations géantes à Ankara et Istanbul, a conduit M. Erdogan à convoquer des élections législatives anticipées, le 22 juillet prochain. Samedi encore, plus de 10.000 personnes ont manifesté à Canakkale et Manisa, deux villes proches de la mer Egée. Ces défilés faisaient suite aux manifestations géantes qui ont rassemblé au total plus d'un million de personnes à Ankara et à Istanbul respectivement les 15 et 29 avril. Les deux camps ont trouvé une sortie de crise avec l'annonce par le gouvernement d'élections législatives anticipées le 22 juillet, au lieu du 4 novembre. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a toutefois dans le même temps présenté au parlement une série d'amendements constitutionnels dont le principal prévoit l'élection du président au suffrage universel.