C'est une nouvelle qui va manifestement plus que ravir le ministère de la Culture qui a soutenu à fond son poulain "Hors la loi " de Rachid Bouchareb aux oscars 2011. Le film polémique qui défendra chez l'oncle Sam les couleurs algériennes, a ajouté depuis le 22 janvier, jour de sa sélection aux oscars du meilleur film en langue étrangère parmi les 09 retenus au lieu des 10 habituellement, quatre perles à son escabeau de triomphe. De 09 films, la liste des nominés aux oscars a été réduite à cinq depuis mardi dernier, et " Hors la loi " maintient toujours toutes ces chances de rafler la statuette tant convoitée. "Hors la loi" compte donc parmi les cinq finalistes à l'Oscar 2011 du meilleur film en langue étrangère, selon l'Académie américaine des arts et sciences du cinéma. Ce film qui a été financé avec l'argent algérien à hauteur de 24% rivalisera avec "Canine" de Yorgos Lantimos (Grèce), "Biutiful" d'Alejandro González Iñárritu (Mexique), "Incendies" de Denis Villeneuve (Canada) et "Revenge" de Susanne Bier (Danemark). Certains de ces films comme "Biutiful" ont été distingués à Cannes 2010, mais ça peut ne pas du tout peser sur le verdict final du 27 février prochain au Kodak Theatre de Los Angeles; " Hors la loi " étant selon certaines sources vivement soutenu par la communauté afro-américaine et que Rachid Bouchareb a la cote auprès de Hollywood qui le voit comme cinéaste combatif dont le style est très proche du leur. Historique donc cette nomination à la 83ème cérémonie des Academy Awards, l'un des plus prestigieux rendez-vous cinématographique de la planète qui donnera des couleurs chaudes à la figure malmenée de l'Algérie, et bien sûr son cinéma qui a pratiquement disparu des concerts de ce genre. Littéralement soutenue par le mastodonte national Sonatrach et bien entendu le ministère de la Culture, la campagne de ce film a débuté en décembre dernier par le déplacement à Los Angeles de Zahia Yahi, chef du cabinet du ministère, Ahmed Béjaoui, conseiller de Khalida Toumi, l'ambassadeur algérien aux USA et Rachid Bouchareb. Car il faut savoir que le règlement des Oscars stipule qu'un film peut être proposé au vote des membres de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), s'il est sorti en salle dans le comté de Los Angeles durant l'année précédant la cérémonie. Une statuette qui pèse trois kilos Les membres de l'Académie se divisent en 14 branches représentant différentes professions cinématographiques (comédiens, directeurs artistiques et décorateurs, directeurs de la photographie, réalisateurs, producteurs, monteurs, maquilleurs, compositeurs de musique de film, scénaristes...). Le trophée est constitué de britannium plaqué d'or et a été dessiné par Cedric Gibbons, cofondateur de l'AMPAS et responsable artistique de la Metro Goldwyn Mayer (MGM) entre 1924 et 1956. D'une hauteur de 34 centimètres pour un poids de 3 kg, il a été sculpté par George Stanley et réalisé par la société R. S. Owens & Company à Chicago.Désigné officiellement sous le terme d'Academy Award, il est surnommé "Oscar" depuis 1934. Une anecdote rapporte qu'un membre de l'Académie, Margaret Herrick, trouva qu'il ressemblait à son oncle ayant pour prénom Oscar. Une autre version attribue la paternité de ce surnom à l'actrice Bette Davis dont le mari, Harmon Oscar Nelson, ressemblait à la statuette. Le surnom ne fut officiellement adopté par l'Académie qu'en 1939. La polémique abstraite Avant même sa projection à Cannes en mai 2010, " Hors la loi " avait été vilipendé de façon abstraite par la droite française qui a vu sans rien voir dans ce film " une falsification de l'histoire." la sortie de cette superproduction qui a coûté la bagatelle de 19,5 millions d'euros et qui est revenue de Cannes sans aucun trophée a eu lieu le 22 septembre dernier. Co-production franco-algéro-belgo-tunisienne, à hauteur respectivement de 59, 24, 10 et 10%, " Hors la loi " de Rachid Bouchareb avait provoqué une levée de boucliers quand avant même sa projection, le député français Lionnel Luca (UMP, Alpes-Maritimes) a mené une charge contre le film qu'il juge "négatif et négationniste" dénonçant une "falsification" de l'histoire dans son évocation du massacre du 8 mai 45 à Sétif. Le député se fondait sur un rapport du chef du Service historique de la Défense, qui a passé au crible le scénario. Dans un rapport rendu en septembre dernier, celui-ci relevait nombre d'"erreurs et anachronismes" avant de noter, à propos des événements de Sétif, que "le réalisateur veut faire croire au spectateur que le 8 mai 1945 à Sétif des musulmans ont été massacrés aveuglément par des Européens, or, ce jour-là, c'est le contraire qui s'est produit (...) cette version des faits est admise par tous les historiens (...) c'est en réaction au massacre d'européens du 8, que les Européens ont agi contre des Musulmans". Lionnel Luca s'insurgeait enfin contre le fait que Rachid Bouchareb présente les sympathisants européens du FLN, les fameux "porteurs de valise", comme des "héros", alors que le député ne voit en eux que des "traîtres".