La FAO invite les autorités vétérinaires et les services de contrôle aux frontières asiatiques à être vigilants à tout animal montrant des signes d'infection de fièvre aphteuse, suite à la détection d'un foyer sans précédent en Corée du Sud. Dès fin novembre 2010, les autorités sud-coréennes ont imposé des mesures de quarantaine, lancé une campagne de vaccination ciblant 9 millions de porcins et 3 millions de têtes de bétail et abattu 2,2 millions de bovins, pour un coût total estimé aux alentours de 1,6 milliard de dollars "La dynamique actuelle de la fièvre aphteuse en Asie de l'Est et l'ampleur de la flambée épidémique en Corée du Sud ne ressemblent à rien de ce que nous avons connu ces cinquante dernières années", a déclaré Juan Lubroth, Vétérinaire en chef à la FAO. "C'est pourquoi la planification préalable et le suivi sont d'une extrême importance en ce moment". "Les autorités asiatiques devraient s'assurer qu'elles sont en mesure de détecter les cas de fièvre aphteuse et d'intervenir rapidement et efficacement. La FAO préconise des campagnes de vaccination dynamiques pour enrayer la diffusion de la maladie", a-t-il ajouté. "La fièvre aphteuse doit être affrontée à l'échelon régional, ce qui explique pourquoi la FAO envisage, par l'intermédiaire de son Bureau régional pour l'Asie et le Pacifique, de convoquer une réunion des responsables des services vétérinaires des pays d'Asie de l'Est afin d'examiner la situation actuelle et les possibilités de riposte coordonnée", a souligné Subhash Morzaria, Responsable pour la région Asie des Opérations du Centre d'urgence de la FAO pour les maladies animales transfrontières. M. Lubroth a également fait remarquer qu'en cas de réponse à un foyer infectieux, les pays doivent se conformer aux pratiques en vigueur qui tiennent dûment compte du bien-être des animaux et des impacts sur l'environnement. Les rapports des médias faisant état d'un foyer de fièvre aphteuse en Corée du Nord n'ont pas été confirmés par les autorités du pays. Ces dernières années, de nouvelles souches de fièvre aphteuse se sont propagées à travers la Chine et dans les zones orientales de Russie et de Mongolie. La maladie a récemment frappé des milliers de gazelles de Mongolie parmi un nombre d'exemplaires estimé entre 2 et 5,5 millions. La FAO a récemment détaché une équipe d'intervention d'urgence en Mongolie pour aider les autorités à affronter le problème. La situation générale en Asie est source de préoccupation, a précisé M. Lubroth, en particulier compte tenu des célébrations imminentes du Nouvel An chinois durant lesquelles on assiste à des déplacements massifs de populations au sein de la région, populations qui transportent souvent des produits carnés ou des animaux. La fièvre aphteuse est une maladie extrêmement contagieuse qui touche les bovins, buffles, ovins, caprins, porcins et autres bi-ongulés. Elle provoque des ulcères au niveau du museau, de la bouche et des sabots, et peut être mortelle pour les animaux jeunes ou affaiblis. Plusieurs types de virus de fièvre aphteuse sont recensés; celui à l'origine de l'épidémie en Corée du Sud est de Type O. La maladie ne constitue pas de menace directe pour l'homme, mais les animaux infectés sont si faibles qu'ils ne peuvent plus servir aux labours ou aux récoltes, et les agriculteurs ne peuvent vendre leur lait à cause du risque d'infection. Un des premiers signes de la maladie est la salivation et les écoulements nasaux intenses. Le virus peut survivre pendant plusieurs heures à l'extérieur d'un animal, en particulier dans un environnement froid et humide. Cela signifie qu'il peut être véhiculé par quasiment tout objet ayant été en contact avec la salive ou autres écoulements contaminés des animaux malades. Le nettoyage des exploitations et l'abattage des animaux constituent une lourde charge financière pour les agriculteurs, et les restrictions du commerce sur la base des foyers de maladie sont susceptibles d'avoir de sérieux impacts sur les économies locales et nationales. Les coûts liés à l'épidémie de fièvre aphteuse qui a frappé le Royaume-Uni en 2001 ont été estimés à 13 milliards d'euros. Face à l'augmentation des cas de fièvre aphteuse, la question qui se pose est de savoir si l'abattage systématique doit rester la méthode privilégiée ou si la vaccination ne devrait pas jouer un rôle majeur. "La vaccination d'urgence dans le but d'enrayer la transmission de la maladie et de permettre son élimination progressive est de plus en plus diffuse, en particulier à l'apogée d'une épidémie, pour gagner du temps sur les opérations d'abattage. Elle peut aussi servir à protéger les animaux et à les maintenir en bonne santé", a précisé M. Lubroth, en ajoutant: "Aujourd'hui, nous disposons de tests en mesure de distinguer les animaux infectés des animaux vaccinés, ce qui permet à un pays de retrouver plus facilement son statut officiel de zone indemne de fièvre aphteuse après avoir surmonté une épidémie."