Nicolas Sarkozy a-t-il gagné grâce à ce qu'il promet de faire sur le plan interne ou sur la politique extérieure ? Y aura-t-il une véritable rupture par rapport à la méthode de conduite des affaires étatiques, c'est-à-dire par rapport à Jacques Chirac, alors que lui-même était membre du gouvernement depuis la réélection du président sortant, c'est-à-dire depuis 2002, avec quatre années passées à exercer la fonction de ministre de l'Intérieur. Il n'y a absolument aucune raison pour considérer que l'élection de Nicolas Sarkozy entraîne un changement négatif des relations qu'entretient la France avec l'Algérie et ce, aussi bien sur le plan économique et financier que sur le plan politique. Les successions au sein de la droite française ne remettent pas en cause les politiques précédentes et sont même créditées de démocratiques dans le sens de la continuité des grands volets politiques de l'Etat. La rupture soulignée souvent, et même revendiquée lors de la campagne électorale, a un contenu axé particulièrement sur les politiques intérieures et moins pour ce qui concerne les relations extérieures. Concernant les relations économiques entre la France et l'Algérie, celles-ci n'étaient pas à la hauteur des ambitions affichées de part et d'autre car elles et n'avaient pas traduit sur le terrain la bonne entente qui avait prévalu entre les deux chefs d'Etat. On avait l'impression qu'il y avait un retard des milieux économiques par rapport aux avancées politiques réalisées, avant que n'intervienne la loi du 23 février 2005 sur le caractère positif de la colonisation, cette dernière ayant été un des plus grands obstacles à la signature du traité de paix. Il y a, cependant, deux faits nouveaux qui pourraient expliquer que les relations économiques vont inscrire une nouvelle ère avec l'Algérie. Le premier est la thèse selon laquelle Nicolas Sarkozy est le candidat du Medef et du CAC 40 (les 40 entreprises les plus "nobles de France"). Ainsi, il est prévisible que la relation de confiance entre Sarkozy et les milieux économiques et financiers français vont permettre au président français de donner du crédit à ses engagements internationaux dans la mesure où il traduit les intérêts des milieux d'affaires français pour ce qui concerne donc les engagements que contracteront l'Etat français et l'Algérie, ceux-ci réunissent les conditions de leur traduction en politique d'action, en programme d'action. La seconde raison, pour que les relations algéro-françaises, notamment sur les plans économique et financier, soient inscrites dans une coopération mutuellement bénéfique, est le rappel par le président français d'une volonté de coopérer sur le nucléaire civil avec pour finalité le développement de la production de l'électricité nucléaire en échange d'une plus grande participation dans l'exploitation des réserves algériennes de gaz naturel. Quand bien même il s'agit pour le moment d'une déclaration d'intérêt, l'important est que le président français affirme ainsi que la coopération énergétique devrait se faire d'une façon globale.