Il est ému lorsqu'il se rappelle la prière de Michel-Ange : « Seigneur accordez-moi la grâce de toujours désirer plus que je ne peux accomplir. » Nicolas Sarkozy, qui adore également les discours longs à la soviétique, les caméras et les sourires-marketing, veut succéder à Jacques Chirac à la présidence de la France. Il fait tout pour y arriver. Il active tous les réseaux qui contrôlent les médias où il intervient quand il veut et comme il veut. Les chaînes de télévisions de France 2 à TF1, lui offrent des plateaux de rêve avec des journalistes complaisants. Pire : les images sélectionnées du ministre de l'Intérieur, produites par la société ETC à la demande du candidat, sont diffusées par ces chaînes, sans mot dire. Que les syndicats dénoncent, selon Libération, « les images de propagande », cela ne fait pas scandale. Autant que l'ouvrage interdit de la journaliste Valérie Domain qui a pris son courage à deux mains et écrit un livre sur Cécilia Sarkozy, la campagne du président de l'UMP (droite au pouvoir), où elle évoque des difficultés conjugales. Les éditions First ont été menacées par le ministre Sarkozy « de foudres judiciaires et variées » si Cécilia Sarkozy, entre le cœur et la raison était publié. « Vous voulez la vérité ! Cela tombe bien : je refuse le mensonge ! », a-t-il lancé, lors de l'université d'été des jeunes UMP en septembre 2006. L'ancien maire de Neuilly-sur-Seine (Paris) n'aime pas qu'on le critique publiquement. Lorsqu'il avait prononcé l'insultant « racaille » à propos de la jeunesse en colère des banlieues défavorisées, des voix s'étaient élevées pour dénoncer un discours qui rappelle la culture raciste de l'extrême droite. Ministre au gouvernement de Villepin, Azouz Beggag, sociologue et écrivain d'origine algérienne, a invité son collègue à plus de retenue. Sans rougir, Sarkozy a invité Beggag à « se la fermer ». « Parce qu'un sous-ministre issu de l'immigration, Azouz Beggag, osait s'interroger sur l'inadéquation de cette injure (“racaille”, ndlr), une véritable meute de loups sarkozystes, la bave aux lèvres, se sont rués sur la “crapule”, pour le déchiqueter tous crocs dehors », écrit l'éditorialiste de Marianne, l'un des rares hebdomadaires à oser « la critique » du surmédiatisé ministre de l'Intérieur. Ministre qui, au mépris des standards internationaux des droits humains, a déclaré que les mineurs multirécidivistes, de 16 à 18 ans, devaient être punis « comme s'ils étaient majeurs ! » Aux jeunes de l'UMP, Sarkozy tient ce discours chocolaté : « La jeunesse ne doit jamais s'avouer vaincue (…) La France a besoin des rêves et des désirs de sa jeunesse. » « Y a comme un goût de démago dans la bouche de Sarko », chante la rappeuse Diam's. C'est que le milieu artistique a plus d'audace à affronter « le système Sarko » et a rappelé que le policier en chef avait promis de « nettoyer » les cités black-beur au « Kärcher ». Dans La Face karchée de Sarkozy, publié récemment aux éditions Vents d'ouest - Fayard, Philippe Cohen, Richard Malka et Riss dressent le portrait de l'homme : « Un véritable personnage de BD. » L'élimination féroce de ses rivaux y est évoquée. Tout le monde le sait : Sarkozy, en avocat rusé, n'a pas hésité un seul instant à passer d'un camp à l'autre, à monter les uns contre les autres, à changer d'amis comme on change de chemises... Charles Pasqua, Edouar Balladur, Jacques Chirac, Alain Juppé, Dominique de Villepin, tout le monde est passé. Pis, Nicolas Sarkozy n'hésite pas à mettre en difficulté la politique extérieure de son pays. Séries américaines Il a critiqué l'attitude « arrogante » de la France par rapport à l'engagement des forces US en Irak. En visite aux Etats-Unis, il a déclaré : « Jamais on ne doit chercher à mettre ses alliés dans l'embarras. On ne doit jamais donner l'impression de se réjouir des difficultés de nos alliés », avait-il lancé, oubliant probablement qu'il n'était pas ministre des Affaires étrangères. « Tant qu'on n'a pas connu de fonction dans ces domaines, il faut être attentif à bien réfléchir, à bien observer, pour ne pas défaire ce que nous avons mis longtemps à construire », a répliqué Dominique de Villepin, ancien ministre de Affaires étrangères et actuel chef du gouvernement. Sarkozy aime l'Amérique. Ses arguments : « Un pays avec lequel nous avons lutté pour éradiquer le nazisme et avec lequel nous luttons aujourd'hui pour vaincre le terrorisme international », a-t-il confié au quotidien Le Monde. Sérieux, il a remarqué qu'en France, TF1 vient de ... « supprimer le traditionnel film du dimanche soir au profit de séries américaines ». L'effondrement récent du parti républicain, le parti de George W. Bush, lors des récentes élections de Mid-term, son camp naturel, n'a pas suscité en lui une réaction. Sarkozy, fils d'un immigré hongrois, n'aime pas voir la Turquie prendre sa place en Europe. « L'Europe, projet politique et intégrateur majeur de la seconde moitié du XXe siècle, ne peut s'élargir indéfiniment. Notre vision n'est pas celle anglo-saxonne d'une vaste zone de libre-échange. C'est la raison pour laquelle je souhaite que la Turquie soit associée à l'Europe et pas intégrée à l'Union européenne », a-t-il déclaré. Même ministre des Cultes (fonction jamais supprimée en France depuis 1912), il défend la République laïque, veut se mêler des affaires des « musulmans de France », mais oublie de s'intéresser à l'Eglise. Il estime que le programme nucléaire de l'Iran est un danger, qu'Israël à « le droit » de se défendre lorsque l'Etat hébreu avait attaqué le Liban et que l'Europe doit interdire toute mesure de régularisation massive des immigrés. Même si l'Europe, en plein déclin démographique, a besoin des bras et des esprits des immigrés pour rester sur les rails. Celui qui veut faire de l'UMP, « un grand mouvement populaire », cherche à imposer « une immigration choisie ». Nicolas Sarkozy, 51 ans, cinq fois ministre depuis 1993, a déclaré à France 3 : « Je crois qu'il faut cesser avec la repentance permanente en France pour revisiter notre histoire. » L'UMP a, pour rappel, tenté, en 2005, de « glorifier » la colonisation, lui trouvant des aspects positifs.