Il est bien compréhensible que des questions se posent de savoir pourquoi des centaines de milliards de dollars arabes sont investis aux Etats-Unis et d'autres pays occidentaux au lieu qu'ils soient investis dans les pays arabes et qu'ils contribuent à la fois à les aider à relancer et consolider leur développement et à lutter efficacement contre les causes socioéconomiques des insécurités. Les exemples, tunisien et égyptien, doivent servir de base aux enseignements à en tirer par l'ensemble des pays arabes. Leçon ? Les frustrations socioéconomiques peuvent se transformer en revendications politiques. Il est peut-être difficile pour les pays arabes de se laisser aller vers des politiques concertées sur les relations internationales, mais quand même pas pour des politiques d'étroite coopération sur le plan économique. Cela devient pour eux une obligation depuis qu'il est apparu que le mécontentement des populations arabes sur le plan des aspirations socioéconomiques se généralise à l'ensemble du monde arabe. Est-il vrai que les pays arabes ne sont "solidaires qu'émotionnellement et jamais financièrement" ? Serait-il vrai que des milliards de dollars arabes sont déposés dans les banques américaines et que bien des hommes des régimes au pouvoir se sont constitués des fortunes dans le cadre de leurs fonctions politiques ? C'est quand même un véritable mépris qui est porté par des pays occidentaux à l'encontre des régimes arabes quand il est connu que les dirigeants arabes ainsi que leurs familles directes et indirectes ont pillé les biens de la collectivité et transféré à l'étranger les capitaux mal acquis évalués à des milliards de dollars. Les pays arabes ont bien conscience de l'intérêt qu' il y a à aller vers leur intégration économique, d'autant que la tendance mondiale est à l' émergence à terme d'un monde multipolaire, c'est-à-dire que les régions deviendront des pôles politiques de puissance, que cela soit sur le plan politique que sur celui de l'économie. Le Mercosur pour l'Asie, l'Alena pour l'Amérique latine en sont les exemples phares d'ensembles régionaux qui vont vers l'intégration économique. Les pays arabes ont bien exprimé leur intention de mettre en place une zone de libre-échange (qu'on attend toujours) mais n'ont pas pour le moment décidé d'accroître les échanges dans cet espace alors que le risque existe que la zone de libre-échange avec l'Union européenne soit mise en place avant la leur, ce qui réduirait l'importance de la zone arabe qui pourrait amorcer le processus de solidarité et de coopération sur le plan de l'économie. Cette solidarité devait déjà avoir subi le test de sa crédibilité dans la question des restrictions d'aide économique annoncées par l'Union européenne et les Etats-Unis et ceci par deux fois. La première fois, c'était lorsque le gouvernement palestinien avait à sa tête un dirigeant du Hamas, suite aux élections législatives, puis la deuxième fois, quand Hamas prit le pouvoir de Ghaza. On a vu que l'Union européenne dans l'affaire liée aux caricatures avait averti qu'elle serait solidaire du Danemark dans le cas d'un boycott musulman de son économie.