La Bibliothèque nationale du Hamma a rendu un hommage posthume au plasticien Ali Ali Khodja à l'occasion du premier anniversaire de sa disparition, le 07 février 2010. La circonstance était offerte à son compère, Mustapha Orif patron de l'ARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) et galeriste ayant invité le défunt à exposer chez lui ainsi qu'à son rejeton Abderrahmane Khodja, qui tous deux ont eu surtout à s'exprimer sur son œuvre. Selon Orif, le travail du défunt artiste qui était " très ouvert sur la modernité ", reposait particulièrement sur la couleur". Il rappellera ses débuts plastiques ainsi que ses apprentissages dans la miniature et de l'enluminure auprès de ses oncles maternels, Omar et particulièrement Mohamed Racim, maîtres de la miniature. De son coté, Abderahmane Ali-Khodja a retracé le parcours de son père, un homme de culture "féru de musique andalouse et de musique universelle". Né en 1923 à Alger, Ali Ali-Khodja s'initia d'abord à la miniature qu'il enrichira de nouvelles gammes de couleurs et de motifs de sa création, tout en lui gardant son authenticité. Il entamera ensuite un cheminement personnel en s'appuyant sur trois dimensions qu'il appellera "le questionnement, le dépassement, la transcendance". Ayant une vision contemporaine des arts plastiques, sa peinture opéra une mue en plusieurs étapes. D'abord par l'introduction d'une source lumineuse dans la miniature avec un léger mouvement vers la perspective, puis la suppression du cadre illuminé qu'il réalisera dans un format plus grand avant de passer à la peinture figurative de chevalet. Après avoir pris comme thématiques le végétal et les sujets animaliers, il fait son entrée dans l'art semi-figuratif avant d'aboutir à l'abstraction qu'il réalise en privilégiant la couleur. "Ali Ali-Khodja dessinait en peignant. " racontait Abderahmane. "Le monde est fait d'atomes. La vie dans ma peinture, c'est cette vivacité de couleurs. Elles s'attirent et se repoussent et de ce mouvement contraire se dégage la vie", aimait à dire l'artiste disparu qui s'exprimait par la couleur. Un art transmis d'oncles à petits neveux Ali-Khodja était le doyen des artistes peintres et miniaturistes algériens. Neveu du grand miniaturiste Mohamed Racim et de Omar Racim un peu moins connu, il fut le disciple du premier. Arrière petit-fils du Dey d'Alger, Ali Ali-Khodja est issu d'une vieille famille d'origine ottomane. Il expose pour la première fois en 1946 à Alger remportant le Prix de la ville d'Alger. Il a enseigné jusqu'en 1996 à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger, où il a formé beaucoup d'artistes plasticiens. Après la mort de son père en 1927, il est recueilli par ses oncles maternels dont l'un est Mohamed Racim. De 1929 à 1937 Ali-Khodja fait ses études à l'école de Saint-Eugène puis à celle d'El-Biar. A partir de 1933 il est élève d'Omar Racim, au cours pratique de calligraphie et d'enluminure près de l'Ecole des Beaux-arts d'Alger, de Mohamed Racim et d'Andrée Du Pac à l'Ecole. Ali-Khodja participe à partir de 1962 aux premières expositions organisées à Alger après l'Indépendance, il est en 1963 membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP) et participe en 1964 à son premier salon annuel. Il crée en 1966 pour les " Ballets algériens " un ensemble de costumes qui ne seront pas réalisés. En 1969 plusieurs de ses œuvres sont exposées au 1er Festival panafricain d'Alger. En 1970 le Grand prix national de peinture lui est attribué et en 1987, la médaille du mérite national. Ali-Khodja est également membre du jury international de la première biennale des arts plastiques d'Alger en 1987 et président du jury de la deuxième biennale en 1989. "Omar Racim fait partie des gens dont on parle très peu. Son style est d'ailleurs beaucoup plus maghrébin que celui de son frère " avait souligné le peintre Ali Khodja, neveu de l'artiste. Quelques mois après son trépas survenu à Alger à l'âge de 77 ans, le palais de la culture Moufdi Zakaria sur initiative du ministère de la Culture lui avait rendu un vibrant hommage en exposant quelques une de ses œuvres. Plus tard, c'était autour du Centre culturel algérien à Paris, (CCA) de passer en revue sa riche carrière à l'occasion d'un grand rendez-vous où a été évoquée l'écrivaine et cantatrice, Taos Amrouche ; tous deux étant dans la perpétuation de deux arts différents mais qui ont profondément marqué leurs familles respectives.