La vie et l'œuvre du miniaturiste et peintre Ali-Khodja ont été évoquées lors d'une rencontre organisée dans l'après-midi d'avant-hier à la Bibliothèque nationale d'Hamma (Alger), à l'occasion de la commémoration du 1er anniversaire du décès de l'artiste. M. Mustapha Ourif, critique d'art et directeur général de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) qui avait côtoyé le plasticien a mis en exergue ses qualités artistiques, "un artiste très ouvert sur la modernité", a rappelé ce galeriste professionnel. "L'œuvre d'Ali-Khodja repose particulièrement sur la couleur", a précisé M. Ourif, avant de rappeler les débuts artistiques du plasticien et notamment son apprentissage de la miniature et de l'enluminure auprès de ses oncles maternels, Omar et particulièrement Mohamed Racim, maître de la miniature. Pour sa part, Abderrahmane Ali-Khodja, fils de l'artiste disparu, a retracé le parcours de son père, un homme de culture "féru de musique andalouse et de musique universelle". Né en 1923 à Alger, Ali-Khodja s'initia d'abord à la miniature qu'il enrichira de nouvelles gammes de couleurs et de motifs de sa création, tout en lui gardant son authenticité. Il entamera ensuite un cheminement personnel en s'appuyant sur trois dimensions qu'il appelera "le questionnement, le dépassement, la transcendance". Ayant une vision contemporaine des arts plastiques, sa peinture opéra une mue en plusieurs étapes. D'abord par l'introduction d'une source lumineuse dans la miniature avec un léger mouvement vers la perspective, puis la suppression du cadre illuminé qu'il réalisera dans un format plus grand avant de passer à la peinture figurative de chevalet. Après avoir pris comme thématiques le végétal et les sujets animaliers, il fait son entrée dans l'art semi-figuratif avant d'aboutir à l'abstraction qu'il réalise en privilégiant la couleur. "Ali-Khodja dessinait en peignant. Il s'exprimait par la couleur. Ses dernières œuvres sont des apothéoses de couleurs gaies", avait écrit, dans une note de présentation, Mustapha Bouamama, spécialiste en histoire de l'art. Un autre élément important de la recherche plastique de l'artiste est le rapport entre l'infiniment petit et l'infiniment grand : "Le monde est fait d'atomes. La vie dans ma peinture, c'est cette vivacité de couleurs. Elles s'attirent et se repoussent et de ce mouvement contraire se dégage la vie", aimait-il à dire. Ali-Khodja, qui a enseigné à l'Ecole des Beaux-Arts de 1961 à 1994, compte à son actif de nombreuses expositions dont la première remonte à 1941 et la dernière en février 2009 (au Centre culturel de la Radio Algérienne). L'artiste qui a réalisé le 1er timbre algérien (5 juillet 1963), les armoiries d'Alger ainsi que plusieurs affiches notamment celle du 1er Festival culturel panafricain d'Alger, a laissé à la postérité une œuvre d'une grande richesse.